Le cycle vicieux : les relations germano-russes
Ils sont les meilleurs amis. Ils sont les pires ennemis. Aucune relation entre deux pays n'est plus fascinante que celle de l'Allemagne et de la Russie. Et aucune relation n'est plus importante pour l'avenir du monde.
Une alliance germano-russe dominerait l’Europe et l’Asie. Ses ressources combinées pourraient défier toute puissance sur la Terre, y compris celle des États-Unis. C’est la raison pour laquelle, s’assurer qu’aucun pays ni aucune alliance ne contrôle l’ensemble de l’Europe et l’Asie occidentale a été l’objectif principal de la politique étrangère de l’Amérique depuis le siècle dernier. Aucun pays n’a réussi à régner sur ce territoire. Mais une alliance germano-russe a presque réussi. Peut-être, aucune autre relation n’a eu autant d’influence sur l’histoire européenne.
Aujourd'hui, l'Amérique se retire du monde, et l'Europe commence à devenir autonome. Par conséquent, l'avenir du monde sera de nouveau déterminé par la relation germano-russe. Ce qui rend son histoire essentielle pour tout le monde.
Cette histoire montre pourquoi une alliance russo-allemande est alarmante et plausible.
Depuis des siècles, les relations entre la Russie et l'Allemagne ont toujours été inconsistantes. Peu de nations ont eu une relation plus étroite. Maintes et maintes fois, les deux ont manigancé ensemble contre leurs voisins. La Russie, dans une de ses périodes de grandeur, a même été gouvernée par un allemand. Pourtant, à maintes reprises, l'Allemagne s'est transformée en ennemi juré de la Russie. Plus que tout autre pouvoir depuis les Mongols, l'Allemagne avait presque anéanti la Russie. Et la Russie a été l'ennemie jurée des empires européens—la force destructrice se pressant contre l'ensemble des 5471 kilomètres de sa frontière avec l'Europe, et souvent s'étendant sur elle écrasant tout sur son passage. La méchanceté de ces conflits a été épouvantable.
Les forces historiques qui ont provoqué ces tendances d'attraction et de répulsion existent encore. La Russie veut avoir accès aux experts européens. L'Allemagne veut des matières premières russes. Les deux veulent la paix avec l'autre afin d'étendre leur pouvoir et leur influence dans d'autres régions. Mais en même temps, chacun est une menace majeure pour l'autre. Il n'y a pas de barrière géographique facilement défendable entre l'Allemagne et la Russie—pas de chaînes de montagnes ni de vastes rivières. Par conséquent, une frappe rapide de l'un menace de paralyser l'autre.
Par conséquent, nous avons l'histoire de la peur aux côtés de l'amitié—une tendance qui se poursuit aujourd'hui. Notez ce modèle dans six courtes anecdotes de l'histoire:
1. L'héritage des Mongols
Peut-être le sujet le plus controversé entre la Russie et l'Allemagne est la terre qui les sépare. La compréhension de cette question nous ramène au 12ᵉ siècle. Une grande partie du destin de la Russie, y compris ses relations avec l'Allemagne, provient d'un seul homme. Temüjin Borjigin, le deuxième fils d'un chef tribal, naquit en 1162. Exilé et appauvri dans son enfance, il semblait voué à la pauvreté. Au lieu de cela, il devint un chef politique et militaire fort, unifia les tribus mongoles, et prit le nom de Genghis Khan. Puis il poursuivit vers l'extérieur.
Les Mongols écrasèrent les empires à partir de la Chine jusqu’à l'Europe de l'Est. L'Empire des Rus, centré autour de Kiev, tomba. Pendant des siècles, les Mongols dominèrent la Russie. Les Russes reprochaient aux Mongols de les avoir coupés de l'Europe, les laissant isolés et scientifiquement moins développés.
