
LA TROMPETTE
Les compagnons de Tkach
Lire le chaptire précédent : Les Références
« Je connais Gerald Flurry très bien... Comment pourrait-il prendre la suite de M. Armstrong ? Il n’a même pas été formé dans son entourage, encore moins à ses pieds ! Il n’a même pas été formé à ses côtés ! Il n’a même pas été pendu à ses basques ! Il n’était pas à portée de main ! »
—Gerald Waterhouse
Sermon du 25 janvier 1992
Le jour de la mort de M. Armstrong, Mike Feazell et Mike Rasmussen, qui travaillaient tous deux pour M. Tkach, « sont entrés dans mon bureau, et ont pris tous les dossiers qui étaient dans mes tiroirs », se souvient Aaron Dean. « J’ai été appelé par Brenda Yale et Donna—du secrétariat—et elles criaient. Elles disaient : ‘Que se passe-t-il ? Ils nous traitent comme des criminels.’ »1
Bob Herrington, un des quatre infirmiers de M. Armstrong, se souvient bien de sa première rencontre avec la nouvelle administration. En tant que personne principale assurant les soins à M. Armstrong, durant la nuit, Herrington vivait dans une pièce adjacente au logement de M. Armstrong. Il était à côté du lit de M. Armstrong, le matin de sa mort. Herrington nous a dit : « J’ai été chassé avant que le jour ne se lève. Quelqu’un est venu me dire : ‘Nous aurons d’importantes personnes venant de la ville—nous allons avoir besoin de cette pièce.’ »2 Herrington n’a voulu révéler qui lui a dit de partir, mais cette même personne a également insisté sur le fait que Herrington n’assisterait pas aux funérailles, afin de ne pas attirer l’attention de la presse. Ainsi, quelques jours après la mort de M. Armstrong, Bob Herrington a fait ses bagages, et est parti pour le Texas.
Selon Aaron Dean, ces incidents mettent en lumière une des premières promesses faites à M. Armstrong que Tkach a brisées. M. Armstrong voulait que ce soit son équipe qui assiste Tkach, et non pas celle de Tkach. Mais contrairement aux assurances qu’il avait données à son prédécesseur, M. Tkach (ou peut-être son équipe) a montré clairement, le 16 janvier, que, en dépit des recommandations de M. Armstrong, l’équipe de Tkach venait avec lui.
L’assistant personnel de Tkach
La famille de Michael Feazell s’est installée à Pasadena, en 1957, quand il avait 6 ans, il a pu ainsi assister aux cours dispensés par l’ÉUD. Il a été instruit par les divers enseignements de l’Église, et a été finalement diplômé de l’Ambassador College, en 1973.
Après son diplôme, Feazell a travaillé pendant un an, en tant qu’enseignant de cours élémentaires. En 1974, il est allé à Yuma, dans l’Arizona, et a enseigné pendant quatre ans dans une école locale dispensant des cours élémentaires. Durant l’été, il travaillait pour le camp des jeunes de l’ÉUD, dans le Minnesota, où il était responsable de l’approvisionnement du camp. À l’automne 1978, l’Église l’a engagé, à nouveau à plein-temps, pour travailler sur le campus de l’Ambassador, à Pasadena, en tant que moniteur de tennis et de gérant des équipements.
Puis, coïncidant avec la nomination de Tkach Sr à la tête des Services ministériels, en 1979, Feazell a été catapulté au sommet de la hiérarchie de l’ÉUD. Tkach l’a d’abord pris comme coordinateur des projets spéciaux, et plus tard comme son assistant personnel. Feazell n’était pas ministre à l’époque où il a rejoint l’administration de l’Église.
Feazell était un ami de longue date de la famille Tkach. Il a fait la connaissance du fils de Tkach, Joe Jr, à l’Impérial High School, en 1967, où ils assistaient ensemble aux cours. Plus tard ils étaient ensemble à l’Ambassador College, à Pasadena, et ont été diplômés ensemble, en 1973. Durant les mois d’été de ses années de collège, Feazell a même vécu avec les Tkach. À bien des égards, Joe Sr était comme un père pour lui.
