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Qu’est-ce qu’un mur en casemate ?
Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit lorsque vous pensez à une ligne de fortification autour d’une ville ancienne ? Probablement un mur ferme et solide—à la fois large et haut, suffisamment fort pour protéger la population à l’intérieur contre les attaques extérieures.
En effet, des remparts solides autour d’une ville sont une méthode courante de fortification. Mais une autre méthode, commune au sud du Levant (en particulier à l’âge du Fer) est le mur en casemate.
Un mur en casemate est une ligne de fortification composée essentiellement de deux murs parallèles—un « double mur »—séparés par un espace entre les deux. Ces murs parallèles sont généralement d’une largeur individuelle beaucoup plus étroite que celle d’un mur de fortification épais. En temps de paix, les chambres ouvertes entre ces murs parallèles peuvent être utilisées pour le stockage ou même comme habitation. En temps de guerre, cependant, ces espaces ouverts peuvent être remplis de roches et de terre, transformant essentiellement les deux murs parallèles plus faibles en une seule construction massive et solide. Tout dépendant de la distance entre les murs parallèles en casemate—le mur intérieur et le mur extérieur—une fois remplis comme une seule unité, ces murs peuvent être encore plus denses qu’une construction typique de rempart. En outre, un tel remplissage de matériaux plus meubles (y compris de la terre) à l’intérieur des murs en casemate peut présenter l’avantage de mieux parer les coups de l’équipement de siège.
Bien entendu, les deux formes de murs (solides et en casemate) présentent des avantages et des inconvénients. Là encore, le mur en casemate est un style de construction particulièrement récurrent dans l’ancien Israël, atteignant son apogée au début de l’âge du Fer. Au fur et à mesure que les armes de siège s’améliorèrent (en particulier celles de l’empire néo-assyrien), il y eut finalement une transition vers différentes formes de construction de murs solides pour résister aux attaques.
À l’origine, on croyait que les murs en casemate étaient une invention hittite, importée en Israël depuis le nord. À l’heure actuelle, cependant, les premiers exemples de murs en casemate ont été découverts sur différents sites en Israël, certains datant du 16e siècle av. J.-C. (comme à Tel Ta’anach).
La Bible fait allusion aux casemates dans plusieurs passages. L’avertissement du prophète Ésaïe au chapitre 22 fait allusion à ces murs et aux préparatifs effectués avant l’invasion de Sanchérib : « Vous regardez les brèches nombreuses faites à la ville de David, […] Vous comptez les maisons de Jérusalem, et vous les abattez, pour fortifier la muraille » (versets 9-10). Cela suggère que les habitations intérieures ont été démantelés et que les décombres ont servi à remplir les murs en casemate autour de la ville.
Un autre exemple bien connu est celui de la maison de la prostituée Rahab dans la ville de Jéricho. Josué 2 : 15 se lit comme suit : « Elle [Rahab] les fit descendre [les deux espions] avec une corde par la fenêtre, car la maison qu’elle habitait était sur la muraille de la ville. » Le mot hébreu pour « sur » est en fait dans. Ainsi, la dernière moitié de ce verset se lit plus littéralement « car la maison qu’elle habitait était dans la muraille de la ville ». Bien sûr, un tel langage ne semble pas avoir beaucoup de sens à première vue—jusqu’à ce qu’on le considère à la lumière d’un mur en casemate et de la pratique aujourd’hui reconnue de vivre dans de telles divisions « murales ».