Mais les Mongols—et d'autres comme eux—ont également laissé leur marque sur l'Allemagne. Les tribus nomades qui déferlaient dans la vaste steppe vide de l'Eurasie avaient été une menace pour l'Europe bien avant les Mongols. Les massacres dépeuplèrent les terres à l'est de l'Allemagne. Les dirigeants locaux étaient désireux d'attirer des sujets industrieux et courageux.
Bataille entre les Géorgiens et les tribus des montagnes, 1826 (Heritage Images/Getty Images)
Les Allemands comblèrent ce besoin. En plein essor dans leur patrie, des milliers d'Allemands poussèrent vers l'Est. Connu sous le nom Ostsiedlung (« expansion de l'Est »), le mouvement a établi des grandes communautés allemandes vers l'Est dans ce qui sont maintenant les États baltes, la Pologne, la Roumanie et la Bulgarie.
L'Ostsiedlung a nourri une obsession pour l'Est et pour le destin de l'Allemagne dans cette région. Cette obsession a continué à l'époque d'Adolf Hitler et de Mein Kampf.
La relation germano-russe est née dans ces braises mourantes de l'Empire mongol. Mais les Allemands ne sont pas les seuls à s'étendre dans le vide. Avec la puissance russe brisée, le royaume de la Pologne et plus tard le Commonwealth polono-lituanien avec la Suède, poussaient vers l'Est. Ces empires séparaient géographiquement l'Allemagne et la Russie.
En 1480, le duché de Moscou se débarrassa complètement de la suprématie des Mongols. Il passa de nombreuses années à consolider et reconstruire. À l'époque de Pierre le Grand, en 1672, les Russes redevinrent une fois de plus une puissance majeure, et leurs relations avec l'Allemagne devinrent importantes.
2. Pierre le Grand
Pierre le Grand
(Sergio Anelli/Electa/Mondadori Portfolio/Getty Images)
Pierre rapprocha littéralement la Russie de l'Europe. Il repoussa l'Empire suédois et vainquit le Commonwealth polono-lituanien. Puis il déplaça la capitale russe dans ce territoire nouvellement conquis, établissant Saint-Pétersbourg sur la côte Baltique.
Pierre, déguisé, parcourut l'Europe en 1697 et 1698. Il voulait être témoin de la société occidentale et recruter personnellement des experts pour aider à moderniser la Russie. Grâce à l'Ostsiedlung, la population de Moscou était constituée d'environ 10% d'allemands en ce temps-là. Ainsi, l'endroit évident pour recruter des ouvriers qualifiés était les États germaniques du Saint Empire romain. Pierre avait rassemblé des experts de toute l'Europe et d'Allemagne. Il établissait des alliances avec les principautés allemandes. Ses enfants étaient tous mariés dans des familles princières allemandes.
L'expertise allemande aida à faire le tsar « Pierre le Grand ». Et, comme ce serait le cas dans l'avenir, l'alliance russo-allemande prit la forme d'un pacte militaire secret. En 1732, sept ans après la mort de Pierre, l'Autriche, la Prusse et la Russie formèrent l'Alliance des Trois Aigles noirs, se référant aux symboles nationaux des nations impliquées. Toutes trois convinrent de s'immiscer dans la politique polonaise et d'empêcher la Pologne de se renforcer. Cependant, le traité devint rapidement sans objet car la guerre civile éclata en Pologne et les puissances européennes prirent parti.
Mais peu de temps après, l'instabilité dans les relations de la Russie avec l'Allemagne avait également émergé. Beaucoup en Russie craignaient l'Allemagne—en particulier l'État allemand de Prusse, une puissance montante majeure. Les conseillers allemands avaient eu une influence énorme dans le gouvernement russe. De nombreux Russes eurent du ressentiment. Ainsi, en 1741, la faction anti-allemande lança un coup d'État contre le petit-fils de Pierre âgé d'un an, qui était alors sur le trône. Ils le remplacèrent par Elizabeth, une des filles de Pierre.
Les relations avec l'Allemagne changèrent du jour au lendemain. Les conseillers allemands furent expulsés. Alors que la guerre approchait en Europe, Elizabeth allia la Russie avec l'Autriche et la France—contre la Prusse.
