Julia Goddard/LA TROMPETTE
Qui était le pharaon de l’Exode ?
C’est l’une des questions les plus fréquentes dans le monde de l’archéologie biblique. Le pharaon de l’Égypte de l’Exode est mentionné à plusieurs reprises dans la Bible. Pourtant, son nom réel et sa place précise dans l’histoire égyptienne posent problème aux croyants, aux philosophes, aux archéologues, aux historiens et aux érudits depuis des siècles—des milliers d’années, en fait.
Les théories sur son identité ne cessent de se succéder. Le professeur Emmanuel Anati pense qu’il s’agit de Pépi Ier , un pharaon du 24e siècle avant notre ère. Le professeur Israël Finkelstein pense que le récit de l’Exode a été modelé sur le pharaon Nékao II à la fin du 7e siècle. La plupart des films sur l’Exode, y compris le classique de Cecil DeMille de 1956, Les Dix Commandements, privilégient Ramsès II (13e siècle avant Jésus Christ).
Un des favoris parmi les maximalistes de la Bible est Amenhotep II (15e siècle avant Jésus Christ). Il y a ensuite les spéculations des révisionnistes chronologiques. David Rohl pense qu’il s’agissait de Dedoumes II. Immanuel Velikovsky l’a identifié comme étant l’obscur « Tom-Taoui-Toth ». David Down pense qu’il s’agit de Neferhotep I er . Alfred Edersheim pense qu’il s’agit de Thoutmôsis II. Herman Hoeh, suivant originellement une forme de chronologie vélikovskienne, a d’abord cru qu’il s’agissait de Mérenrê Nemtyemsaf II ; plus tard, suivant une chronologie plus conventionnelle, il a cru qu’il s’agissait d’Amenhotep II. Isaac Asimov pensait qu’il s’agissait de Mérenptah. Selon Sigmund Freud—oui, même le célèbre psychologue s’est penché sur la question—il s’agissait d’Akhenaton.
Il y a ensuite les théories des premiers historiens. Josèphe, auteur juif du premier siècle de notre ère, pensait qu’il s’agissait d’un des pharaons nommé Thoutmôsis. Manéthon, l’historien égyptien du troisième siècle avant Jésus Christ, a écrit qu’il s’agissait de l’un des Amenhotep. Tacite l’identifie comme Bakenranef, et Diodore affirme qu’il s’agissait d’Hatchepsout.
Vous ne savez plus où donner la tête ? Au milieu de ces spéculations sans fin, on peut apprécier le titre de l’article de John Gee paru dans une revue en 1997 : « Qui n’était pas le pharaon de l’Exode ? »
La Bible cite plusieurs pharaons ultérieurs (dans les livres des Rois, des Chroniques et de Jérémie). Mais pourquoi la Torah, les cinq premiers livres de la Bible hébraïque, n’en nomme-t-elle aucun ? Il existe en fait une explication rationnelle (voir « Pourquoi cette ambiguïté concernant le pharaon de l’Exode ? », page 10).
La réponse à cette question nécessite-t-elle une vaste révision des chronologies historiques, comme certains l’ont fait ? Inversement, devons-nous ignorer ou rejeter certains versets bibliques afin de réconcilier l’histoire laïque avec l’histoire biblique ?
Penchons-nous sur l’une des questions les plus courantes et les plus complexes de l’archéologie biblique.
Identifier la période égyptienne
L’Égypte est l’une des civilisations les plus anciennes et les mieux documentées de l’histoire de l’humanité. À partir d’innombrables preuves archéologiques et de nombreux textes historiques, nous pouvons diviser son histoire en plusieurs périodes. Une majorité d’érudits et d’experts s’accordent généralement à dire que le récit biblique de l’Exode s’inscrit dans la période du « Nouvel Empire » égyptien, qui s’étend sur la seconde moitié du deuxième millénaire avant notre ère (environ 1570-1070 avant notre ère), juste avant la période de la monarchie israélienne. Chronologiquement, cette période englobe toute la période de l’Exode, le séjour d’Israël dans le désert et l’époque des juges.
Cette période du Nouvel Empire s’accorde parfaitement non seulement aux événements liés à l’Exode biblique, mais s’accorde aussi à la composition littéraire de la Torah elle-même. Les livres mosaïques sont remplis de langage, de références et de nuances, depuis l’utilisation de diverses expressions pharaoniques jusqu’aux noms de personnes, qui sont associés uniquement avec le Nouvel Empire d’Égypte. (Le discours de Moïse consigné dans le livre du Deutéronome, par exemple, est presque identique dans sa présentation à des douzaines de traités courants de suzeraineté pendant la période du Nouvel Empire ; pour en savoir plus, lisez « Searching for Egypt in Israel » (« À la recherche de l’Égypte en Israël » ; disponible uniquement en anglais) sur armstronginstitute.org/680.