Pendant une période de six années dans l’administration de l’Église (de fin 1979 à début 1986), M. Feazell a assisté Tkach Sr, s’occupant des communications avec le ministère de l’ÉUD, en organisant le Programme de rafraîchissement ministériel, les transferts ministériels et les affectations ministérielles pour la fête des Tabernacles.
Quand M. Tkach est devenu Pasteur général, en 1986, M. Feazell a continué à le servir en tant qu’assistant personnel, mais s’est tourné vers la préparation des articles et sermons de Tkach Sr.
Chef du ministère
Comme Feazell, Joseph Tkach Jr est né en 1951, et a grandi dans l’Église universelle de Dieu. Sa famille avait emménagé à Pasadena en 1966, quand M. Meredith a accepté Tkach Sr dans le programme d’un an pour les anciens locaux. Après avoir été diplômé de l’Ambassador, en 1973, Joe Jr a épousé Jill Hockwald. Il a travaillé comme stagiaire ministériel pour l’Église entre 1973 et 1976, servant dans l’Indiana, dans le Michigan, en Californie et en Arizona. Il a été ordonné ancien local l’été 1976. Des mois plus tard, son emploi dans l’Église a été suspendu du fait de coupes budgétaires. Bien que n’étant plus payé par l’Église, il a continué à servir comme pasteur assistant pour la congrégation de Phoenix-est, dans l’Arizona. Il a été, plus tard, enlevé de cette position, en juillet 1978, deux mois après son divorce d’avec sa première femme, à l’âge de 26 ans.
Entre 1978 et 1986, Joe Jr a vécu dans une relative obscurité, dans la congrégation de Phoenix-est en tant qu’ancien local. Il s’est marié une seconde fois en 1980. Il a été employé comme travailleur social jusqu’en 1984, et ensuite a travaillé pour Intel jusqu’en 1986.
Après que son père eut succédé à M. Armstrong, en janvier 1986, Joe Jr a commencé une ascension rapide dans la hiérarchie de l’ÉUD. Son père l’a nommé Directeur assistant de l’Administration de l’Église, en août 1986, où il a travaillé pour Larry Salyer. (Salyer avait remplacé Tkach Sr comme Chef de l’Administration de l’Église une fois que Tkach est devenu Pasteur général.)
Huit mois après avoir emménagé à Pasadena, en avril 1987, M. Tkach Sr a élevé son fils au rang de pasteur. Plus tard, cette année-là, en novembre, Joe Jr a été, à nouveau, promu. Tkach Sr a décidé de réorganiser l’Administration de l’Église en deux branches—le ministère américain et le ministère international, avec Joe Jr responsable du premier et Larry Salyer responsable du second, faisant de Salyer, de fait, l’assistant de Joe Jr. Ainsi, en l’espace de 15 petits mois, Joseph Tkach Jr est passé du stade d’ancien d’une église locale, non salarié—le poste spirituel le plus bas dans l’ÉUD—à celui de Directeur de rang pastoral sur le ministère de l’ÉUD. Cette ascension météorique a fait de lui le responsable d’approximativement 1 200 ministres en moins d’un an et demi.
Il avait 36 ans.
Chef des opérations médiatiques
Bernard Schnippert, un autre ami de collège de Joe Jr, a été diplômé de l’AC, en 1971. Après avoir servi dans le Département de la correspondance personnelle, pendant peu de temps, après l’obtention de son diplôme, Schnippert est parti dans le ministère de terrain, pendant quelques années, servant à Edmonton et à Calgary, dans la province de l’Alberta, au Canada. Vers la moitié des années 1970, une mauvaise santé l’a forcé à prendre un congé exceptionnel, rémunéré, de deux ans.
