David charge Salomon de construire le temple [Gravure sur bois, 1886]
Un aperçu de l’Israël du 10e siècle avant l’ère commune
Dans les pages qui suivent, il vous sera présenté un examen assez minutieux d’un large éventail de preuves scientifiques et historiques associées à David, Salomon et au royaume d’Israël du 10 e siècle avant l’ère commune. Ces preuves, qui sont autant de pièces d’un plus grand puzzle, se présentent sous la forme de plusieurs sites archéologiques, de murs monumentaux, de portes et de structures, d’inscriptions, de fragments de poterie, de textiles, de métaux et de denrées alimentaires, entre autres.
Tandis que nous examinons ces éléments individuels et que nous faisons les liens entre eux, nous avons besoin d’une représentation de ce que nous sommes en train de créer. Comme nous l’avons déjà mentionné, notre « image sur la boîte » est fournie par le texte biblique, et par trois livres en particulier : Samuel, Rois et Chroniques. Compilés entre le neuvième et le cinquième siècle avant l’ère commune à partir d’écrits antérieurs des prophètes Samuel, Nathan et Gad, ces livres donnent une description détaillée de la monarchie unifiée.
Ils révèlent les noms de tous les personnages principaux et de nombreux personnages secondaires ; leurs relations mutuelles ; la durée des règnes de Saül, David et Salomon ; la nature de l’économie d’Israël (par exemple, l’origine de son or et de son argent) ; l’identité des voisins d’Israël et nombre de leurs interactions, escarmouches et guerres ; les frontières territoriales d’Israël, nombre des principales régions et villes ; et même des projets spécifiques, tels que la construction de villes, de murailles et d’édifices. Ils donnent un aperçu détaillé de la culture et de la société israélites, de leur régime alimentaire, du style et de la couleur de leurs vêtements, de leurs mariages et leur vie de famille.
Il est extraordinaire de constater à quel point le texte historique contient de nombreux détails—et une bonne partie d’entre eux, comme nous le verrons, est confirmée, directement et indirectement, par les données archéologiques.
Des juges au roi Saül
À bien des égards, l’origine de l’Israël du 10e siècle avant l’ère commune se trouve dans la période des juges. C’était une période sombre, dangereuse et en grande partie sans espoir pour Israël. « En ce temps-là, il n’y avait point de roi en Israël. Chacun faisait ce qui lui semblait bon » (Juges 21 : 25).
En l’absence d’un monarque ou de toute autre forme de gouvernement centralisé en dehors du tabernacle, la nation était constituée d’un ensemble de tribus relativement indépendantes. La vulnérabilité d’Israël était aggravée par le fait que la plupart des tribus ne s’entendaient pas particulièrement bien. La période des juges a duré environ 300 à 350 ans (du début du 14e siècle au milieu du 11e siècle avant l’ère commune). C’était une période d’oppression et de conflits. Les ennemis étaient les Philistins, les Cananéens, les Sidoniens, les Héviens, les Araméens, les Moabites, les Madianites et les Ammonites.
La situation s’est légèrement améliorée au milieu du 11e siècle, lorsque Dieu a exaucé le souhait du peuple et a chargé le prophète Samuel d’oindre un roi. Saül—un Benjamite grand, musclé et séduisant—semblait apte à ce rôle.
Saül a gouverné à partir de Guibea, dans le territoire tribal de Benjamin. Le début de son règne a été prometteur. Il a mené une armée israélite unie pour vaincre le siège ammonite de Jabès en Galaad (1 Samuel 11) et avait été initialement victorieux contre les Philistins. Mais ce roi têtu et auto-suffisant n’a pas tardé à faire un faux-pas. Au fil du temps, il est devenu de plus en plus désobéissant et indifférent aux avertissements du prophète Samuel (1 Samuel 13 : 13-14). Les Philistins, situés dans la plaine côtière qui longe la mer Méditerranée, représentaient la plus grande menace pour Israël et le plus grand stress pour Saül.
Le sort du roi Saül a été définitivement scellé lors d’une bataille contre les Amalécites, au cours de laquelle il a rejeté de manière flagrante les instructions du prophète Samuel. « Samuel lui dit : L’Éternel déchire aujourd’hui de dessus toi la royauté d’Israël, et il la donne à un autre, qui est meilleur que toi » (1 Samuel 15 : 28). Samuel a pris ses distances avec Saül et a pleuré la descente du roi dans la folie.
David entre en scène
Dans 1 Samuel 16, Dieu a ordonné au prophète de se rendre à la ferme d’Isaï, un Bethléhémite du pays de Juda, où il devait oindre le prochain roi d’Israël. Samuel a passé en revue les impressionnants fils d’Isaï, mais Dieu l’a informé que le futur roi d’Israël se trouvait dans les champs, en train de garder les moutons de son père. Le jeune homme, qui n’avait probablement que 12 ou 13 ans, a été convoqué. Entouré de sa famille ébahie, qui avait oublié de l’inviter à cette occasion spéciale, le rougeâtre David a été oint comme le prochain roi d’Israël.
