Les jarres à vin reconstituées du sixième siècle avant J.-C.[Dafna Gazit | Israel Antiquities Authority]
Nouvelle découverte : les élites de Jérusalem s’abreuvaient de vin à la vanille avant la chute de la ville
Des chercheurs de l’Université de Tel Aviv et de L'Autorité des antiquités d'Israël viennent de publier les résultats surprenants d’une analyse chimique de jarres à vin datant du sixième siècle avant J.-C., récemment découvertes dans la Cité de David : il s’avère que les élites de Jérusalem appréciaient leur vin avec une touche de vanille.
Les résultats ont été révélés dans un article de la revue scientifique PLOS ONE intitulé « Analyse des résidus : preuves d’enrichissement du vin par de la vanille consommée à Jérusalem à la veille de la destruction babylonienne en 586 avant J.C. ». L’étude s’est concentrée sur les résidus organiques laissés sur les récipients de vin découverts dans une strate du sol lors de la destruction babylonienne dans la Cité de David. L’identification de la vanille a été particulièrement surprenante car, comme le souligne le communiqué de presse, cette substance plutôt exotique, « jusqu’à récemment, n’était pas du tout connue pour être disponible dans l’Ancien monde avant l’arrivée de [Christophe] Colomb ». Les chercheurs pensent que l’épice fut probablement importée de l’Orient. « La découverte de la vanille illustre de manière formidable quels produits de luxe sont arrivés ici—probablement de l’Inde et de ses environs ».
Ayala Amir, l’étudiante en doctorat du département d’archéologie et des cultures du Proche-Orient ancien de l’Université de Tel Aviv qui a mené les recherches, a noté : « Les marqueurs de vanille sont une découverte inhabituelle, surtout à la lumière de l’incendie qui se produisit dans les bâtiments où les jarres ont été trouvées. Les résultats de l’analyse des résidus organiques me permettent d’affirmer avec certitude que les jarres contenaient du vin et qu’il était assaisonné de vanille. »
Si la vanille n’est apparemment mentionnée nulle part de manière spécifique dans la Bible, l’utilisation du vin l’est certainement—et notamment du vin épicé (par exemple, Cantique des Cantiques 8 : 2, également traduit par vin parfumé). D’autres vins, comme le vin doux, sont également mentionnés (Ésaïe 49 : 26—selon la version King James).
Le prophète Jérémie, présent à Jérusalem au moment de la chute de la ville aux mains des Babyloniens, décrivit notamment la ville surpeuplée de l’époque comme étant pleine de vin. Le message d’avertissement qu’il relaya de la part de Dieu comparait même la destruction à venir à l’action de fracasser des vases de vin.
Jérémie 13 : 12-15 et 25 déclare : « Tu leur diras cette parole : Ainsi parle l'Éternel, le Dieu d'Israël : Tous les vases [ou jarres/récipients] seront remplis de vin. Et ils te diront : Ne savons-nous pas que tous les vases seront remplis de vin ? Alors dis-leur : Ainsi parle l'Éternel : Voici, je remplirai tous les habitants de ce pays, les rois qui sont assis sur le trône de David, les sacrificateurs, les prophètes, et tous les habitants de Jérusalem, je les remplirai d'ivresse. Je les briserai les uns contre les autres, les pères et les fils ensemble, dit l'Éternel ; je n'épargnerai pas, je n'aurai point de pitié, point de miséricorde, rien ne m'empêchera de les détruire. Écoutez et prêtez l'oreille ! Ne soyez point orgueilleux ! […] tu m'as oublié… ».
La grande réserve de vases à vin a été découverte dans deux endroits différents de la Cité de David, tous deux se rapportant à la même période antérieure à la destruction : l’un, sur les pentes orientales de la Cité de David, dans des fouilles dirigées par les Dr Joe Uziel et Ort al Chalaf (huit vases) ; l’autre, sur le côté ouest de la Cité de David (fouille du stationnement Givati), dirigé par le professeur Yuval Gadot et le Dr Yiftach Shalev (plus de 15 vases). La découverte de Gadot et Shalev a été faite dans ce qui était apparemment une grande cave de stockage de vin—une pièce remplie à ras bord de jarres, « tellement encombrée qu’il était difficile de comprendre comment les gens pouvaient bouger là-dedans ».
Ils ont déclaré ce qui suit au sujet de cette nouvelle recherche : « Jusqu’à présent, nous n’avions pas de preuve directe de l’utilisation de ces jarres. Certains ont suggéré qu’il s’agit du vin ou de l’huile d’olive, mais les récipients eux-mêmes ne fournissaient aucune preuve directe. L’analyse moléculaire nous permet désormais de repousser les limites de la connaissance et de l’imagination. Nous commençons maintenant à reconstituer le puzzle des jarres. Le vin, peut-être, n’est pas une grande surprise, mais le fait qu’il soit assaisonné de vanille est étonnant. »
Uziel et Chalaf ont également fait une déclaration : « L’opportunité de combiner des études scientifiques innovantes en examinant le contenu des jarres nous a rendu possible de découvrir ce qu’ils ont mangé—et dans ce cas—ce qu'ils ont bu à Jérusalem, la veille de la destruction. »
La datation des artefacts et de leur contenu exotique à la veille de la destruction en 586 avant J.-C. rappelle également de manière frappante les paroles du livre d’Ésaïe, concernant une attitude blasée des habitants de la ville (Ésaïe 22 : 13) :
Et voici de la gaîté et de la joie !
On égorge des bœufs et l'on tue des brebis,
On mange de la viande et l'on boit du vin :
Mangeons et buvons, car demain nous mourrons !