Le Nouvel Empire a succédé à une période unique dans l’histoire de l’Égypte appelée la « Deuxième Période intermédiaire » (vers 1670-1570 avant Jésus Christ). À cette époque, l’Égypte était divisée en deux. L’Égypte du Sud (connue sous le nom de « Haute-Égypte » en raison de son altitude plus élevée) était gouvernée par des pharaons égyptiens autochtones. Pendant ce temps, l’Égypte du Nord (ou « Basse-Égypte »), qui englobait le luxuriant delta du Nil (le Goshen biblique), était gouverné par des rois « bergers » sémites qui avaient émigré de Canaan (voir page 22). L’histoire égyptienne identifie ces bergers sémites comme les « Hyksôs ».
Le règne des Hyksôs en Égypte correspond remarquablement bien à la description biblique de la première partie du séjour des Israélites en Égypte. Même aujourd’hui, 3500 ans plus tard, le lien entre les Hyksôs et Israël est « figé dans la mémoire égyptienne au point qu’à ce jour, l’Égyptien moyen pense que les Hyksôs étaient des Juifs et les associe à la destruction et au chaos » (Jerusalem Post, 19 juillet 2020, citant l’égyptologue Orly Goldwasser).
Pour une analyse complète des Hyksôs, lisez « The Hyksos: Evidence of Jacob’s Family in Ancient Egypt? » (« Les Hyksôs : une preuve de la présence de la famille de Jacob dans l’Égypte ancienne ? » sur armstronginstitute.org/835.
L’ère des Hyksôs s’est achevée au milieu du 16e siècle avant notre ère (ce qui marque également la fin de la Deuxième Période intermédiaire). À cette époque, les Hyksôs ont été conquis par une dynastie de pharaons autochtones, ultranationalistes, qui régnaient depuis la Haute-Égypte. Ces pharaons ont soumis les Hyksôs et ont uni les deux régions sous un même gouvernement. L’unification de l’Égypte, qui a commencé avec le pharaon Ahmôsis I er , a fait entrer le royaume dans un « âge d’or » et a marqué le début de la période du Nouvel Empire.
La conquête des Hyksôs par l’Égypte présente également d’étonnantes similitudes avec les événements relatés dans Exode 1. « Les enfants d’Israël furent féconds et multiplièrent, ils s’accrurent et devinrent de plus en plus puissants. Et le pays en fut rempli. Il s’éleva sur l’Égypte un nouveau roi, qui n’avait point connu Joseph. Il dit à son peuple : Voilà les enfants d’Israël qui forment un peuple plus nombreux et plus puissant que nous. Allons ! montrons-nous habiles à son égard... » (versets 7-10).
Mais quelle dynastie égyptienne ?
L’oppression d’Israël et l’Exode s’inscrivent bien dans la période générale du Nouvel Empire. Mais nous pouvons être encore plus précis. Les historiens divisent le Nouvel Empire en trois dynasties différentes. La première est connue sous le nom de 18e dynastie, ou dynastie des Thoutmôsides (les dynasties étaient nommées d’après la famille régnante) ; cette dynastie a régné sur l’Égypte de 1570 à 1300 avant Jésus Christ. La deuxième et la troisième (les 19e et 20e dynasties) sont appelées dynasties ramessides, et s’étendent de 1300 à 1070 avant Jésus Christ.
L’une des théories les plus populaires affirme que le pharaon de l’Exode était Ramsès II, un pharaon du 13e siècle. Malgré cette identification populaire, il n’existe aucune preuve archéologique ou historique qui appuie cette conclusion, ni aucune preuve biblique non plus. En fait, de nombreux passages bibliques—y compris le seul verset utilisé par les partisans de la théorie ramesside (Exode 1 : 11)—révèlent que ni Ramsès II ni aucun des pharaons de la dynastie ramesside n’aurait pu être le pharaon de l’Exode (voir l’encadré, page 17).
En ce qui concerne la chronologie biblique, le texte biblique indique clairement que l’Exode a eu lieu au cours du 15e siècle avant notre ère—sous la dynastie des Thoutmôsides.
1 Rois 6 : 1, un verset qui relie l’Exode à la construction du temple de Salomon, en est la clé. « Ce fut la quatre cent quatre-vingtième année après la sortie des enfants d’Israël du pays d’Égypte que Salomon bâtit la maison à l’Éternel, la quatrième année de son règne sur Israël... ». Le règne de Salomon est universellement reconnu comme datant du milieu du 10ème siècle avant notre ère. (Plus spécifiquement, beaucoup estiment que le temple de Salomon a été construit vers 967 avant notre ère ; voir ArmstrongInstitute.org/685 pour plus de détails ; disponible uniquement en anglais).
Grâce à 1 Rois 6 : 1, le calcul de la date de l’Exode est simple : 480 ans, précédant le début du 10e siècle avant Jésus Christ jusqu’en son milieu, placent l’Exode quelque part au milieu du 15e siècle avant Jésus Christ et l’entrée d’Israël en Canaan (40 ans plus tard) quelque part à la fin de ce siècle. L’utilisation de la date largement acceptée de 967 avant Jésus Christ place l’Exode en 1446 avant Jésus Christ et l’entrée d’Israël en Canaan 40 ans plus tard en 1406 avant Jésus Christ.
