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Macron insiste sur une défense européenne indépendante
La ministre allemande de la défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, a écrit dans un article du 2 novembre pour Politico, intitulé « L'Europe a toujours besoin de l'Amérique », que les exigences pour une structure de défense européenne indépendante étaient une « illusion ». Le président français Emmanuel Macron n'était pas du même avis, affirmant que les deux pays travaillaient ensemble pour faire de cette « illusion » une réalité.
Mme Kramp-Karrenbauer a écrit, « Peu importe qui est à la Maison Blanche, nous sommes dans le même bateau... Les illusions sur l'autonomie stratégique européenne doivent cesser : les Européens ne pourront pas remplacer le rôle crucial de l'Amérique en tant que pourvoyeur de la sécurité. »
Macron a répondu : « Je suis tout-à-fait en désaccord... avec l'article d'opinion signé par la ministre allemande de la défense dans Politico. Je pense que c'est une mauvaise interprétation historique. »
Malgré la critique, Mme Kramp-Karrenbauer a réitéré sa position selon laquelle l'Europe ne serait pas en mesure de se défendre elle-même sans les États-Unis dans un avenir prévisible. Macron a toutefois indiqué dans son entrevue qu'il avait coordonné ses déclarations avec un autre politicien allemand de haut rang :
Heureusement, si j'ai bien compris les choses, la [chancelière allemande Angela Merkel] ne partage pas le point de vue de [Mme Kramp-Karrenbauer]. Mais les États-Unis ne nous respecteront en tant qu'alliés, que si nous sommes sérieux et si nous sommes souverains en ce qui a trait à notre défense. Par conséquent, je pense qu'au contraire, le changement d'administration en Amérique est une occasion de poursuivre, d'une manière totalement pacifique et calme, ce que les alliés doivent comprendre entre eux, c'est à dire que nous devons continuer à construire notre indépendance pour nous-mêmes, comme les États-Unis le font pour eux-mêmes et la Chine le fait pour elle-même.
Macron prétend que ses vues s'alignent sur celles de la chancelière Merkel, bien qu'elle le dise beaucoup moins ouvertement.
Macron a déclaré au Grand Continent dans une interview publiée le 12 novembre :
Il y a trois ans, lorsque j'ai parlé de la souveraineté européenne et de son autonomie stratégique, j'ai été pris pour un fou, et ces idées ont été rejetées comme un caprice français. Nous avons réussi à faire bouger les choses. En Europe, ces idées ont pris racine. Nous avons construit des capacités de défense européennes, bien que cela ait été considéré comme impensable. Nous avons fait des progrès dans le domaine de l'autonomie technologique et stratégique, alors que les gens étaient surpris quand j'ai commencé à parler de souveraineté sur la 5G. Alors tout d’abord, il y a un travail idéologique qui doit être fait, et c'est urgent. C'est une question de concevoir les termes de la souveraineté européenne et de son autonomie stratégique, pour que nous puissions avoir notre propre mot à dire et ne pas devenir le vassal de tel ou tel puissance et ne plus avoir notre mot à dire.
Macron critiqua aussi le Conseil de sécurité des Nations Unies : « Je dois dire que le Conseil de sécurité de l'ONU ne produit plus de solutions utiles aujourd'hui ; nous avons tous notre responsabilité à porter lorsque certains, comme l'OMS [l'Organisation mondiale de la santé], se trouvent otages des crises du multilatéralisme. » L'an dernier, Macron accusait l'Organisation du traité de l'Atlantique nord d'être en état de « mort cérébrale ».
À propos des déclarations virulentes de Macron contre l'OTAN, le rédacteur en chef de la Trompette, Gerald Flurry, écrit dans le numéro de mars 2020 de la Trompette : « Une tendance claire se dessine : le président Macron exige ce que l'Allemagne veut. Je ne crois pas que Macron dirait jamais ce qu'il a dit, à moins que l'Allemagne ne l'ait approuvé. Il agit comme une sorte de marionnette de l'Allemagne. »
Mme Kramp-Karrenbauer affirme qu'elle souhaite s'appuyer sur le leadership des États-Unis en matière de politique de sécurité. Mais à bien des égards, les industries militaires allemandes et françaises ont un plan différent. L'Allemagne et la France, ainsi que d'autres pays européens, ont de nombreux projets communs, y compris la création de nouveaux systèmes de combat aérien et terrestre. Bien que certains en Allemagne puissent prêter serment d'allégeance aux États-Unis, beaucoup de choses se passent dans les coulisses avec le but de se préparer pour l'indépendance de l'Europe.
En février, l'Allemagne et la France ont signé un contrat de 161,8 millions de dollars « pour développer un prototype de la nouvelle génération d'avions de combat, un projet considéré comme vital pour que l'Europe puisse se défendre sans compter sur des alliés dans un monde devenu de plus en plus incertain », a souligné Reuters.
