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Profiter de l’autoritarisme

Dmitry Astakhov/AFP/Getty Images

Profiter de l’autoritarisme

Le président de la Russie a fait part de ses intentions de détenir le pouvoir au-delà de la limite légale. Peu de gens sont étonnés—et personne ne peut l’arrêter.

Vladimir Poutine ignore les remontrances récentes venant de l’Ouest. Remontrances pour son retour aux tactiques de gouvernement de style communiste. Remontrances au sujet de l’importance de la démocratie. Remontrances de gens authentiquement concernés de ce que la Russie est devenue un peu trop puissante pour que ce soit pour le bien de tous.

Le président Poutine peut bien se permettre d’ignorer ces remontrances.

La plupart des gens, en Occident n’ont pas versé de larmes après que l’Union soviétique a été dissoute, et que la Russie a trébuché et a été dans la confusion, dans les années 1990. Vladimir Poutine partage le sentiment de la plupart de ses concitoyens, savoir que les années 1990 ont été une décennie d’humiliation. Depuis qu’il assume la présidence, en 2000, le judicieux ex-agent du KGB s’est attelé à remettre les choses en place. Et il a, en grande partie, réussi.

Il a systématiquement rationalisé l’architecture politique de sa nation de manière à augmenter son pouvoir personnel. Il a consolidé et a nationalisé les ressources énergétiques formidables de sa nation, et les a utilisées comme armes de politique étrangère. Il a supervisé la reprise économique, conduite par le pétrole et le gaz. Il a reconstruit l’armée de sa nation.

Chemin faisant, V. Poutine a brutalement écrasé un soulèvement en Tchétchénie, a pris des mesures autoritaires contre des médias russes indépendants, a attaqué des organisations de droits de l’homme, et a réduit ses rivaux au silence. Son gouvernement a été impliqué dans plusieurs incidents louches: l’empoisonnement du candidat pro-occidental, au poste présidentiel, Viktor Yushchenko, avant les élections de 2004, en Ukraine; une cyberattaque massive contre l’Estonie après que ce pays a déplacé une statue importante de l’ère soviétique; le meurtre de la journaliste Anna Politkovskaya; l’empoisonnement mortel d’Alexandre Litvinenko, un ancien espion qui était devenu très critique à l’égard de V. Poutine.

Bref, V. Poutine a opéré un retour remarquable et résolu vers la prééminence internationale et la puissance de la Russie—et cela, dans le style autoritaire russe classique.

Et tandis que les étrangers lui font nerveusement des remontrances, la popularité de V. Poutine, au sein de son peuple, fait un bond entre 70 et 80 pour cent.

«Des âmes modelées par le tsarisme»

Apparemment, la plupart des Russes ne rejettent pas l’autoritarisme. C’est dans leur sang. Les efforts post-soviétiques pour refaire de Moscou un gouvernement représentatif n’a pas pu effacer le cachet indélébile que les siècles de règne tsariste despotique, et de règne communiste, ont laissé sur des générations d’esprits russes.

Dans son livre Notre Culture—ce qu’il en reste, Théodore Dalrymple donne un compte-rendu de l’ouvrage du Marquis de Custine La Russie en 1839, une analyse très perspicace de la société russe, sous le règne des tsars. Il écrit: «Se reposant sur sa compréhension du caractère russe, Custine a pu prophétiser [en 1843] que, dans deux ou trois générations, il se produirait un cataclysme violent qui ne signifierait pas la libération mais une reprise, en plus épouvantable, d’une forme de despotisme, car des hommes avec des âmes modelées par le tsarisme n’auraient aucune vocation pour la liberté», écrit T. Dalrymple. «Le trouble que la Russie a connu en échappant au legs du communisme n’aurait en rien étonné Custine, et il ne se serait pas attendu, non plus, à une issue heureuse, à aucun moment, dans un avenir prévisible.»

Il est donc peu étonnant que les remontrances venant de l’étranger (et, à ce point, c’est l’ampleur de la réponse internationale au retour de la Russie vers l’autoritarisme) n’aient rien fait pour refréner les actions de V. Poutine.

