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Rome: Ancienne et future capitale de l’Europe
La dernière fois que j’ai visité Rome, c’était il y a quatre ans. Depuis lors je l’ai regardée de loin à travers l’Atlantique, observant sa politique, fasciné par les signes croissants de sa revitalisation. Bien sûr, les obsèques du Pape ont rivé les yeux du monde entier sur la ville aux sept collines, vers laquelle la tradition dit que tous les chemins y conduisent. Ainsi, la ville a récemment gagné des millions de dollars en publicité gratuite, à travers le monde, offerte par l’industrie mondiale des médias. Les autres religions du monde ont dû regarder cela comme un spectacle religieux—sans précédent, depuis l’invention des mass-médias—qui a captivé le monde. Rien de tout ce que vous pouvez imaginez—islam, bouddhisme, shintoïsme, taoïsme, hindouisme, protestantisme, ou tout autre en «isme» au sein de la confusion présentée par les cultures religieuses et idéologies de ce monde—n’arriverait à la cheville de l’opulence absolue, de la splendeur et de l’enchantement tapageur de ce grand événement romain.
Observant Rome et voyant les reportages sur le remue-ménage dû aux constructions, à la rénovation et au nettoyage qui continuent à s’y faire actuellement, il est apparent que quelque chose de profond arrive à cette ville antique. Le Pape Jean Paul II a certainement motivé l’amélioration de l’aspect de Rome pour ses grandes célébrations millénaires, alors que nous passions le seuil du 20ème au 21ème siècle. Mais là il semble, selon tous les comptes-rendus, y avoir une énergie particulière pour la rénovation ininterrompue de Rome en ce moment. Elle se débarrasse de son manteau moisi. Cette ville antique et historique, capitale spirituelle de l’ancien «Saint» Empire romain, se modernise à une allure effrénée. Ses trésors fabuleux de haut art et d’architecture sont entourés par des structures à la mode, lui donnant un air de 21ème siècle.
Stimulées par l’année du Grand Jubilé millénaire du Vatican, et influencées par le dynamisme du maire de la ville, Walter Veltroni, de nouvelles constructions d’édifices ont repris rapidement. Pourtant, bien qu’elle soit agressive, cette initiative de construction a un côté culturel fort. Comme W. Veltroni l’a expliqué: «Notre plan, c’est de mettre en valeur le caractère historique de la ville, en le sauvegardant et en le faisant vivre avec la modernité de la ville. Il n’y a aucun conflit entre les deux» (Condé Nast Traveler, mars 2005).
Il semble y avoir peu de doute que la ville de Rome se prépare pour son dernier round en tant que capitale spirituelle de ce monde.
Les icones de la ville
Il est fascinant de voir des prophéties du temps de la fin s’accomplir à Rome, Berlin ou Paris. Ce sont les capitales des principales nations qui sont la force motrice de l’Union européenne. Toutes les autres nations passent après le mastodonte franco-germano-italien. Madrid se joint de plus en plus à ce triumvirat depuis que José Rodríguez Zapatero a été élu leader de l’Espagne, l’année dernière. Alors que l’ancien Premier ministre était bien décidé à se ranger aux côtés de la Grande-Bretagne pour les questions importantes, J.R. Zapatero a facilement pris le rythme du couple franco-allemand.
Dans les années 1960, sous Charles de Gaulle, Paris a commencé son grand nettoyage de la saleté accumulée durant les siècles passés. Le résultat fut une révélation de brillance architecturale qui avait été cachée sous la suie, la crasse, la poussière et la moisissure produites par la population entassée de la ville, par les siècles de noir de charbon des fourneaux, et la patine de la Révolution industrielle. Dans ce monde, aucune ville ne peut être comparée à la brillance dorée de Paris au printemps.
Néanmoins, ce n’est pas vers Paris que le monde regardera durant le temps de la domination finale de l’Europe en tant que dernière résurrection du «Saint» Empire romain.
Pendant quelque temps nous avons pensé que l’Espagne réaffirmerait sa puissance en tant que principale influence en faisant rentrer l’Amérique Latine dans le sein de l’Europe. La prophétie du temps de la fin indique que la géopolitique mondiale se fracturera le long des lignes religieuses. Avec l’Amérique Latine qui est l’unique continent sur la planète à avoir une seule langue dominante et une seule religion dominante—l’espagnol et le catholicisme romain—toutes ces indications mènent à la conclusion que cette région, sous la vieille influence impériale de l’Espagne, sera tirée sous le parapluie de l’UE. Cependant, avec l’Espagne qui est un membre engagé de l’UE, et le plus faible des quatre nations dirigeantes de l’Union, il n’y a, à l’évidence, aucun espoir que Madrid se manifeste comme la capitale de l’euro-empire réanimé.
Ainsi cela met en œuvre les deux autres nations dominantes en Europe–l’une affirmant sa religion traditionnelle, l’Italie; l’autre la dominant économiquement, politiquement et, à terme, militairement, l’Allemagne—pour donner à la ville les icones vers lesquels le monde pourra se tourner. Ce n’est, alors, pas une coïncidence que, tant Rome que Berlin, soient en cour de grande rénovation actuellement.
Depuis que le Mur de Berlin est tombé le 9 novembre 1989, des plans ont été mis en œuvre pour ranimer Berlin comme capitale politique de l’UE. Pendant des années—et à ce jour encore—Bruxelles, en Belgique, a eu cet honneur. Cependant, durant les années 1990 et à l’entrée dans le 21ème siècle, Berlin a été un chantier énorme, tandis que de vieilles constructions étaient rasées, de nouveaux bâtiments futuristes érigés et d’autres encore de signification historique—y compris l’infâme Reichstag—modernisés et renouvelés. Berlin a même remis en place et exposé les statues dépoussiérées et polies, des héros militaires de l’Allemagne qui avaient été bannis après la Deuxième Guerre mondiale. L’avenir de cette ville comme grande capitale d’une Allemagne ranimée et réunifiée a été cimenté quand Gerhard Schröder a déplacé le siège du gouvernement allemand de l’inoffensive et terne Bonn, sa capitale de la guerre froide, à la ville qui était la capitale de l’Allemagne tant sous le Kaiser Guillaume que sous Hitler: Berlin.
Mais ce n’est pas sur Berlin–pas encore–que les yeux du monde se poseront. C’est sur Rome. Rome, où la plus grande extravagance médiatique eut lieu, le 8 avril, avec les obsèques du Pape Jean Paul II. Rome, subissant un programme d’embellissement massif qui servira sans doute de toile de fond appropriée aux machinations du nouveau pape.
Comme un correspondant de l’Associated Press l’a fait remarqué, les derniers jours du Pape «ont suscité un épanchement de révérence tant pour lui que pour l’Église catholique …» (le 3 avril). L’icone de cette religion et de son vieil empire, c’est la ville de Rome.
Pourtant, malgré tout le riche héritage de la ville aux sept collines, malgré toute la puissance et l’opulence de son église dominatrice–l’institution la plus riche dans ce monde–cette vieille ville est, selon la prophétie, vouée à tomber en une heure, à la fin de cette heure de l’histoire dans laquelle nous vivons tous en ce moment (Apocalypse 18:10). Quel jour spectaculaire ce jour sera pour ce monde! ▪