L'Allemagne et la France ont aussi décidé de construire conjointement un nouveau char de combat—« un système d'arme principal à double capacité équipé des plus récentes technologies », a souligné Faz.net le 24 novembre. Le char de combat principal Léopard 3, ou le principal système de combat au sol, est conçu pour remplacer les stocks existants d'ici 2030. Il est déjà prévu que le nouveau char devienne le char le plus puissant au monde. Pour faire de ce projet visionnaire une réalité, l'Allemagne et la France produisent conjointement le nouveau char de combat principal européen.
L'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l'Italie et la Grèce ont convenu de construire l'hélicoptère de la nouvelle génération de l'alliance, qui devrait remplacer les flottes existantes à partir de 2035, a indiqué Defense News le 21 novembre.
Au cours des deux dernières années, l'Allemagne, la France, l'Italie et l'Espagne ont mené une étude visant à développer un drone de reconnaissance armé européen, de classe MALE (Moyenne-Altitude Longue-Endurance). « Dans ce projet européen », European Security and Technology a souligné, « l'Allemagne a assumé officiellement le rôle de dirigeant dès le début et a ainsi appliqué le principe de la nation chef de file pour la première fois, que l'on retrouve également dans les projets d'armement européens les plus récents. L’OCCAR (l'Organisation conjointe de coopération en matière d'armements) s'est vu confié la gestion multinationale du projet. »
Ces dernières années, l'Allemagne et la France ont également pris les devants dans le développement de capacités de transport aérien indépendantes des États-Unis. En 2014, le Joint Air Power Competence Centre Journal écrivait : « L'exécution des commandes de l'A400M ne fera pas que d'aider les pays européens à devenir des facilitateurs mondial de contingence mais il leur permettra d'agir et d'opérer seuls pour des opérations strictement européennes. »
Les industries européennes d'armements font également pression pour se libérer du Règlement sur le trafic international des armes (ITAR). Par l'entremise d’ITAR, les États-Unis se réservent la prérogative de décider ce qu'il advient des armes qui utilisent les technologies et les composants américains. Les États-Unis peuvent, dans ce cas, restreindre l'exportation de ces armes. Cela permet aussi aux États-Unis de voir le plan de construction complet des objets dans lesquels des composants soumis à ITAR sont utilisés. Die Welt am Sonntag a qualifié ces règlements de « l'une des réglementations d'exportation les plus complètes aux États-Unis ». (« Libre d'ITAR—C'est ainsi que l'Armée européenne veut se libérer des diktats américains. »)
Cela permettra à l'Europe de développer des technologies dont les États-Unis ne savent rien.
Alors que certains en Allemagne proclament une alliance avec les États-Unis, l'Allemagne se prépare à devenir indépendante de l'Amérique.
Le 7 juin, 2019, Die Welt rapportait que l'armée allemande développait des armes hypersoniques qui atteignent leur cible à cinq fois la vitesse du son. L'Allemagne travaille aussi sur de nouvelles technologies d'armes laser. MBDA Germany et Rheinmetall travaillent depuis des années sur le développement d'armes laser. En février, Rheinmetall a testé avec succès une nouvelle station d'armes laser.
Le 21 septembre, le Centre d’opérations aériennes et spatiales de la Bundeswehr (ASOC) a entrepris une nouvelle opération à Uedem, en Rhénanie du Nord-Westphalie. La ministre de la Défense Kramp-Karrenbauer a qualifié le nouveau programme de première étape dans la planification et la conduite des opérations spatiales.
Les projets d'un parapluie nucléaire européen indépendant sont également discutés ouvertement. L'Allemagne effectue même des exercices militaires pour utiliser les bombes nucléaires américaines stationnées en Allemagne.
« La France est peut être celle qui appelle à une puissante armée européenne, mais c’est l'Allemagne qui a le pouvoir de la créer ! Les gens n'en parlent pas parce qu'ils ne veulent pas faire face à la réalité », a écrit M. Flurry dans La France ressuscite le Saint Empire romain.
« Macron annonce la venue de cette armée européenne », a-t-il poursuivi. « Mais c'est l'Allemagne qui fera que cela se produise, que le reste de l'Europe l'aime ou non, et beaucoup d'entre eux ne vont pas l'aimer ! La Bible révèle dans Apocalypse 17 et d'autres passages que l'Union européenne sera réduite à 10 nations ou 10 rois. »
Apocalypse 17 : 12-13 se lit ainsi : « Les dix cornes que tu as vues sont dix rois, qui n'ont pas encore reçu de royaume, mais qui reçoivent autorité comme rois pendant une heure avec la bête. Ils ont un même dessein, et ils donnent leur puissance et leur autorité à la bête. »
« Ceci prophétise que ces nations seront ancrées à l'Allemagne ! » a expliqué M. Flurry. « La France parmi tous ces pays est la première à l'admettre ! La demande de Macron pour que la France s'allie à l'Allemagne et à l'Église Catholique romaine accomplit cette prophétie à merveille ! »
Pour en apprendre plus sur la manière dont la France agit à la demande de l'Allemagne et travaille à l'établissement d'un empire européen unifié, qui sera la résurrection de l'ancien Saint-Empire romain, lisez l'article de M. Flurry La France ressuscite le Saint Empire romain.