La ville côtière syrienne de Lattaquié le 28 décembre 2021. [STR/XINHUA VIA GETTY IMAGES]
Les frappes aériennes israéliennes vont-elles chasser l'Iran de la Syrie ?
Une fumée noire a recouvert l'horizon de la ville côtière syrienne de Lattaquié le 28 décembre après qu'une frappe aérienne israélienne ait visé la zone de stockage des conteneurs d'expédition du port. Les pompiers syriens ont travaillé jour et nuit pour contenir et éteindre les incendies, ce qui a conduit de nombreux journalistes à penser que les conteneurs visés stockaient des matériaux inflammables, probablement des munitions et des missiles iraniens à destination du Hezbollah au Liban.
« Ces explosions et ces énormes incendies ont été provoqués par les explosions des munitions stockées dans un entrepôt proche des cargaisons commerciales », a déclaré à Reuters une source portuaire anonyme, affirmant que les munitions iraniennes venaient d'arriver en décembre dernier.
BREAKING: #Israel is attacking Latakia Port in #Syria with cruise missiles.
— Joyce Karam (@Joyce_Karam) December 28, 2021
Video of heavy strikes reportedly targeting cargo area (@ELINTNews) and damaging nearby buildings: pic.twitter.com/RaBcD83kZ7
Même si les frappes aériennes contre ce port sont rares, une attaque similaire a eu lieu dans la même installation le 7 décembre.
Le 3 janvier, le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a réaffirmé qu'« Israël ne permettra pas à l'Iran d'acheminer des armes de rupture d'équilibre à ses mandataires et de menacer nos citoyens ». Il n'a toutefois pas fait de commentaire sur l'attaque.
Bien qu'Israël n'ait pas officiellement revendiqué ces deux attaques, elles suivent un modèle israélien bien établi. Un aspect essentiel de la politique de défense d'Israël consiste à frapper de manière proactive des cibles iraniennes en Syrie avant qu'elles ne soient suffisamment proches pour menacer Israël et pour empêcher l'Iran de s'implanter davantage chez le voisin du nord d'Israël. Cela s'est traduit par des centaines de frappes aériennes depuis que la guerre civile syrienne a éclaté en 2011.
Lorsque la guerre civile a éclaté, l'Iran s'est empressé d'apporter son soutien au président syrien Bachar Assad et a depuis continué à soutenir son régime. L'Iran a fourni à M. Assad des dizaines de milliers de mercenaires chiites en provenance d'Afghanistan et du Pakistan et a ordonné à des milliers de combattants de son mandataire libanais, le Hezbollah, de traverser la frontière syrienne. En retour, la Syrie a payé des entreprises iraniennes pour reconstruire ses infrastructures, telles que des centrales électriques et des moulins à grains, et leur a permis d'opérer relativement librement à l'intérieur de ses frontières.
La relation de l'Iran avec la Syrie est avant tout une question de logistique. Pour l'Iran, le Sud-est de la Syrie est tout à fait une autoroute permettant de transporter des munitions, des missiles, du pétrole et des soldats de l'Iran vers le Hezbollah. De là, attaquer Israël n'est plus qu'a un jet de pierre. L'Iran contrôle déjà une grande partie de l'Irak et du Liban. La Syrie est sa dernière frontière pour réaliser pleinement cette autoroute chiite. C'est pourquoi Israël a mené tant de frappes aériennes, notamment dans le Sud-est de la Syrie. Ces revers ont poussé l'Iran à chercher une méthode alternative pour approvisionner le Hezbollah.
Au printemps 2019, la Syrie a accepté de louer le terminal à conteneurs du port de Lattaquié, sur la mer Méditerranée, à une entreprise affiliée au Corps des gardiens de la révolution iranienne. Si l'on pense généralement que le contrat est ensuite tombé à l'eau, de nombreux cas—comme celui-ci—montrent que l'Iran a toujours été autorisé à utiliser ce port pour la contrebande de pétrole et d'armes.
Par conséquent, la Syrie continue de payer un lourd tribut en autorisant l'Iran à opérer sur son territoire, en particulier dans un centre commercial aussi important que le port de Lattaquié. Lorsque le prix à payer sera trop élevé, l'Iran pourrait ne plus être autorisé à opérer en Syrie.