En fait, avec l’Amérique embourbée au Moyen-Orient, avec l’Europe encore très dépendante du pétrole et du gaz de la Russie, avec la Chine et d’autres nations asiatiques qui renforcent des liens avec Moscou, avec ses ennemis intérieurs réduits au silence, et son peuple derrière lui, Vladimir Poutine est remarquablement libre pour modeler l’avenir de sa nation comme il le souhaite.

«Le début de l’ère Poutine»

Il y a un léger problème sur la route: la Constitution (adopté en 1993) exige que V. Poutine quitte la présidence quand son deuxième mandat de quatre ans atteindra son terme, le 2 mars. Il devient clair maintenant qu’il contournera cette limitation avec facilité.

Les spéculations sur la façon dont il s’y prendrait ont été bon train, pendant des années. Le 12 septembre, les réponses ont commencé à venir. Conformément à un modèle d’actions fortes qu’il a prises, lors de sa présidence, de manière à consolider son pouvoir, V. Poutine a renvoyé le Premier ministre et a dissous le gouvernement. Le Premier ministre a prétendu avoir demandé cette action parce que, selon Fox News, «avec l’approche des élections, Poutine a eu besoin d’avoir les mains libres pour prendre des décisions, y compris celles concernant les nominations» (12 septembre). V. Poutine a installé un virtuel inconnu à la présidence.

Puis, le 1er octobre, V. Poutine a fourni un indice solide sur la façon dont il s’y prendrait: Il a suggéré qu’après les élections, qu’il puisse assumer la fonction de premier ministre lui-même. La Constitution russe est assez ambiguë pour que, avec un simple vote à la majorité, au Parlement, il puisse réinventer le poste pour qu’il devienne le plus puissant de la nation, réduisant la présidence à un cérémonial.

De plus, V. Poutine a rompu avec sa politique de frein des adhésions dans un parti politique. Le 1er octobre, lors d’un congrès de parti, le parti principal de la Russie, la Russie unie, a invité le président à le rejoindre; V. Poutine a répondu: «J’accepte avec reconnaissance votre proposition d’être à la tête de Russie unie»—marquant ainsi son entrée dans la politique parlementaire.

V. Poutine a dit qu’il est en faveur d’un allongement du mandat présidentiel à cinq ou sept ans, mais qu’il ne changera pas la Constitution, alors qu’il est président. Ce commentaire a poussé à spéculer sur le fait qu’il pourrait la changer une fois qu’il serait Premier ministre. Le Sunday Times a annoncé qu’un groupe d’anciens officiers du kgb, au Kremlin, le presse de faire cela, et qu’ensuite, après un court laps de temps, en tant que Premier ministre, il réassume la présidence, prolongeant son règne pendant encore 14 ans. «C’est seulement le début de l’ère Poutine», a dit le consultant et analyste politique russe Vyacheslav Nikonov (7 octobre).

«Pour lui, la Russie est une grande puissance, et elle sera de retour comme l’une des plus grandes puissances», a dit un expert pour la Russie, Pierre Lorrain. «Poutine veut être l’homme qui fera cette volte-face» (le Christian Science Monitor, du 4 octobre).

Dans un autre mouvement pour renforcer son pouvoir, V. Poutine a fait passer de nouvelles règles pour les élections qui élimineront presque à coup sûr les dernières pièces de l’opposition parlementaire au président russe. Il se peut que ces règles donnent à Russie unie jusqu’à 75 pour cent des voix dans les élections parlementaires du pays, le 2 décembre.

Conformément aux nouvelles règles, les Russes voteront pour des partis plutôt que pour des candidats. De plus, le Kremlin exige maintenant que chaque parti obtienne 7 pour cent du vote national pour avoir des sièges à la Douma, le corps législatif de la Russie, au lieu de 5 pour cent; et chaque parti doit prouver au Kremlin qu’il a 50 000 membres, au lieu de 10 000, pour être considéré comme un parti officiel.

«C’est la première fois, dans l’histoire post-soviétique, que le Kremlin décide seul de qui peut participer et de qui ne le peut pas», a dit Vladimir Ryzhkov, député d’un parti minoritaire.

Des reportages suggèrent que des partis minoritaires ont été rejetés même s’ils satisfaisaient aux nouveaux standards. Le Parti républicain de V. Ryzhkov a été rejeté cette année sous ces prétextes, quoique V. Ryzhkov ait dit qu’il remplissait aisément les exigences. Le parti L’Autre Russie a également été rejeté.