D’autres versets peuvent être utilisés pour recouper et corroborer la datation de l’Exode au 15e siècle. Par exemple, Juges 11 : 26 indique qu’à l’époque du juge Jephté—vers 1100 avant Jésus Christ—les Israélites avaient habité le pays de Canaan pendant environ « trois cents ans » (ce qui place leur arrivée vers 1400 avant Jésus Christ). Il y a aussi les informations généalogiques du sacerdoce Aaronique documentées dans 1 Chroniques 5 qui énumère 19 générations depuis l’Exode jusqu’à la construction du temple de Salomon. Il s’agit d’un nombre incroyablement élevé pour un règne ramesside du 13e siècle, mais qui correspond parfaitement au cadre temporel d’un Exode du 15e siècle, sous la dynastie des Thoutmôsides. (Pour étudier ce sujet en plus de détail, lisez ArmstrongInstitute.org/762 et ArmstrongInstitute.org/350 ; disponibles en anglais seulement).
La période biblique de l’Exode étant établie, limitant ainsi nos recherches à la dynastie égyptienne des Thoutmôsides (vers 1570-1300 avant Jésus Christ), nous pouvons examiner de plus près les preuves des événements associés à l’Exode et, en outre, les preuves qui pourraient révéler l’identité du pharaon égyptien de l’époque.
Mais pour ce faire, nous devons éviter ce qui me semble être l’un des principaux écueils de ce débat : nous ne devons pas nous enfermer d’emblée dans une reconstruction chronologique année par année excessivement rigide. Nous devons au contraire maintenir une tolérance raisonnable lorsqu’il s’agit de dates spécifiques. Si la création de chronologies complexes et spécifiques est fascinante, elle est aussi inconstante. Cette histoire s’est déroulée il y a 3500 ans ; en l’absence d’un texte ancien ou d’un artefact identifiant clairement une date précise, il est pratiquement impossible de fixer des dates absolues pour la plupart des événements. De plus, de nouvelles découvertes obligent constamment les chercheurs à modifier et à affiner les chronologies. Il existe, par exemple, un débat important sur des dates exactes pendant cette période du Nouvel Empire (les discussions portent sur des années et des décennies, et non sur des siècles comme c’est le cas pour les révisionnistes chronologiques extrêmes). Faut-il s’en tenir à la chronologie basse ? À la chronologie haute ? À des variantes de celles-ci ?
Dans le cadre de cet article, il n’est pas nécessaire de faire une fixation sur des dates précises. À partir de maintenant, nous ferons référence à des périodes plus générales plutôt qu’à des années spécifiques. (Pour plus de détails sur la datation des pharaons suivants, voir l’encadré sur la page 10).
Nous avons notre période : le Nouvel Empire. Nous avons notre dynastie : Thoutmôside. Nous pouvons maintenant nous intéresser de plus près à certains pharaons.
Akhenaton
Nous commencerons par le pharaon Akhenaton, un souverain du début du 14e siècle avant notre ère (selon la chronologie haute), et nous extrapolerons vers l’arrière.
Le règne d’Akhenaton a marqué une période de grands bouleversements en Canaan, alors vaguement contrôlée par l’Égypte. Ces troubles sont principalement dus à l’invasion violente du Levant par le peuple Apirou, comme en témoignent les lettres d’Amarna. L’invasion de Canaan par les Apirous correspond remarquablement bien au récit biblique de la conquête de Canaan par Israël, qui a commencé vers 1400 avant notre ère et s’est poursuivie pendant au moins deux ou trois décennies. (La « conquête » des Apirous a en fait commencé sous le règne de son père, Amenhotep III).
Pour en savoir plus sur les lettres d’Amarna et les parallèles étonnants entre la conquête de Canaan par les Apirous et la conquête de Canaan par les Hébreux dans la Bible, lisez « Les lettres d’Amarna » à la page 28.
Le règne du pharaon Akhenaton est remarquable pour une autre raison : au cours de cette période, le système religieux polythéiste de l’Égypte a été complètement supprimé et remplacé par un tournant sans précédent vers le monothéisme (en particulier, le culte du dieu soleil Aton : en fait, Akhenaton s’est rebaptisé d’après le nom du dieu—son nom de règne original était Amenhotep IV).
Quelle est la cause de cette extraordinaire transformation religieuse ? Certains chercheurs pensent qu’il s’agit simplement d’une aberration dans l’histoire égyptienne. Plusieurs chercheurs ont qualifié Akhenaton de « révolutionnaire », d’« hérétique » et de « fanatique ». Certains affirment qu’il était « peut-être fou ». D’autres encore, après avoir lu les lettres d’Amarna—qui témoignent de son incapacité à envoyer une aide militaire à Canaan pour le défendre contre les Apirous—le qualifient de « pacifiste ». Ces injures dédaigneuses n’expliquent pas les bouleversements religieux majeurs survenus sous Akhenaton. L’archéologie nous éclaire-t-elle ?
