Francesco Hayez
Un combat désespéré pour la sécurité
C’est l’un des chapitres les plus cauchemardesques de la ville sainte : son siège par l’armée romaine, en 70 av. J.-C. Avant de démolir la ville et de détruire le temple, les forces romaines ont asphyxié les habitants juifs pendant plusieurs mois, en créant une grande famine et une souffrance ineffable.
Outre la terreur d’une brèche imminente dans leur défense par des forces romaines à l’extérieur, les Juifs faisaient également face aux bandits issus de leurs propres rangs maraudant dans la ville. Il n’y avait pas d’endroit « de la ville sans cadavres, pas d’endroit qui ne soit entièrement couvert des cadavres de ceux qui avaient été tués par la famine ou la rébellion ; partout les cadavres de ceux qui avaient péri par la sédition ou par cette famine », explique Flavius Josèphe, historien et témoin oculaire du premier siècle. « Ainsi, le dernier espoir, qui confortait les tyrans, et cette bande de voleurs qui étaient avec eux, c’était les grottes et les cavernes souterraines… » (La guerre des Juifs). Josèphe écrit que les Juifs espéraient se cacher dans ces cavernes jusqu’à ce que les Romains s’en aillent.
Une découverte archéologique, l’été passé, a porté à cette histoire violente un émouvant soulagement. Les archéologues ont découvert ce qu’ils croient être un des refuges souterrains vers lesquels ces Juifs assiégés se sont tournés en dernier recours.
La découverte est venue au jour quand les ouvriers dans l’équipe de fouilles, sur l’Ophel, dirigées par Eilat Mazar ont commencé à explorer une caverne au-dessous du secteur B de l’aire des fouilles.
Trois puits verticaux reliaient la caverne à la structure de la période du premier temple, directement au dessus d’elle. Avec l’épaisse couche de plâtre sur les murs de la caverne, ces puits indiquaient que la caverne avait été utilisée comme citerne, à cette période-là.
Alors que les fouilles de la caverne se poursuivaient, l’équipe a découvert de solides murs. Cela montrait qu’« il y avait un certain type d’occupation ou, tout au moins, de construction » à l’intérieur de la caverne après son utilisation en tant que citerne, selon le superviseur du secteur B, Brent Nagtegaal.
Ces murs étaient reliés à un autre élément intéressant de la caverne : un système de tunnels burinés sur un côté. Le retrait des saletés et des débris de roche a révélé une série de passages verticaux et horizontaux. Toutes les poteries retrouvées dans les débris appartenaient à la même période que les murs à l’intérieur de la caverne : la période de Hérode — celle qui a fini avec le siège de 70 ap. J.-C.
Les tunnels avaient beaucoup de signes d’occupation humaine : prises et points d’appui dans les puits verticaux ; recoins pour lampes à huile avec des traces de charbon de bois sur le soubassement au-dessus d’eux. Quelques tunnels étaient incomplets : Ils ne menaient nulle part, comme si le travail avait été brusquement interrompu.
« C’est probablement l’endroit où les Romains sont passés », a spéculé B. Nagtegaal, « ou l’endroit où les Juifs ont compris qu’ils ne pourraient pas creuser davantage. Ils n’avaient plus de temps — ils devaient se cacher. »
Le récit de Josèphe finit de manière sinistre : à propos de l’espoir des Juifs pensant qu’ils pourraient se cacher et s’évader plus tard, il dit : « Ce n’était qu’un rêve ; car il leur était impossible de se cacher de Dieu ou des Romains ».
Les fouilles à l’intérieur de la caverne ne sont pas encore achevées. Les archéologues espèrent comprendre son histoire plus complètement lors de la prochaine saison de fouilles. ▪