Une guerre de sept ans éclata en 1756. Winston Churchill qualifia plus tard cette guerre de véritable première guerre mondiale, opposant la Grande-Bretagne et la Prusse contre la France, l'Autriche et la Russie. La Grande-Bretagne s'en sortit bien, mais en Europe, la Prusse fut malmenée. En 1762, le roi de Prusse était prêt à abandonner. Il écrivait : « Nous devrions maintenant penser à préserver pour mon neveu, par voie de négociation, quelque soient les fragments de mon territoire que nous pouvons sauver de l'avidité de mes ennemis. »
3. Le coup de fouet de Catherine
Catherine la Grande (Universal Images Group/Getty Images)
Puis arriva ce que les Prussiens appelaient un « miracle » : En 1762, l'impératrice Elizabeth mourut. Elle n'avait pas d'enfants, et donc son neveu était son héritier.
Pierre III était le fils de la sœur d'Elizabeth. Elle avait déménagé en Allemagne et avait épousé un prince allemand. En conséquence, Pierre était né en Allemagne et il parlait l’allemand mieux que le russe.
Soudainement, la Russie changea de camp de nouveau. Les soldats russes arrêtèrent d'envahir la Prusse et commencèrent à l'aider. La Prusse reprit le territoire perdu. L'Autriche fut forcée de faire la paix.
Six mois plus tard, l'Allemagne gagna encore plus d'influence en Russie. Pierre III n'était pas un souverain populaire. Sa femme, Catherine, aida à organiser un coup d'État contre lui. Pierre fut arrêté et tué plus tard, et Catherine devint l'impératrice.
À présent, la dirigeante de la Russie n'était pas une descendante de sang de la famille régnante de Russie. Elle n'était pas non plus une russe ethnique. Elle était allemande.
En quelques mois, la Russie et la Prusse se transformèrent d'ennemis mortels en alliés les plus proches.
La Russie avait encore besoin de travailleurs qualifiés. Alors Catherine invita les européens à vivre en Russie, tout en préservant leur culture. Ces migrants seraient à l'abri de la conscription et exempts de nombreuses taxes. On leur accordait même une liberté religieuse relative. L'offre était destinée à l'Allemagne, et les allemands répondirent en masse. Au moment où la Russie fit son premier recensement à la fin du 19ᵉ siècle, environ 2 millions de personnes vivant en Russie indiquaient que leur première langue était l'allemand.
La Russie et la Prusse coopérèrent également d'une manière qui semble familière aux lecteurs d'aujourd'hui : Ils divisèrent la Pologne. La Russie, l'Autriche et la Prusse divisèrent la Pologne en trois, dans une série de partitions, jusqu'à ce que la Pologne soit retirée de la carte.
Ce n'était pas juste que Catherine soit gentille avec la Prusse parce qu'elle était allemande. Elle aussi devint connue sous le nom de « la Grande ». Avec un traité sûr avec l'Allemagne, la Russie s'est étendue ailleurs. Catherine repoussa les Turcs ottomans. Elle conquit du territoire dans le Caucase. À la fin de son règne en 1796, la Russie s'était élargie de plus de 320,000 kilomètres carrés.
4. Le pacte de Napoléon
Mais l'Allemagne n'était pas la seule puissance européenne avec laquelle la Russie travaillait. Avant la mort de Catherine, un tremblement de terre politique commença à ébranler les fondements de l'Europe. Depuis 1789, la révolution ébranlait la France. Puis, avec un nouveau zèle, ses armées poussèrent vers l'extérieur. Une fois que Napoléon Bonaparte prit le contrôle en 1799, elles semblaient imbattables. En 1807, Napoléon était le maître de l'Europe et de la majeure partie de l'Allemagne. Si la Russie voulait traiter avec l'Europe, Napoléon était le partenaire évident.