Une inscription sur un pylône du complexe du temple de Karnak, près de Thèbes, rapporte un discours stupéfiant d’Akhenaton. On peut y lire, entre autres, ce qui suit : « Les temples des dieux tombent en ruine, leurs corps ne durent pas. [...] Je les ai vus cesser d’apparaître, l’un après l’autre. Tous ont cessé, sauf le dieu qui s’est enfanté lui-même. Et personne ne connaît le mystère de la façon dont il accomplit ses tâches. Ce dieu va où il veut et personne d’autre ne sait où il va » (c’est nous qui soulignons).
Le discours du pharaon Akhenaton reflète la perte totale de la foi dans les nombreux dieux de l’Égypte. Est-ce une simple coïncidence si, au cours de la même dynastie et quelques décennies seulement après l’Exode biblique—au cours duquel les différents dieux de l’Égypte se sont révélés impuissants—nous assistons à la refonte totale du système religieux égyptien ? Le discours émouvant d’Akhenaton est impensable dans l’Égypte ancienne ; il s’agit d’une énorme anomalie historique. Les réformes de ce pharaon auraient-elles été la conséquence de ce que la Bible identifie comme des fléaux visant « tous les dieux de l’Égypte » ? (Exode 12 : 12).
Amenhotep III
Avant Akhenaton, l’Égypte était dirigée par son père, le pharaon Amenhotep III. Amenhotep III a régné pendant une quarantaine d’années, de la fin du 15e siècle au début du 14e siècle. Certains égyptologues pensent qu’il a jeté les bases de la transformation religieuse qui s’est produite sous Akhenaton.
Comme son fils, et contrairement à la plupart des pharaons, Amenhotep III est qualifié de « pacifiste ». Malgré son long règne, on sait qu’il n’a participé qu’à une seule campagne militaire (au sud de l’Égypte, et non à l’est, où plusieurs pharaons précédents avaient fait campagne). Amenhotep III était connu pour la construction de statues—beaucoup de statues. Mais ici aussi, il y a quelque chose d’inhabituel : six cent des statues commandées par Amenhotep III sont consacrées à Sekhmet, la déesse de la guérison.
Pourquoi l’accent mis sur la guérison ? Pourquoi pas de guerres ?
Une autre découverte intéressante émerge du règne d’Amenhotep III : une inscription sur un pylône de sa nécropole royale de Soleb fait référence à un groupe de nomades appelé les « Shasous (Nomades) de YHWH. » Aucun autre détail n’est fourni sur ce groupe de personnes errantes, si ce n’est qu’elles se trouvaient apparemment quelque part à l’est de l’Égypte (d’après l’emplacement de ce type d’inscriptions sur les pylônes). L’inscription d’Amenhotep est la première mention connue du célèbre nom du Dieu d’Israël, YHWH .
Est-ce une coïncidence si la fin du règne d’Amenhotep III et le début de celui d’Akhenaton correspondent à la conquête de Canaan par Israël ? Est-ce une coïncidence si la majeure partie du règne d’Amenhotep III correspond au séjour nomade d’Israël ? N’est-il pas intéressant que l’Égypte sous Amenhotep III ait connu un pacifisme inhabituel, avec une dévotion particulière à Sekhmet, la déesse de la guérison, suivi par l’effondrement complet du système religieux égyptien ?
Thoutmôsis IV
Le père et prédécesseur d’Amenhotep III était le pharaon Thoutmôsis IV. Ce pharaon n’a régné que neuf ans dans la seconde moitié du 15e siècle. Malgré sa brièveté, le règne de Thoutmôsis fut une surprise. Nous le savons grâce à la stèle du rêve.
La stèle du rêve est une inscription en granit de près de 4 mètres de haut installée entre les pattes du grand Sphinx de Gizeh. Cette stèle massive a été érigée au cours de la première année du règne de Thoutmôsis IV. Le texte, commandé par Thoutmôsis IV, constitue essentiellement une justification divine unique et inhabituelle de son règne.
Pourquoi Thoutmôsis IV a-t-il été contraint de déclarer publiquement qu’il avait été installé par Dieu ? Parce qu’il n’était pas le premier né, l’héritier présomptif du trône d’Égypte. « Il est regrettable que les événements entourant l’accession de Thoutmôsis IV soient si obscurs, » écrit l’égyptologue Peter Der Manuelian, « d’autant plus que sa stèle du rêve entre les pattes du grand Sphinx suggère qu’il n’était pas l’héritier initialement prévu du trône » (Studies in the Reign of Amenophis II; Études dans le règne d’Amenhotep II ).
Qu’est-il advenu du premier-né dont Thoutmôsis a pris la place ? Certains chercheurs se demandent si Thoutmôsis IV ne l’a pas assassiné pour accéder au trône. Mais il n’existe aucune preuve à l’appui de ce point de vue, et cette interprétation soulève plusieurs difficultés. Par ailleurs, le fait que Thoutmôsis IV n’ait pas été le fils premier-né et qu’il ait accédé au trône d’Égypte de manière inattendue est parfaitement en accord avec le récit biblique de la dixième plaie : la mort des premiers-nés, dont faisait partie le prince héritier d’Égypte. « Au milieu de la nuit, l’Éternel frappa tous les premiers-nés dans le pays d’Égypte, depuis le premier-né de Pharaon assis sur son trône, jusqu’au premier-né du captif dans sa prison... » (Exode 12 : 29).