Bien que M. Assad ait eu besoin du soutien financier et militaire de l'Iran, l’Iran n'est pas le seul ami de la Syrie. En 2015, l'Iran a invité la Russie en Syrie pour aider à soutenir le régime de M. Assad. Depuis lors, la Russie et la Syrie ont développé des relations diplomatiques et économiques très étroites et des accords défensifs. Le russe est même devenu la seule option autre que le français enseignée à l'école comme langue secondaire.
Dans « The Imminent Iran-Syria Divorce [Le divorce imminent entre l'Iran et la Syrie—disponible en anglais seulement] », le correspondant de la Trompette au Moyen-Orient, Brent Nagtegaal, décrit comment, peu après l'implication de la Russie en Syrie, l'Iran et la Russie ont développé des intérêts divergents. Alors que la Russie voulait faire de la Syrie un État stable et bénéficier des projets de reconstruction et des accords économiques, la présence de l'Iran a entraîné davantage de frappes aériennes et de destruction, car il cherchait à utiliser le territoire syrien pour ouvrir un nouveau front contre Israël. « L'Europe et les États-Unis n'étant pas disposés à financer la reconstruction, et l'Iran continuant à créer l'instabilité et le conflit en Syrie, certains signes indiquent que la Russie et la Syrie pourraient tenter de s’écarter de l'Iran », écrit M. Nagtegaal.
Ces signes sont même évidents dans les deux frappes à Lattaquié en janvier. Notez ce que Seth Frantzman a écrit dans le Jerusalem Post :
Ces deux incidents suscitent des interrogations car Lattaquié se trouve à proximité de plusieurs bases russes sensibles en Syrie, notamment la base aérienne de Khmeimim [à 20 km de l'attaque] et la base navale de Tartus.
Il est important de noter que la Russie dispose de systèmes de défense aérienne S-400 dans cette zone. Cependant, des rapports de [l'agence de presse] RIA Novosti indiquent apparemment que la Russie n'a pas utilisé de défense aérienne. Ce rapport intervient alors que les Syriens se demandent pourquoi rien n'a été fait pour empêcher les frappes aériennes du 28 décembre.
Il se pourrait que la Russie n'ait aucun intérêt à défendre les expéditions iraniennes illégales de munitions vers Lattaquié.
La présence de l'Iran en Syrie est une atteinte aux intérêts de la Russie. Tant que l'Iran continuera d'attaquer Israël depuis la Syrie et d'utiliser ce territoire pour transporter des armes au Hezbollah dans le but de menacer Israël, le barrage de frappes aériennes persistera. Finalement, la Russie et la Syrie en auront eu assez.
Selon le Times of Israel, une chaîne de télévision saoudienne a rapporté en novembre que « [le commandant de la Force Quds en Syrie, Mustafa Javad] Ghafari, a admis la présence d'éléments et d'armes iraniens dans les zones où le régime syrien a interdit leur déploiement ». Le réseau a déclaré que M. Assad l'avait empêché d'entrer en Syrie et a qualifié les actions de l'Iran de « violation majeure de la souveraineté syrienne à tous les niveaux ». Le réseau a également déclaré qu'il s'agit d'une « partie de la tendance négative à laquelle est confrontée la position iranienne en Syrie et dans toute la région ».
Les fractures entre l'Iran et la Syrie s'élargissent. Tout comme la Trompette l'a prévu depuis deux décennies, un divorce Iran-Syrie est imminent.
Lorsque la guerre civile syrienne a commencé, le rédacteur en chef de la Trompette, Gerald Flurry, a prévu que l'Iran finirait par perdre son contrôle en Syrie. Il a écrit : « Ce que nous voyons en ce moment en Syrie est une prophétie biblique majeure en voie d'accomplissement ! Ce qui se passe en Syrie conduira des nations puissantes à changer de cap et les fondations de ce monde à être ébranlées ! »
Dans cet article, M. Flurry décrit comment une prophétie de Psaumes 83 identifie spécifiquement la Syrie comme faisant partie d'une confédération de nations à venir qui sera, en partie, responsable de la soumission de l'agression iranienne. Bien que l'Iran et la Syrie aient été amis dans le passé, le comportement agressif et destructeur de l'Iran crée une brèche entre les deux nations. Très bientôt, cette fracture sera pleinement réalisée.
Veuillez lire l'article de 2012 de M. Flurry « How the Syrian Crisis Will End [Comment la crise syrienne va se terminer—disponible en anglais seulement] pour plus d'informations sur la prophétie qui révèle cette séparation imminente entre l'Iran et la Syrie.