C’est précisément la sorte de comportement qui donne aux Occidentaux des cauchemars rappelant la Guerre froide. Des leaders européens sont particulièrement nerveux à cause de leur histoire ensanglantée avec la Russie—cela couplé avec leur position très inconfortable de dépendance vis-à-vis de l’énergie russe.

En contraste, l’établissement russe et la plupart des Russes sont flattés. «La plupart des Russes veulent que Poutine reste parce qu’ils estiment qu’il leur rendra leur fierté», dit le politologue russe Vladimir Pozner.

La Russie profite d’un leader autoritaire désireux de ramener sa nation vers le statut de grande puissance qu’il estime qu’elle mérite. Ce développement a des implications dangereuses.

Embrouiller l’Europe

Déjà, V. Poutine s’est montré engagé pour saper la politique américaine et européenne vis-à-vis de l’Iran. Le monde occidental, pratiquement dans son entier, s’est uni, en faisant quelques efforts pour que les armes nucléaires restent loin de cet État qui est commanditaire des terroristes. La Russie de V. Poutine, par contraste, a, de manière provocante, soutenu le programme nucléaire de l’Iran, et a usé de sa position au conseil de sécurité de l’ONU pour arrêter les tentatives—conduites par les États-Unis—pour punir Téhéran. Lors d’une visite dans la capitale iranienne, en octobre, il a précisé que la Russie empêcherait les États de la mer Caspienne de participer à toute frappe militaire des États-Unis contre l’Iran.

Un autre point majeur de contestation, c’est le Kosovo. L’Europe et les États-Unis ont appuyé la demande du Kosovo à l’indépendance vis-à-vis de la Serbie; V. Poutine a dit qu’il soutiendrait la Serbie—un appui qui, à lui seul, a remis en question un sujet épineux que l’Europe avait déjà considéré comme résolu.

«Des Pays baltes aux Balkans, la résurgence de la Russie commence à embrouiller l’Europe; créant des tensions parmi des nations et des craintes d’instabilité ethnique, des disputes de frontières, et des divisions entre les États-Unis et ses partenaires continentaux», rapporte le Christian Science Monitor. «Dans presque chaque relation clef que la Russie a avec l’Europe, le Kremlin sous Vladimir Poutine… a rejeté sa position de retrait pour avoir une place centrale à la table des décisions sur le Kosovo, l’Iran, l’énergie, les alliances militaires et la prolifération nucléaire. Et en tant que fournisseuse clef de gaz naturel pour l’Europe, elle a réussi à agir ainsi avec très peu de risque économique pour elle-même, disent des diplomates et des experts en Europe» (ibid.).

À l’arrière-plan de toute la question, il y a le fait que cette ancienne superpuissance est remplie d’armes nucléaires—un fait que V. Poutine aime rappeler au monde de temps en temps. Le 18 octobre, par exemple, il a annoncé des plans—qualifiés «non seulement de grands, mais de grandioses et… entièrement réalistes»—pour moderniser l’armée de la Russie, et soutenir sa «triade nucléaire» avec de nouveaux missiles, des avions bombardiers et des sous-marins. Non seulement la Russie peut, de manière crédible, soutenir sa politique étrangère par le biais de la menace d’utilisation d’armes de destruction massive, elle peut également partager cette technologie dévastatrice avec quelqu’un qu’elle peut considérer comme un allié dans sa campagne pour aplanir le terrain de jeu mondial.

La prophétie biblique décrit clairement le retour inévitable de la Russie en tant que grande puissance. Elle montre comment la résurgence de la Russie fera s’enflammer et se rapprocher un super état européen—et contribuera par la suite à l’éclatement d’une guerre mondiale très destructrice. (Demandez votre exemplaire gratuit de La Russie et la Chine selon la prophétie.)

Sous Vladimir Poutine, nous sommes témoins de cette transformation qui a lieu sous nos yeux.

Et quoique beaucoup de nations n’aiment pas ce qu’elles voient se dérouler, elles peuvent vraiment peu pour l’arrêter. 

LA TROMPETTE EN BREF

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