David est retourné ensuite aux brebis de son père. Nous ne savons pas pour combien de temps. Il a ensuite été invité à Guibea, où Saül était déprimé et avait besoin d’un musicien pour apaiser son esprit troublé. Un serviteur a proposé David : « Voici, j’ai vu un fils d’Isaï, Bethléhémite, qui sait jouer ; c’est aussi un homme fort et vaillant, un guerrier, parlant bien et d’une belle figure, et l’Éternel est avec lui » (verset 18). David a commencé à passer plus de temps à la cour du roi.
Lorsque les Philistins, poursuivant leur expansion vers l’Est, ont pénétré dans la région montagneuse de Juda, ils ont été accueillis dans la vallée des térébinthes par le roi Saül et son armée. Pendant 40 jours, les armées s’affrontaient du regard au travers la vallée. La peur d’Israël était aggravée par la présence de Goliath, un géant philistin qui narguait le lâche Saül et son armée.
Pendant ce face-à-face, Isaï a envoyé son plus jeune fils au front. Lorsque David est arrivé et a été informé de la situation par ses frères, il est devenu furieux. « Qui est donc ce Philistin, cet incirconcis, pour insulter l’armée du Dieu vivant ? » (1 Samuel 17 : 26). Le roi Saül a accédé à la demande de l’adolescent de défier Goliath. David a saisi sa fronde et a couru vers le géant. Goliath était en train de fulminer lorsqu’il a senti un coup sur son front et un liquide chaud couler le long de son visage. Tout est devenu noir et il s’est écroulé au sol. Sa vie venait de s’achever par la main d’un garçon. Les Philistins ont paniqué et sont enfuis.
La victoire de David sur Goliath l’a propulsé au rang de célébrité nationale. Il a été invité dans le cercle intime du roi Saül. « Ce même jour Saül retint David, et ne le laissa pas retourner dans la maison de son père » (1 Samuel 18 : 2). Mais le succès de David dans la vallée des térébinthes a marqué le début d’une nouvelle phase d’épreuves. Dans tout Israël, les gens louaient et adoraient David plus que le roi. « Saül a frappé ses mille », chantaient femmes et enfants, « et David ses dix mille » (verset 7). Le roi Saül est devenu jaloux : David devait mourir.
N’ayant pas le choix, David s’est enfui. David et son entourage de plus en plus nombreux ont fini par être des fugitifs en fuite du roi d’Israël, de plus en plus psychotique, pendant plus d’une décennie. Pendant cette période difficile, le jeune homme a trouvé du réconfort et de la force en écrivant des psaumes. David et ses hommes ont parcouru les montagnes et les déserts de Juda, dormant dans des grottes, mendiant leur subsistance et participant à des batailles occasionnelles. David jetait toujours un coup d’œil par-dessus son épaule.
David devient roi
Puis, est venu le jour où le roi Saül et trois de ses fils sont morts au mont Guilboa lors d’une bataille contre les Philistins. Le fils de Saül, Isch Boscheth, a été oint roi d’Israël à Mahanaïm. Pendant ce temps, à Hébron, l’une des six villes de refuge, David est devenu roi de Juda. Une guerre civile de sept ans s’en est suivi. Mais lorsque Isch Boscheth et son commandant Abner ont été assassinés, Juda et Israël se sont réconciliés. Vers 1003 avant l’ère commune, le roi David est enfin devenu roi de la nation unifiée d’Israël.
« David était âgé de trente ans lorsqu’il devint roi, et il régna quarante ans. À Hébron il régna sur Juda sept ans et six mois, et à Jérusalem il régna trente-trois ans sur tout Israël et Juda » (2 Samuel 5 : 4-5).
En tant que roi, la première priorité de David a été Jérusalem. Il connaissait la situation stratégique de Jérusalem entre Israël et Juda, ses impressionnantes fortifications et, surtout, son histoire illustre avec Melchisédek, Abraham et Isaac. Cette ville devait être la capitale d’Israël. Un seul problème : Jebus, comme on l’appelait alors, était habité par les Jébusiens, un peuple cananéen qui se vantait qu’il ne serait jamais délogé.
David ne s’est pas laissé décourager. Il s’est emparé de la ville en envoyant des soldats par une conduite d’eau. Depuis lors, la ville a été connue sous le nom de « Cité de David. » Jérusalem est devenue la capitale royale d’Israël. « David s’établit dans la forteresse, qu’il appela cité de David. Il fit de tous côtés des constructions, en dehors et en dedans de Millo. David devenait de plus en plus grand, et l’Éternel, le Dieu des armées, était avec lui » (versets 9-10).