En 1807, le tsar Alexandre I et Napoléon signèrent le traité de Tilsit. Il contenait une clause secrète qui divisait l'Europe entre la Russie et la France. La Russie acceptait secrètement d'aider la France contre la Grande-Bretagne en Occident, tandis que la France acceptait secrètement d'aider la Russie contre les Ottomans en Orient. Napoléon et Alexandre discutaient même d'une attaque conjointe contre la Grande-Bretagne en Inde. Mais l'Alliance s'est effondrée en 1812, quand Napoléon décida que les Russes n'en faisaient pas assez contre la Grande-Bretagne, et il les attaqua. Une fois de plus, l'Europe et la Russie virent leurs amis en ennemis.
Napoléon à Tilsit
(Hulton Archive/Getty Images)
Dans le même temps, la Russie entretenait toujours des relations étroites avec les Allemands. De nombreux grands généraux russes étaient allemands. Lorsque la Prusse fit la paix avec la France, plusieurs officiers prussiens se rendirent en Russie—dont le fameux Karl von Clausewitz—afin de pouvoir continuer à se battre.
La campagne 1812 de Napoléon contre la Russie échoua de façon lamentable. Lui et ses alliés perdirent des centaines de milliers d'hommes. En réponse, d'énormes armées russes marchèrent jusqu'à Paris. Leur mémoire a intimidé l'Europe pour les années à venir.
5. « Le secret de la politique »
Les conséquences des guerres napoléoniennes secouèrent l'Europe pendant des décennies. La Grande-Bretagne devint la plus grande puissance du monde, contribuant à une période de paix relative qui dura jusqu'à la seconde moitié du 19ᵉ siècle. En Allemagne, Otto von Bismarck, en tant que ministre président de la Prusse en 1862, permit au modèle habituel des relations entre l'Allemagne et la Russie de recommencer à se développer. Bismarck a fameusement dit : « Le secret de la politique ? Établir un bon traité avec la Russie. »
À cette fin, l'Allemagne, l'Autriche et la Russie formèrent la Ligue des trois empereurs en 1873. L'Autriche quitta plus tard l'Alliance, de sorte qu'en 1887, la Russie et l'Allemagne signèrent le Traité de réassurance. Dans ce traité secret, chaque nation s'engageait de rester neutre si l'autre s'impliquait dans une guerre avec une autre grande puissance (à quelques exceptions près). L'Allemagne donna également à la Russie la main libre pour se développer autour de la mer Noire. Avec sa sécurité à l'Est, la nation allemande nouvellement unifiée, dirigée par la Prusse, pouvait s'établir et devenir la puissance dominante en Europe.
Mais en 1890, Bismarck fut forcé de quitter ses fonctions par le nouveau Kaiser, Guillaume II, qui renversa rapidement la politique à l’égard de la Russie. Il craignait la Russie et enviait son contrôle sur l'Europe de l'Est. En 1914, l'Allemagne attaqua la Russie.
Inspiré par l'héritage de l'Ostsiedlung, le gouvernement allemand voulait se forger un empire colonial en Europe centrale et orientale. Le Kaiser et son chef d'état-major, Helmuth von Molkte, envisageaient une guerre raciale que Molkte qualifiait de « lutte entre Teutons et Slaves ». Ceci permettrait à l'Allemagne de prendre sa position « naturelle » en tant que chef des Slaves en Europe de l'Est. Cela a presque fonctionné.
En 1917, l'Allemagne obtenait tout ce qu'elle voulait. Le 8 mars, la Révolution de « février » à Saint-Pétersbourg renversa la dynastie des Romanov en Russie. Et l'Allemagne a senti une opportunité.
6. « Le bacille de la typhoïde »
Le général allemand Erich Ludendorff adressa une invitation au révolutionnaire communiste Vladimir Lénine, qui vivait alors en Suisse. L'Allemagne garantirait à Lénine un passage en toute sécurité à travers l'Allemagne et l'aiderait à atteindre la Russie.