Mais ce n’est pas tout : le fait que le pharaon de l’Exode ait survécu à la dixième plaie implique logiquement qu’il n’était pas non plus un premier-né. Et, fait fascinant, les archives égyptiennes révèlent que le père de Thoutmôsis IV —souverain de l’Égypte pendant la période cruciale du milieu du 15e siècle avant notre ère—n’était pas non plus le premier-né et héritier du trône.
Cela placerait logiquement le père de Thoutmôsis IV comme le pharaon de l’Exode !
Jusqu’à présent, nous avons examiné les pharaons de la dynastie des Thoutmôsides qui étaient après l’Exode. Avant d’en arriver au pharaon de l’Exode lui-même, examinons les pharaons qui l’ont précédé—c’est-à-dire certains des pharaons antérieurs à l’Exode de la dynastie des Thoutmôsides, pour voir si le récit biblique s’y prête également.
Thoutmôsis ier
Avec l’entrée des Israélites en Canaan à la fin du 15e siècle avant Jésus Christ, sous le règne d’Amenhotep III, nous pouvons utiliser la vie de Moïse pour établir une chronologie. Le récit biblique montre que Moïse est mort à l’âge de 120 ans et que sa vie a été divisée en trois périodes de 40 ans : premièrement, il a été prince en Égypte ; deuxièmement, il a vécu dans le désert de Madian ; et troisièmement, à l’âge de 80 ans, il a été appelé à délivrer Israël de l’Égypte et à l’emmener, sur une période de 40 ans, en Canaan (Exode 7 : 7 ; Deutéronome 29 : 4 ; etc.).
Si Israël est entré en Canaan à la fin du 15e siècle, Moïse doit être né dans la dernière moitié du 16e siècle avant notre ère. Selon la date exacte que nous choisissons pour sa mort durant le règne d’Amenhotep III, cela placerait la naissance de Moïse soit sous le règne de Thoutmôsis I er ou celui de Thoutmôsis II.
Le pharaon Thoutmôsis I er, petit-fils ou beau-fils du progéniteur du Nouvel Empire Ahmôsis I er, était un pharaon puissant connu pour avoir massivement étendu les frontières de l’Égypte. Les archives égyptiennes montrent que Thoutmôsis I er a commandé de grands projets de construction dans toute l’Égypte, nécessitant une main-d’œuvre massive. Le règne de Thoutmôsis I er s’accorde bien donc comme celui d’un des pharaons durant l’oppression d’Israël.
Les enfants de Thoutmôsis I er sont particulièrement intéressants. Ce pharaon a engendré une fille pleinement royale, Hatchepsout (née de sa grande épouse royale, Ahmès), et un fils à moitié royal, Thoutmôsis II (né de son épouse mineure, Moutnéfret). Afin d’assurer à son fils la place qui lui revenait sur le trône d’Égypte, Thoutmôsis I er ait épouser à son fils, âgé de 18 ans, sa demi-sœur, âgée de 24 ans
Thoutmôsis II
Thoutmôsis II était un pharaon faible et apparemment malade. Son règne a été court ; il a peut-être duré à peine trois ans. Le règne a peut-être été bref, mais une découverte archéologique montre qu’il était brutal et qu’il avait la réputation de tuer les enfants mâles.
L’inscription d’Assouan, datant de la première année du règne de Thoutmôsis II, rapporte ce qui suit à propos d’une campagne dans le sud contre « le vil Koush » : « ’Tant que je vivrai, tant que Râ m’aimera, tant que mon père, le seigneur des dieux, me louera, je ne laisserai pas un mâle en vie.’ [...] [L]’armée de sa majesté a renversé ces étrangers, ils ont pris la vie de chaque mâle selon tout ce que sa majesté a ordonné ; sauf qu’un de ces enfants du prince de Koush a été amené vivant comme prisonnier avec leur famille à sa majesté… ».
Cela vous rappelle quelque chose ? Exode 1 : 22 rapporte l’ordre du pharaon de détruire les enfants mâles nés de mères hébraïques : « Alors Pharaon donna cet ordre à tout son peuple : Vous jetterez dans le fleuve tout garçon qui naîtra, et vous laisserez vivre toutes les filles. » Moïse, bien sûr, a été miraculeusement épargné, placé dans un panier sur le Nil et retrouvé par « la fille du pharaon ».
S’agit-il d’Hatchepsout, la fille royale de Thoutmôsis I er , épouse et demi-sœur de Thoutmôsis II ?
Hatchepsout
Hatchepsout n’a pas réussi à produire un héritier mâle pour Thoutmôsis II, qui a conçu son successeur, Thoutmôsis III, par l’intermédiaire d’une concubine nommée Iset. Cette absence de fils aurait-elle pu constituer une raison supplémentaire pour Hatchepsout d’adopter Moïse ? (Notamment, le surnom choisi, « Mose » ou « Moïse », était un nom et un composant de nom égyptien courant à cette époque, c’est-à-dire Thoutmôsis).
