File:Statue of Amenhotep II from the Museo Egizio by Jean-Pierre Dalbera is licensed under CC BY 2.0.
Spécificités de la datation : les pharaons de la 18e dynastie
Bien que la datation de la période du Nouvel Empire égyptien soit devenue beaucoup plus précise, un débat important subsiste. Deux cadres chronologiques opposés sont la « chronologie haute » qui privilégie les dates antérieures, et la « chronologie basse » qui privilégie les dates ultérieures. Comme nous l’avons dit, cette publication penche en faveur de la chronologie haute. Les dates suivantes sont des dates assez standard de la chronologie haute pertinentes pour cet article (la chronologie basse reporte certaines de ces dates d’une ou deux décennies) :
Ahmôsis Ier = 1570-1546 av. J.-C.
Amenhotep Ier = 1546-1526 av. J.-C.
Thoutmôsis Ier = 1526-1512 av. J.-C.
Thoutmôsis II = 1512-1504 av. J.-C.
Hatchepsout = 1504-1483 av. J.-C.
Thoutmôsis III = 1504-1451 av. J.-C.
Amenhotep II = 1453-1426 av. J.-C.
Thoutmôsis IV = 1426-1416 av. J.-C.
Amenhotep III = 1416-1377 av. J.-C.
Akhenaton = 1377-1360 av. J.-C.
Le professeur Douglas Petrovich admet que le règne d’Amenhotep II a débuté en 1453 avant notre ère, la date de l’Exode étant fixée à 1446 avant notre ère (soit 480 ans après la construction du temple en 967 avant notre ère), ce qui place l’Exode en l’an 9 de son règne. Petrovich émet également l’hypothèse que la campagne de l’an 9 d’Amenhotep II, au cours de laquelle il a fait plus de 101 000 captifs, était une tentative de reconstituer sa base d’esclaves dans les mois qui ont suivi l’événement de l’Exode (voir son article « Amenhotep II and the Historicity of the Exodus-Pharaoh » (Amenhotep II et l’historicité du pharaon de l’Exode), 2006. C’est une théorie intéressante, mais après tout ce que la Bible décrit au sujet des plaies—la destruction totale et l’humiliation de l’Égypte, sans parler de la destruction des forces d’élite des chars du pharaon—est-il raisonnable de croire qu’Amenhotep II, quelques mois plus tard, avait les moyens de s’engager dans l’une des campagnes militaires les plus réussies de l’histoire ?
Le Dr Hoeh était d’accord à placer la date d’accession d’Amenhotep II en 1453 avant Jésus Christ. (« Notes Regarding Reigns of Kings » ; « Notes relatives aux règnes des rois », 1983), mais il place la date de construction du temple en 964 av. J.-C., et donc l’Exode en 1443 av. J.-C.—la 10e année d’Amenhotep II, donc immédiatement après la dernière mention significative de son règne (la campagne de l’an 9), et entre ses « années manquantes ».
Comme nous l’avons dit, nous avons choisi de ne pas nous limiter à des systèmes chronologiques aussi rigides dès le départ. Il y a le débat entre la chronologie haute et basse, mais dans ces chronologies générales, il y a des débats individuels importants concernant la durée des règnes et la corégence. Le règne de Thoutmôsis II a-t-il duré 13 ans ou trois ans ? La première solution est généralement préférée—mais la seconde modifierait considérablement les chronologies ultérieures. Qu’en est-il d’Amenhotep III et de son fils Akhenaton ? En général, aucune corégence n’est préférée, bien que certains chercheurs proposent une corégence d’une durée de 12 ans. D’autres situent le début du règne d’Akhenaton en 1482 avant notre ère. La liste s’allonge.
En général, lorsque cela est possible, ces chronologies sont ancrées dans des données astronomiques (telles que le cycle Sothiaque), se référant à des observations astronomiques documentées sur des inscriptions. Mais celles-ci sont rares. De plus, la question de savoir où ces observations anciennes ont été effectuées fait l’objet d’un débat (ce qui peut radicalement affecter la datation).
Dans Studies in the Reign of Amenophis ii (Études du règne d’Amenhotep II), Peter Der Manuelian met longuement en lumière le débat sur la datation d’Amenhotep II à l’aide de données astronomiques—y compris les tentatives des égyptologues d’« émender » certaines inscriptions, en corrigeant artificiellement des « erreurs » supposées afin de régler les contradictions dans la chronologie ! Cette discussion « révèle la diversité des opinions parmi les chercheurs et les multiples facteurs impliqués dans le traitement de ces dates », conclut-il. « Cet auteur est d’avis que le problème ne peut être résolu de manière concluante à partir des données actuellement disponibles. Trop de solutions dépendent d’émendations... » (c’est nous qui soulignons). C’est pourquoi il s’en remet à la date de référence la moins contestée : une date dérivée du cycle lunaire pour la bataille de Megiddo. « Sur la base d’une bataille de Megiddo non modifiée, il nous reste deux choix pour les dates de Touthmôsis III [à partir desquelles les dates d’Amenhotep II sont extrapolées]—soit une accession en 1504 avant Jésus Christ avec une mort en 1450 avant Jésus Christ [chronologie haute], soit une accession en 1479 avant Jésus Christ, avec une mort en 1425 avant Jésus Christ [chronologie basse]. »
Naturellement, pareille difficulté pour réconcilier les données astronomiques ne surprendra pas le croyant de la Bible. Après tout, des événements tels que Josué 10 : 13 (« Et le soleil s’arrêta, et la lune suspendit sa course ») et Ésaïe 38 : 8 (« le soleil recula de dix degrés ») mettent déjà en doute une telle confiance dans l’extrapolation astronomique (sans parler du modèle biblique primitif d’une année de 360 jours par rapport à notre année actuelle de 365,2 jours). Du point de vue de la Bible littérale, sur la base de tels changements astronomiques potentiels, quelle est de toute façon la fiabilité de la datation astronomique ?
Je suis donc d’avis que l’événement de l’Exode devrait être placé à la fin du règne d’Amenhotep II (que cela implique une construction plus tardive du temple de Salomon ou une chronologie plus ancienne pour certains pharaons de la 18e dynastie). Ceci est basé sur la stèle de l’an 23 d’Amenhotep II, sa mort relativement jeune et, en particulier, la succession surprise de son fils cadet, Thoutmôsis IV.
Par ailleurs, à propos du fils aîné qui l’a précédé (un prince du même nom, Amenhotep), Manuelian écrit : « Selon [l’égyptologue Donald] Redford, ce prince Amenhotep est né durant les cinq premières années du règne d’Amenhotep II, puisqu’il occupait un poste dès la vingtième année du roi, et aurait donc été plus âgé (et donc plus proche du trône) que le futur Touthmôsis IV. »
L’identité de ce prince Amenhotep fait l’objet d’un débat—s’il s’agissait bien du fils d’Amenhotep II et son présumé successeur. Mais si c’est le cas, la mort de ce premier-né au-delà de l’an 20 du règne de son père scellerait certainement le débat, en plaçant la « mort du premier-né » et l’Exode à la toute fin du règne d’Amenhotep II.