En 1977, il est retourné travailler à Pasadena, en tant qu’assistant du Dr Robert Khun, où il était responsable de la coordination du Systematic Theology Project (STP). Garner Ted Armstrong a présenté, plus tard, l’infâme STP lors d’une conférence ministérielle, en janvier 1978, peu après que son père eut quitté la ville. Le STP était une entreprise intellectuelle pour libéraliser ou modifier une bonne partie des doctrines de l’Église. Il a été préparé par une poignée d’intellectuels de l’ÉUD, coordonnés par Schnippert, et soigneusement caché à Herbert Armstrong. Une fois que M. Armstrong a eu vent de la conspiration, il a ordonné à tous les ministres de l’Église de retourner leurs exemplaires. Il a exclu Garner Ted et le Dr Khun, plus tard cette année-là. Ces deux ministres, avec d’autres anciens membres mécontents, ont alors lancé le procès civil infructueux contre Herbert Armstrong et l’Église universelle de Dieu, en janvier 1979.
Bernie Schnippert a, de façon ou d’autre, échappé aux retombées du STP, et est demeuré à l’intérieur de l’ÉUD. Il a passé les huit années suivantes isolé dans une petite congrégation, à Las Vegas, avant de recevoir un appel du siège central, en avril 1987. Il lui a été offert une position, à Pasadena, en tant qu’assistant de Dexter Faulkner, dans les services éditoriaux. Son principal titre était celui de Directeur des brochures internationales. Quelques mois après son arrivée à Pasadena, le 1er août, M. Tkach a élevé M. Schnippert au rang de pasteur.
Le mois suivant, M. Tkach a fait cette remarquable annonce dans le Rapport du Pasteur général :
Alors que Dieu permet un impact de plus en plus grand de l’émission télévisée Le monde à venir, de la Pure vérité et de nos autres publications, à la fois aux États-Unis et dans le monde, j’en suis venu à voir la nécessité essentielle d’établir une coordination approfondie entre les quatre départements cruciaux, et étroitement liés, du traitement du courrier, des services éditoriaux, des services de la publication et de la production télévisée.3
À cette fin, M. Tkach a choisi Bernie Schnippert pour remplir cette position nouvellement créée de Directeur des opérations médiatiques.
Autrement dit, au lieu d’assister Dexter Faulkner dans les services éditoriaux (ce qu’il a fait pendant trois mois), Schnippert était maintenant le patron de Faulkner—aussi bien que de Richard Rice, de Ray Wright et de Larry Omasta—trois autres chefs de départements.
Ainsi, l’homme qui a coordonné le Systematic Theology Project, en 1977, était maintenant Directeur de toutes les opérations médiatiques de l’église, neuf ans plus tard—tout juste un et demi après la mort de Herbert Armstrong.
Chef du collège
Donald Ward est un autre personnage clé qui s’est élevé à un poste éminent à l’intérieur de l’ÉUD durant les tumultueuses années 1970. Hautement instruit, Ward a été admis à l’Ambassador College, à Big Sandy, en 1969—déjà pourvu d’une maîtrise de l’Université du Mississippi-sud. Il a commencé à enseigner, à Big Sandy, un an après son arrivée en tant qu’étudiant, et plus tard a obtenu un doctorat de Commerce, en 1973, de l’université d’État du Texas-est.
Après avoir été nommé doyen de faculté associé pour Big Sandy, la même année, le Dr Ward a joué un rôle clé dans la poursuite de l’accréditation de l’Ambassador au milieu des années 1970. Très tôt, il a expliqué, dans le journal du collège, que, pour devenir un collège d’enseignement général accrédité, Big Sandy devra offrir au moins quatre matières principales, ce qui nécessiterait l’addition de beaucoup de nouveaux cours, et aussi le renforcement de ses références de faculté et de ses services de bibliothèque.4
En 1976, le Dr Ward est devenu le doyen académique de Big Sandy, mais seulement pendant un an à cause de la décision de M. Armstrong, en 1977, de fermer Big Sandy. En mars en 1978, cependant, Garner Ted a nommé le Dr Ward vice-président du campus de Pasadena de l’Ambassador. Un mois plus tard, en avril, Garner Ted l’a élevé au poste de président, dans l’espoir que les références du Dr Ward aideraient le collège à être accrédité. Leur plan consistait à fermer complètement les opérations à Pasadena, et à consolider Big Sandy en tant qu’institution accréditée.