Les Allemands utilisèrent Lénine « comme un bacille de la typhoïde », disait plus tard Winston Churchill. Le nouveau gouvernement russe poursuivait la guerre contre l'Allemagne, et les Allemands espéraient que Lénine pourrait déstabiliser le gouvernement russe.
Cela fonctionna au-delà de leurs rêves les plus fous. Lénine arriva au début d'avril 1917. Le 6 novembre, il lance la Révolution « d'octobre ». Les communistes s'emparent du pouvoir. Lénine signa rapidement un traité de paix qui donna aux Allemands presque tout ce qu'ils voulaient.
L'Allemagne continua à soutenir Lénine, en l'aidant à rester au pouvoir. Comme le déclara le ministre allemand des Affaires étrangères, Paul von Hintze, en juillet 1918, « Les bolcheviks sont la meilleure arme pour maintenir la Russie dans un état de chaos, permettant ainsi à l'Allemagne d'arracher autant de provinces de l'ancien Empire russe qu'elle le souhaite... »
Ainsi commença une relation qui se poursuivrait pendant des décennies.
Après la Première Guerre mondiale, l'Allemagne et la Russie étaient officiellement en mauvais termes. De nombreux communistes russes voulaient apporter la révolution en Allemagne. Après une tentative en novembre 1918, l'Allemagne expulsa le personnel de l'ambassade soviétique.
Officieusement, le contact se poursuivait. « Les liens d'intérêt personnel établis entre Lénine et l'armée allemande en novembre 1917 semblent avoir été maintenus, quoique parfois sous une forme ténue, même après l'Armistice », écrit l'historien Paul Johnson dans Modern Times. Leur relation a suivi le même modèle qu'elle a eu pendant des siècles. L'Allemagne aida la faction bolchevique de Lénine, en leur envoyant des conseillers militaires, des armes et, « en temps opportun, des experts industriels dans la construction de nouvelles usines de guerre » (ibid.).
Lénine, Trotski et d’autres dirigeants russes se réunissent pour le 3e anniversaire de la révolution d’octobre 1917, le 7 novembre 1920.
(Roger Viollet/Getty Images)
Le 16 avril 1922, l'Allemagne et la Russie signèrent le traité de Rapallo. À première vue, il s'agissait d'un rapprochement diplomatique standard entre deux anciens ennemis. Mais il ouvrit la porte à une coopération beaucoup plus étroite entre l'Allemagne et la Russie—une coopération qui ne fut dévoilée que beaucoup plus tard. L'Allemagne mènerait de la recherche, du développement et de la formation militaires en Russie—ce qui avait été interdit par le traité de Versailles à la fin de la Première Guerre mondiale. En échange, la Russie s'entraînerait avec l'armée allemande et partagerait les progrès militaires. L'Allemagne mit en place des bases secrètes, des usines et des aérodromes.
C'était 20 ans avant que l'Allemagne combatte les États-Unis. Adolf Hitler âgé de 33 ans, n'avait même pas commencé à prendre le pourvoir. Pourtant, la Russie et l'Allemagne conspiraient déjà contre l'Occident. Cette alliance secrète fut l'une des principales raisons pour lesquelles l'Allemagne a pu exploser en puissance une fois que Hitler est devenu chancelier en 1933.
Lorsque les ministres allemands et soviétiques se sont rencontrés le 23 août 1939, pour diviser l'Europe de l'Est entre eux, ce n'était guère le début d'une nouvelle relation. « Pendant deux décennies, ce flot d'échanges pervers était resté clandestin », écrit Johnson. « Maintenant, il avait enfin émergé en surface. »
Connu sous le nom de pacte Molotov-Ribbentrop, ou pacte Hitler-Staline, l'accord fut annoncé comme un « pacte de non-agression ». C'était l'opposé ; il définissait les parties de l'Europe de l'Est que la Russie pourrait agresser avec l'approbation allemande, et vice versa. C'était exactement la façon avec laquelle, Frédérick et Catherine, et Napoléon et Alexandre, s'étaient divisé l'Europe précédemment.