Thoutmôsis III n’avait que deux ans quand son père est mort, aussi Hatchepsout a initié une corégence de 22 ans avec Thoutmosis III et est devenue un puissant pharaon à part entière. Du règne d’Hatchepsout, nous tirons des informations intéressantes qui permettent de l’identifier comme la fameuse « fille de pharaon » mentionnée dans l’Exode. Hatchepsout se désignait souvent sur les monuments comme la « fille » royale du pharaon (bien que son père Thoutmôsis I
er ait été mort depuis longtemps), soulignant apparemment son hérédité royale.
Sir William Flinders Petrie (le « père de l’archéologie égyptienne ») a noté que l’activité du pharaon Hatchepsout « semble avoir été entièrement consacrée à des entreprises pacifiques », à « une époque de tranquillité pour le royaume » (A History of Egypt ;Une Histoire de l’Égypte, Vol. II). Une inscription remarquable sur la façade de son temple à Speos Artemidos se lit en partie comme suit : « mon esprit s’est tourné vers les étrangers [...] les peuples Roshau et Iuu ne se sont pas cachés de moi. » Une autre inscription décrit un « cœur plein d’amour ». Ces sentiments extraordinaires correspondent bien à la description biblique d’une « fille de pharaon » qui a adopté un enfant étranger.
Malheureusement, l’héritage pacifique de 22 ans d’Hatchepsout a fini par être détruit. Par qui ? De nombreux spécialistes identifient le coupable comme étant le père de Thoutmôsis IV, le pharaon de l’Exode. Ce pharaon a complètement détruit et défiguré les monuments, les statues et les inscriptions d’Hatchepsout, les recouvrant de plâtre et les réinscrivant avec d’autres textes. Cet acte de damnatio memoriae était systématique et quasi-total.
Pourquoi cette suppression au vitriol de l’héritage d’Hatchepsout ? Certains chercheurs avancent que c’est simplement parce qu’elle était une femme souveraine. Mais cela ne suffit pas. L’histoire est-elle plus complexe ? Le pharaon de l’Exode a-t-il cherché à éradiquer la mémoire d’Hatchepsout parce qu’il n’appréciait pas son affection « pour les peuples étrangers » ? A-t-il reproché à Hatchepsout d’avoir nourri Moïse à la cour royale d’Égypte et d’avoir provoqué les événements qui ont conduit à l’exode dramatique d’Israël et à la ruine de l’Égypte ?
Thoutmôsis III
En comptant sa corégence avec Hatchepsout, Thoutmôsis III a régné 54 ans, l’un des plus longs de l’histoire égyptienne. En tant que monarque unique, Thoutmôsis III a commencé à se forger la réputation du pharaon le plus grand et le plus puissant d’Égypte. Il a été incontestablement le plus grand conquérant de l’Égypte. Grâce à ses nombreuses campagnes, ce « Napoléon d’Égypte » (comme on l’appelle parfois) a créé le plus grand empire que l’Égypte ait jamais connu.
Il est facile d’imaginer le pharaon de l’Exode comme le souverain le plus impressionnant d’Égypte. Mais, logiquement, il est plus rationnel que cet éloge soit fait au pharaon qui l’a précédé. En effet, c’est en association avec le règne du père du pharaon de l’Exode, juste avant l’appel divin de Moïse à sauver les Israélites, que les Israélites « gémissaient encore sous la servitude, et poussaient des cris. Ces cris, que leur arrachait la servitude, montèrent jusqu’à Dieu » (Exode 2 : 23).
Le règne de Thoutmôsis III s’étend sur une grande partie de la première moitié du 15e siècle avant notre ère. Pendant cette période, il y a une bonne concordance chronologique avec la présence de Moïse à la cour royale d’Égypte, puis avec sa fuite dans le désert de Madian où il a vécu pendant une longue période. Exode 2 : 23 dit : « Longtemps après [pendant que Moïse était à Madian], le roi d’Égypte [Thoutmôsis III] mourut… ». L’expression « longtemps après » n’est pas seulement une référence claire au long séjour de Moïse à Madian, c’est aussi une référence évidente au long règne du pharaon d’Égypte à cette époque. En bref, il s’agit probablement du pharaon Thoutmôsis III, l'un des monarques qui a régné le plus longtemps en l'Égypte.
Si Thoutmôsis III a précédé le pharaon de l’Exode, alors son fils premier-né et héritier présomptif, le prince royal Amenemhat—serait vraisemblablement le pharaon de l’Exode. Mais dans les archives égyptiennes, Amenemhat est à peine une note de bas de page historique. Pourquoi ? Parce que le fils aîné de Thoutmôsis III est mort avant son père ! À la mort du pharaon Thoutmôsis III, le trône d’Égypte a été hérité par un fils qui n’était pas le premier-né. Son nom ?
Amenhotep II.