1 Chroniques 18 résume les exploits militaires du roi David, notamment la soumission des Philistins (prise de Gath) et l’assujettissement des Moabites, des Syriens, des Ammonites et des Édomites. L’afflux de butin des peuples conquis a enrichi rapidement Israël : bronze de Syrie, « boucliers d’or » d’Hadarézer (verset 7), « toutes sortes de vases d’or, d’argent et d’airain » (verset 10).
Sous David, Israël a adopté les attributs d’un véritable royaume. 2 Samuel 8 : 15-18 indique qu’il disposait d’une armée permanente, avec une structure de commandement organisée ; d’un ministère des archives, avec un archiviste officiel ; d’un scribe, d’un cabinet de ministres, et d’un sacerdoce et un système religieux bien développés.
2 Samuel 6 relate la plus grande réalisation de David : le transfert à Jérusalem de l’arche de l’alliance, symbole de la présence de Dieu dans la nation. Pour abriter l’arche, David a demandé à Dieu de lui permettre de construire un temple (2 Samuel 7), un édifice magnifique qui glorifierait la grandeur, la majesté et la puissance de Dieu.
Sur le plan territorial, Israël s’est massivement étendu sous David. Le royaume s’est agrandi de l’Euphrate, au nord, au « Ruisseau d’Égypte », au sud-ouest, jusqu’aux déserts d’Arabie, à l’est. David a conquis la plupart des territoires restants de Canaan, une grande partie de la Syrie et les peuples de Transjordanie (les Édomites, les Moabites et les Ammonites). Pendant ce temps, les cités-États phéniciennes étaient ses amies et contribuaient à l’édification et au développement de la nation. « L’Éternel protégeait David partout où il allait » (2 Samuel 8 : 6).
Lorsque le roi David est mort vers 971 avant l’ère commune, Israël était bien positionné pour prospérer. Après 40 ans de batailles sans fin, de conquêtes de nombreux territoires et de répression des rébellions, le royaume était prêt pour la paix et la stabilité—et pour une croissance plus phénoménale.
L’ascension de Salomon
Salomon a été couronné vers 971 avant l’ère commune à la source de Guihon. « Le sacrificateur Tsadok prit la corne d’huile dans la tente, et il oignit Salomon. On sonna de la trompette, et tout le peuple dit : Vive le roi Salomon ! Tout le peuple monta après lui, et le peuple jouait de la flûte et se livrait à une grande joie ; la terre s’ébranlait par leurs cris » (1 Rois 1 : 39-40). Son père, le roi David, a entendu les sons festifs des trompettes depuis son lit de mort.
Le roi Salomon a rendu le puissant royaume dont il avait hérité encore plus vaste et plus puissant. Il a commencé par éliminer tous les derniers vestiges de rébellion et de trahison. Il a conclu une alliance avec l’Égypte en épousant la fille du pharaon Siamon (le pharaon qui a conquis Guézer et en a fait don à Salomon ; voir la page 79).
Salomon a agrandi le territoire d’Israël, principalement dans le nord (Hamath). Il a consolidé le contrôle d’Israël sur le Levant, notamment en renforçant les relations avec la Phénicie (1 Rois 5 : 1) et en soumettant les tribus locales (1 Rois 9 : 20-21).
Salomon a continué à développer le gouvernement d’Israël. 1 Rois 4 : 4-6 montre qu’il avait un chef d’état-major, un ministère des finances et des archives, un ministère de la défense, un ministère du travail et un département religieux bien organisé. Israël était divisé en 12 districts, chacun ayant son propre gouverneur. « Salomon avait douze intendants sur tout Israël. Ils pourvoyaient à l’entretien du roi et de sa maison... » (verset 7).
Sur le plan économique, le royaume prospérait. En soumettant les nations environnantes, Salomon contrôlait désormais les deux principales routes commerciales reliant l’Égypte à la Mésopotamie. Les coffres de l’État s’en sont trouvé considérablement enrichis, ce qui a permis de lancer un nouveau programme de construction exceptionnel.
Salomon disposait d’une marine marchande de premier ordre qui parcourait le monde connu, ramenant à Jérusalem de l’or, de l’argent, de l’ivoire, des singes et des paons. Ses flottes se répartissaient entre la mer Rouge au sud et la mer Méditerranée à l’ouest (1 Rois 9 : 26-28 ; 1 Rois10 : 22-23). Le roi d’Israël était devenu un grand fabricant d’armes et un commerçant qui importait des marchandises d’Égypte et vendait des chars et des chevaux à des royaumes aussi éloignés que la Turquie (versets 28-29). Plus de 20 tonnes d’or étaient importées chaque année (verset 14). L’argent était si répandu qu’il n’avait plus de valeur (2 Chroniques 9 : 20, 27).