Il ouvrit également la voie à un soutien communiste mondial pour l'Allemagne nazie. Staline envoya en Allemagne 1 million de tonnes de céréales, 900,000 tonnes de pétrole, de minerai de fer et d'autres minéraux—ce qui permettait à la grande richesse naturelle de la Russie d'alimenter la machine de guerre allemande.
Mais encore une fois, l'Alliance changea soudainement. Le 22 juin 1941, Hitler lança l'opération Barbarossa : Il envahit la Russie. Staline avait reçu au moins 80 avertissements que Hitler était sur le coup de le poignarder dans le dos, mais il n'y croyait pas. Quand l'attaque arriva, il semble que Staline ait eu une sorte de dépression mentale. Alors que les forces allemandes se précipitaient contre eux, une unité russe appelait son poste de commandement pour signaler qu'elle était attaquée par l'armée allemande et pour demander des instructions. La réponse : « Vous devez être fou. »
Un modèle actuel
Voir les événements actuels à la lumière de cette histoire éclaire leur signification. Le même modèle se développe une fois de plus : Une expertise allemande échangée contre des matières premières de la Russie et une sorte d'accord pour ne pas s'opposer l'un l'autre.
La Russie a déjà un gazoduc sous-marin pour le gaz naturel qui mène à l'Allemagne ; maintenant elle est en train d'en construire un autre.
Le gazoduc est la quintessence de l'ancienne relation germano-russe. La Russie utilise son gaz comme une arme. La Russie a, à maintes reprises, coupé le gaz à l'Ukraine pour forcer des concessions politiques. Cependant, il s'agit d'une arme émoussée. Si la Russie coupait le gaz à l'Ukraine, cela signifiait également couper le gaz à tous les autres pays qui reçoivent du gaz russe via l'Ukraine. Cela provoque de nombreuses nations au-delà de l'Ukraine et fait perdre beaucoup d'argent à la Russie.
Le nouveau gazoduc transforme l'alimentation en gaz, en une arme plus précise. La Russie peut couper n'importe quel pays de l'Europe de l'Est qu'elle souhaite, tout en approvisionnant les autres pays via l'Allemagne. L'Allemagne aide la Russie à prendre le pouvoir en Europe de l'Est. Pour cette raison, les hommes d'État en Pologne et en Europe de l'Est ont décidé d'appeler ce gazoduc Nord Stream 2, le gazoduc « Molotov-Ribbentrop 2 ».
Posant des tuyaux – Le gazoduc Nord Stream 2 est posé sous la mer Baltique.
(AleXei Druzhinin/Tass/Getty Images)
En échange, l'Allemagne obtient du gaz bon marché et un effet de levier tacite sur les pays qui vont maintenant obtenir leur gaz de l'Allemagne. Le coût du transport du nouveau gazoduc est estimé à 40% moins cher que celui des gazoducs terrestres précédents.
L'Allemagne en bénéficie avant même que le nouveau gazoduc soit achevé. « Les liens étroits entre Berlin et Moscou portent-ils leurs fruits ? » demandait Bloomberg en avril. « Les données du Service fédéral des douanes de la Russie montrent que cela pourrait être le cas, après que l'Allemagne a payé moins cher pour le gaz naturel provenant du plus grand exportateur du monde que la plupart des autres acheteurs » (25 avril). Il notait que si le taux de l'Allemagne avait augmenté au même rythme que les prix du gaz en Italie et en France, elle aurait dépensé $1 milliard de dollars de plus en gaz l'année dernière.
L'essor économique de l'Allemagne est de nouveau alimenté par des ressources russes peu coûteuses.
L'affaire a été orchestrée par l'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder, qui a quitté les fonctions de chancelier et a trouvé directement un travail chez Gazprom, le géant de l'énergie contrôlé par le gouvernement russe. Son objectif était de diriger le projet Nord Stream 2. Il est actuellement président de Rosneft, la plus grande société pétrolière de la Russie—et héritier d'une longue tradition de dirigeants allemands ayant fait une carrière en Russie.