Faites la connaissance d’Amenhotep II
Les archives égyptiennes montrent que le pharaon Amenhotep II est monté sur le trône à l’âge de 18 ans et a régné pendant 26 ans. Son règne a commencé de manière rigoureuse, le jeune roi suivant les traces de son puissant père. Plusieurs inscriptions royales montrent qu’Amenhotep II a lancé trois campagnes militaires massives ; ces conquêtes ont eu lieu au cours de la première moitié de son règne, en l’an 3, 7 et 9. Au cours de sa troisième campagne, Amenhotep II aurait importé en Égypte plus de 101 000 captifs du Levant (le plus grand nombre d’esclaves jamais amené en Égypte par un pharaon).
Une telle quantité d’esclaves nécessite naturellement des maîtres esclavagistes. Et il n’y en a pas de plus célèbre que le vizir Rekhmirê, l’un des principaux fonctionnaires d’Amenhotep II. Les murs de sa tombe, datant du milieu du 15e siècle, sont ornés de peintures d’esclaves sémites fabriquant des briques à partir de boue, d’eau et de paille (selon la recette précise décrite en Exode 5). Une inscription dans la tombe de Rekhmirê se lit comme suit : « Réjouis-toi, ô prince, toutes tes affaires sont florissantes. Les réserves du trésor débordent… ».
Comparez cela avec Exode 1 : 11, qui dit explicitement que les esclaves israélites ont construit des « villes-trésors » (selon la traduction King James). Il est intéressant de noter que la version de la Septante d’Exode 1 : 11, datant du troisième siècle avant notre ère, identifie Héliopolis comme une ville-trésor égyptienne de premier plan à cette époque. Cette même ville est à plusieurs reprises associée à Amenhotep II sur d’anciennes inscriptions ; plusieurs inscriptions font référence au pharaon comme « Amenhotep, le dieu qui règne à Héliopolis. »
Si ses conquêtes et ses projets de construction ne sont pas aussi impressionnants que ceux de ses pères, le pharaon Amenhotep II est tristement célèbre pour une autre raison : sa cruauté.
Ce point est longuement souligné dans l’ouvrage de Manuelian sur Amenhotep II, qui fait autorité en la matière, Studies in the Reign of Amenophis ii (Études du règne d’Aménophis II ; « Aménophis » est la forme grecque classique du nom d’Amenhotep). Manuelian écrit que les stèles d’Amada et d’Éléphantine du pharaon « semblent mettre l’accent avant tout sur la glorification du roi à travers des exemples de cruauté excessive. Bien que le motif littéraire et artistique d’un pharaon frappant ses ennemis ait une histoire aussi longue que celle de l’unification des Deux Terres elle-même [le début du Nouvel Empire, avec le règne d’Ahmôsis I er], Aménophis a peut-être poussé l’impitoyabilité royale à de nouveaux extrêmes . […] [Ses inscriptions révèlent] un penchant pour ce qui semble être une narration presque désinvolte du traitement sanglant infligé par le roi à ses ennemis. »
Les inscriptions documentant la campagne de l’an 3 d’Amenhotep II, par exemple, montrent comment il a transporté les chefs ennemis attachés la tête en bas à la proue de son navire royal, avant de les clouer—sans leurs mains—aux murs de Thèbes et de Napata.
« Les récits de Karnak et de Memphis décrivent tous deux la puissance et la brutalité du roi », explique Manuelian. Il souligne une « affaire plutôt macabre » dans laquelle, lors de sa campagne de l’an 9, Amenhotep II a ordonné de creuser des tranchées qu’il a ensuite remplies de prisonniers qu’il a embrasés dans « un holocauste ardent ». « Un tel traitement brutal de ses ennemis [lors de la campagne de l’an 9] ne devrait pas nous surprendre dans le cas d’Amenhotep II », si l’on se réfère aux précédents de ses campagnes antérieures, écrit Manuelian. Ces récits textuels vont également de pair avec diverses représentations artistiques en Égypte du pharaon en campagne—des scènes qui « dépeignent le roi dans son char avec des captifs ligotés [...] attachés au châssis. »
Comparez ce bilan avec le texte biblique, qui décrit à plusieurs reprises le pharaon de l’Exode comme ayant un « cœur endurci ». Est-il possible de trouver mieux qu’Amenhotep II—un pharaon d’une « cruauté excessive », qui a atteint de « nouveaux extrêmes de comportement royal impitoyable » ?
L’observation la plus remarquable concernant les archives archéologiques d’Amenhotep II porte sur la dernière moitié de son règne de 26 ans. En bref, il est pratiquement inexistant !
Que s’est-il passé ?