Salomon est renommé pour avoir épousé 700 femmes, dont beaucoup venaient de pays exotiques lointains. Nombre d’entre elles étaient probablement le fruit d’une alliance politique, permettant à Salomon d’exercer une influence en Égypte, à Moab, à Ammon, à Édom, à Sidon, en Turquie et ailleurs (1 Rois 11 : 1-3). Tous ces peuples—des Éthiopiens aux Sidoniens en passant par les Arabes, « tous les rois de la terre »—ont apporté des cadeaux de toutes sortes à Salomon (2 Chroniques 9 : 14, 23-24). La Bible déclare que les « richesses et la sagesse » de Salomon n’ont été égalées par aucun roi de son vivant. « [Et] sa renommée était répandue parmi toutes les nations d’alentour. […] Le roi Salomon fut plus grand que tous les rois de la terre par les richesses et par la sagesse. Tout le monde cherchait à voir Salomon, pour entendre la sagesse que Dieu avait mise dans son cœur » (1 Rois 4 : 31 ; 10 : 23-24).
Salomon était un bâtisseur ambitieux et fastueux. Il a agrandi considérablement Jérusalem, construisant un autre palais, une immense armurerie et d’imposantes murailles fortifiées. Tout cela a été réalisé grâce à une main-d’œuvre nombreuse et organisée. « Voici ce qui concerne les hommes de corvée que leva le roi Salomon pour bâtir la maison de l’Éternel et sa propre maison, Millo, et le mur de Jérusalem, Hatsor, Meguiddo et Guézer. [...] Et Salomon bâtit Guézer, Beth-Horon la basse, Baalath, et Thadmor, au désert dans le pays, toutes les villes servant de magasins et lui appartenant, les villes pour les chars, les villes pour la cavalerie, et tout ce qu’il plut à Salomon de bâtir à Jérusalem, au Liban, et dans tout le pays dont il était le souverain » (1 Rois 9 : 15-23).
La plus belle réussite du règne de Salomon a été la construction du temple de Jérusalem. Son père avait passé les dernières années de sa vie à planifier cette magnifique structure. Il voulait en faire le summum de l’architecture, de la beauté et de l’éclat. Juste avant de mourir, il a dit à son fils : « Considère maintenant que l’Éternel t’a choisi, afin que tu bâtisses une maison qui serve de sanctuaire. Fortifie-toi et agis » (1 Chroniques 28 : 10). Ce sera la tâche la plus importante et la plus impressionnante de Salomon.
David n’a pas ménagé ses efforts dans la préparation pour le temple, et Salomon n’a pas non plus ménagé ses efforts pour le construire. Il s’agit sans doute de la structure la plus impressionnante jamais construite. Ce temple recouvert d’or a dû être une véritable merveille du monde antique. En monnaie d’aujourd’hui, la valeur de l’or seul (selon 1 Chroniques 22 : 14, « cent mille talents ») a été estimée à environ 300 milliards de dollars.
La dédicace du temple fut un événement bouleversant. « Lorsque Salomon eut achevé de prier, le feu descendit du ciel et consuma l’holocauste et les sacrifices, et la gloire de l’Éternel remplit la maison » (2 Chroniques 7 : 1). Cette structure sacrée était le fleuron de la couronne du royaume d’Israël.
Selon le récit biblique, la renommée du royaume de Salomon s'étendait au-delà des frontières. Des chefs et des représentants parcouraient de grandes distances pour rendre hommage au roi d’Israël et voir son royaume.
Selon la vision panoramique fournie par la Bible, le royaume d’Israël du 10e siècle avant l’ère commune était véritablement un empire monumental—sans équivalent dans le monde à l’époque.
Définitions
Monarchie unie : Ce terme désigne le royaume d’Israël sous les règnes de Saül, David et Salomon, lorsque les 12 tribus étaient réunies en une seule nation sous l’égide d’une monarchie unique. (La « monarchie divisée » fait référence à Israël après la mort de Salomon, lorsque le royaume s’est divisé en deux entités distinctes dirigées par deux monarchies distinctes).
Levant : Il s’agit de la région située le long de la rive orientale de la Méditerranée qui constitue les nations actuelles d’Israël, de Jordanie, du Liban et de la Syrie.
Pourquoi « avant l’ère commune » et non « avant Jésus Christ » : L’Institut Armstrong d’archéologie biblique utilise l’appellation « avant l’ère commune » ou « de l’ère commune » principalement parce que nous sommes une organisation basée en Israël avec un large public juif, et que c’est la terminologie conventionnelle utilisée en Israël et par une grande partie de notre public.
Ce n’est pas la seule raison pour laquelle nous utilisons la datation de l’« ère commune ». Bien que l’utilisation de « Avant Jésus Christ » et « En l’année du Seigneur » soit répandue et commune, la terminologie « ère commune » est, techniquement, plus précise.