Les ressources pétrolières et gazières classique de la Russie sont en train de s'épuiser. Donc, pour que son approvisionnement en gaz soit autant que possible aussi efficace qu'une arme, la Russie a besoin de l'expertise occidentale. L'Allemagne, avec d'autres pays européens, la fournit.
Des entreprises telles que l'allemande Wintershall et la française Total ont été initialement impliquées dans des forages en mer Arctique. Mais les sanctions américaines les ont chassées. Ces sanctions ont privé la Russie d'une certaine expertise occidentale et ont ralenti le forage pétrolier dans l'Arctique et dans d'autres régions difficiles d'accès, mais d'autres contacts se poursuivent. BP détient toujours une participation de 20 pour cent dans Rosneft. En Italie, le partenariat ENI S.P.A. avec Rosneft s'est également poursuivi. Et avec la disparition de certains géants, les petites entreprises comblent l'écart. L'entreprise allemande FMC technologies et l’entreprise française Linde soutiennent le projet de gaz naturel liquéfié russe dans la péninsule de Yamal. Shell a entamé des pourparlers pour s'y impliquer en septembre. Le projet Yamal est relativement petit, mais il fournira aux entreprises russes une expérience inestimable en matière d'extraction de combustibles fossiles dans des endroits difficiles d'accès.
Poutine embrasse Shröder.
(Sean Gallup/Getty Images)
En dehors du pétrole et du gaz, la technologie allemande est toujours essentielle.
Quatre-vingt pour cent des centrales russes utilisent des turbines de pointe fabriquées par Siemens. La société allemande a joué un rôle déterminant dans la modernisation des infrastructures de transport de la Russie. Et ce n'est pas sa seule connexion. BNE IntelliNews, un site axé sur l'actualité des entreprises dans les marchés émergents, a écrit : « De toute les entreprises étrangère travaillant en Russie, Siemens a probablement l'une des meilleures et des plus proches relations au Kremlin. Cette relation a été négociée par Gerhard Schröder, ancien chancelier allemand et ami du président [russe] Vladimir Poutine, qui assistait personnellement aux réunions entre le PDG de Siemens et Poutine lorsqu’ils discutaient des affaires » (17 avril).
Maintes et maintes fois, Schröder a pris l'initiative de tisser des liens entre l'Allemagne et la Russie.
C'était le sujet du rédacteur en chef de la Trompette dans l'article de couverture du numéro de septembre. « Nous devons surveiller attentivement ce qui se passe en ce moment entre l'Allemagne et la Russie », a-t-il écrit. L'histoire entre ces deux nations confirme cet avertissement.
M. Flurry a souligné le rôle que Schröder a joué dans l'orchestration de cette alliance énergétique avec la Russie, qui mine fondamentalement l'OTAN. « Le fait que [Poutine et Schröder] travaillent si étroitement ensemble indique clairement qu'ils sont d'accord sur un plan visant à détruire l’otan », écrivait-il.
« L'Allemagne est bien au dessus de toute autre nation d'Europe, et elle intimide nombre de ces nations et peuples », il écrit. « Pour l'Allemagne, avec toute sa puissance, nouer ce type de relation avec la Russie est profondément troublant ! ... Vous devez surveiller de près l'évolution de cette situation. »
Un avertissement pour aujourd'hui
En 2008, M. Flurry demandait : « Saviez-vous que l'Allemagne et la Russie ont probablement déjà traité de leurs différends les plus urgents ? ... Je crois que les dirigeants allemands ont peut-être déjà accepté un accord avec la Russie, un pacte moderne entre Hitler et Staline, où l'Allemagne et la Russie se divisent les pays et les actifs entre eux. Cet accord permettrait à chacun de se tourner vers d'autres objectifs. Un tel accord, qui aurait pu avoir été conclu entre l'Allemagne et la Russie est un précurseur de la guerre ! (Trumpet, novembre-décembre 2008).