Amenhotep II est connu pour avoir mené des campagnes au cours des années 3, 7 et 9. Mais après sa troisième campagne, nous n’avons pratiquement aucune trace de son règne. « Du reste de son règne », écrit Sir William Petrie, « nous ne savons rien. » Selon Manuelian, ce « silence [...] joue un rôle trop important dans l’évaluation de la politique d’Aménophis II, car pas un seul texte n’a survécu qui décrit un acte ou un décret majeur d’une quelconque importance historique. »
Il en va de même pour ses monuments, dont aucun, comme l’écrit Petrie, ne peut être « daté au-delà de la cinquième année ». De plus, parmi les monuments que nous possédons du règne d’Amenhotep II, certains ne sont manifestement que partiellement achevés. « Rien ne nous paraît plus extraordinaire que l’état de dommage et de désordre dans lequel les bâtiments les plus importants d’Égypte semblent être restés », écrit Petrie. « Les œuvres les plus imposantes sont restées au milieu de salles à moitié détruites et inachevées pendant tout un règne ; d’autres parties ont été murées pour cacher des monuments offensants ; d’autres structures étaient soit incomplètes, soit à moitié détruites » (ibid).
Que s’est-il passé à la fin du règne d’Amenhotep II ? Pourquoi son règne a-t-il été si court, du moins comparé à celui de son père ? Comme le note Manuelian, Amenhotep II était jeune et en bonne santé ; on peut dire qu’il est connu comme le pharaon le plus athlétique d’Égypte. Pourtant, Amenhotep II est mort au début de la quarantaine—un âge corroboré par l’analyse de sa momie (CG 61069, de la tombe KV35 ; voir encadré page 14).
En 1907, lorsque le corps momifié d’Amenhotep II a été désenveloppé, les scientifiques ont remarqué la présence de tubérosités inhabituelles sur tout le corps. Graften Elliot Smitt, qui a étudié le cadavre, s’est demandé si les tubérosités s’étaient développées au cours du processus d’embaumement ou si elles étaient plutôt le produit d’une maladie. La cause exacte de sa mort n’est pas connue, mais la preuve d’une maladie correspondrait certainement au récit biblique des fléaux.
Il y a une inscription particulière datant de l’an 23 du règne d’Amenhotep II. Dans une lettre singulière adressée à Ousersatet, son vice-roi en Nubie, Amenhotep II s’est plaint de la « nullité totale » et du « manque de fiabilité » des habitants du Levant. Il mettait en garde Ousersatet contre les étrangers gouvernés par son vice-roi. « Ne vous fiez pas aux Nubiens, mais méfiez-vous de leur peuple et de leurs magiciens », prévenait-il. « N’écoutez pas leurs paroles et ne tenez pas compte de leur message. (Ousersatet a été manifestement si impressionné par cette lettre qu’il la fit graver dans la pierre, préservant ainsi le texte, connu sous le nom de stèle Semna de Ousersatet).
Pourquoi Amenhotep II avait-il à l’esprit les dangers que représentaient les étrangers—et en particulier leurs magiciens—si tard dans son règne ? Est-ce une coïncidence si le texte biblique décrit également l’échec lamentable des magiciens égyptiens devant Moïse et Aaron (Exode 8 : 14-15) ?
Personne d’autre ?
Dans le domaine de l’archéologie biblique, les scientifiques parlent parfois de synchronismes. Ce terme désigne la convergence de plusieurs facteurs uniques ou indépendants à l’appui d’une conclusion générale. Une seule découverte de référence textuelle prise isolément peut rester peu convaincante ou spéculative, mais une série de synchronismes de ce type permet d’aboutir à une conclusion logique.
En étudiant l’histoire de l’Égypte en parallèle avec le texte biblique, on ne peut s’empêcher de relever une multitude de synchronismes. Rappelons l'assassinat systématique d’enfants de sexe masculin commandé par Thoutmôsis II, l’absence de fils d’Hatchepsout et sa bienveillance à l’égard des étrangers, la puissance inégalée de Thoutmôsis III. Il y a ensuite la cruauté d’Amenhotep II, sa destruction des monuments d’Hatchepsout, sa méfiance à l’égard des magiciens étrangers, son corps criblé de tubérosités et la disparition de la seconde moitié de son règne. Rappelons l’accession surprise de Thoutmôsis IV, les nomades adorateurs de YHWH mentionnés par Amenhotep III, et la répudiation finale par Akhenaton du nom même d’Amenhotep et son rejet total des nombreux dieux de l’Égypte (tout cela alors que Canaan était en train d’être conquise par les « Apirous »). Tous ces récits correspondent directement au texte biblique—non seulement en substance mais aussi en chronologie !
À première vue, les possibilités d’identification du pharaon de l’Exode ne manquent pas. Mais en creusant dans les détails, on s’aperçoit qu’aucune autre période, dynastie ou pharaon égyptien n’est aussi proche du texte biblique que le pharaon de la dynastie thoutmôside du Nouvel Empire, Amenhotep II !
Ainsi, parmi la multiplicité des théories sur l’identité du pharaon de l’Exode émises par les spécialistes anciens et modernes, faut-il s’étonner que les tout premiers historiens à avoir mentionné son nom—des Égyptiens, en l’occurrence—aient vu juste ? Il y a plus de 2000 ans, Manéthon et Chérémon—tous deux prêtres et historiens égyptiens—ont affirmé que le pharaon de l’Exode était, comme ils l’ont identifié dans leur langue grecque ptolémaïque, le pharaon Aménophis.
Amenhotep (II), pharaon de l’Exode.