L'Allemagne regardait ailleurs tandis que la Russie envahissait la Géorgie et l'Ukraine. Les traités secrets et les accords pour diviser les pays peuvent sembler étranges dans l'Amérique actuelle. Mais l'histoire montre qu'ils sont une particularité régulière des relations russo-allemandes. Un autre accord secret serait simplement un retour à la norme.
Leur histoire donne des raisons puissantes de regarder la relation entre ces deux nations. Mais la Bible nous donne aussi des avertissements. Jérémie 1 se réfère à la future superpuissance européenne dirigée par l'Allemagne comme une chaudière bouillante (versets 13-15).
« Sous la surface, cette nation est pleine d'insatisfaction frémissante à propos de l'ordre mondial actuel », écrit M. Flurry. « Les Allemands sont en colère contre les États-Unis, et surtout furieux contre le président Trump. L'ambition impérialiste qui a incité l'Allemagne à déclencher les deux guerres mondiales est bien vivante. C'est ‘bouillonnant’ » ! (ibid.).
La prophétie avertit qu'une Europe menée par l'Allemagne est sur le point de déborder, répandant sa puissance à travers le monde. Elle avertit également d'un « Prince de Rosh », ou la Russie (Ézéchiel 38:1-2), dont l'agression aura également lieu dans le monde entier.
Nos brochures contiennent une explication détaillée de ces prophéties—et bien d'autres—qui donne un aperçu de ce qui s'en vient. Mais avec la montée en force de ces deux puissances, et leur opposition aux États-Unis, nous prévoyons depuis longtemps que les mêmes tendances habituelles de l'histoire émergeront à nouveau.
Les Allemands et les Russes signent des accords secrets qui restent clandestins pendant des décennies. Les observateurs modernes aiment à penser que tout le monde veut la paix et que toutes les nations veulent juste s'entendre. L'histoire révèle le contraire. Les nations veulent le pouvoir, et elles conspireront et partiront en guerre pour l'obtenir.
En mai 1962, la Pure Vérité—qui précédait la Trompette et était dirigée par le rédacteur en chef Herbert W. Armstrong—écrivait : « Une fois qu'une Europe sous domination allemande sera pleinement établie, l'Allemagne sera prête à négocier avec la Russie—et derrière le dos des alliés occidentaux si nécessaire. »
L'histoire donne des avertissements inquiétants sur les résultats de ces négociations. La relation germano-russe a été au cœur des conflits les plus destructeurs de l'histoire de l'homme.
La Bible donne le même avertissement, mais elle contient aussi un espoir merveilleux. M. Flurry concluait son article : « Les hommes vont continuer dans leurs tentatives futiles de forger la paix. Ils devront souffrir jusqu'à ce que Jésus-Christ revienne. ... Mais son retour est lié à cette puissance montante allemande et à cette puissance montante russe. Il dit qu'Il reviendra avant que la guerre ne mette fin à toute vie humaine ! (Matthieu 24 : 22). Les puissances militaires croissantes en Russie et en Europe sont une partie importante de ce qui rendra le retour du Christ nécessaire.
« Dieu veut que nous Lui répondions. Il dit qu'Il nous aidera de quelque manière dont nous avons besoin si nous Lui obéissons. ‘Pourquoi mourriez-vous, maison d'Israël’ ? », demande Dieu dans Ézéchiel 18 : 31. Il ne veut pas que l'un d'entre nous souffre ! Il est désireux de nous épargner de la violence cataclysmique à venir et de nous bénir.
« Nous devons comprendre ces prophéties bibliques. Elles préparent le chemin pour la Seconde venue de Jésus-Christ sur cette Terre. Cela veut dire que toutes les mauvaises nouvelles sont sur le point de se terminer. Il va apporter la paix, la joie et le bonheur à ce monde pour toujours. » ▪