L’aîné M. Armstrong a beaucoup écrit sur l’état du collège durant cette période tumultueuse. Il a dit que le campus était un « spectacle d’immoralité et de laïcité. La sexualité illicite était florissante. »5 Garner Ted a pris des décisions majeures de la part de son père—des décisions « qu’il n’était pas autorisé à prendre ».6 Soit Garner Ted se débarrassait des anciens soit il les rétrogradait, et les remplaçait par des personnes serviles. Selon M. Armstrong, Garner Ted s’est entouré d’hommes qu’il pensait lui seraient personnellement loyaux au-dessus de leur loyauté envers l’Église et envers Dieu. »7
Comme pour le STP, une fois que M. Armstrong a pris conscience de ce qui se passait dans le collège, il est intervenu de manière prompte et catégorique.
Le 8 mai, le mois dernier, j’ai appris que mon fils a nommé un homme que je ne connais même pas comme Président de l’Ambassador College. Je lui ai alors écrit que c’était la goutte de trop—le fait d’avoir assumé une autorité qui ne lui a jamais été donnée pour prendre des décisions majeures.8
De manière incroyable, le recrutement du Dr Ward a été la goutte de trop qui a abouti à l’exclusion de Garner Ted !
M. Armstrong a écrit plus tard sur ces années traumatisantes pour l’Église et le collège :
Les libéraux, à Pasadena, voulaient une accréditation. Ils ne voulaient pas être accrédités en tant que collège biblique, mais comme un collège ou une université en compétition avec les autres institutions. Le collège, en tant que tel, serait tombé sous les règles d’une société d’accréditation séculière qui déterminerait plus ou moins l’organisation et les programmes d’études…
L’Ambassador College avait été détruit en tant que collège de Dieu. En 1978… j’ai dû fermer complètement l’Ambassador College, à Pasadena, et tout recommencer, comme en 1947, avec une classe de première année. Les collèges, en Angleterre et au Texas, avaient déjà été fermés.9
En dépit de tout cela, cependant, le Dr Ward a réussi à échapper aux retombées de l’accréditation. Il a fait profil bas en tant que pasteur d’une congrégation, au Texas-est.
Quand Big Sandy a rouvert, en 1981, le Dr Ward est retourné à son ancienne position de doyen académique, sous les ordres de Leon Walker, le chancelier adjoint. Le Dr Ward a occupé ce poste jusqu’en 1987, quand Tkach Sr l’a appelé. À l’époque, le Dr Ward travaillait aux ordres de Rod Meredith, le chancelier adjoint à Big Sandy. Sur le campus de Pasadena, Raymond MacNair était le chancelier adjoint. Quand M. Tkach a nommé le Dr Ward au poste de vice-chancelier des deux campus, en 1987, il est devenu le supérieur de Meredith et de MacNair.
L’année suivante, en 1988, l’Ambassador collège a, de nouveau, commencé sa poursuite active de l’accréditation—et, tout comme en 1978, le Dr Ward tenait la barre. Leur projet—quelle surprise—était de fermer Pasadena, et de consolider Big Sandy en tant qu’institution accréditée.
En finir avec le passé
Ainsi, moins de deux ans après la mort de M. Armstrong, Don Ward était président de l’Ambassador College, Bernie Schnippert dirigeait toutes les opérations médiatiques, Joe Tkach Jr était responsable du ministère, et Michael Feazell était l’assistant de direction et l’écrivain fantôme du Pasteur général.
Une autre personnalité qui a figuré, de manière prééminente dans la nouvelle administration, était Greg Albrecht, qui était doyen des étudiants à l’AC, à Pasadena, durant les années 1980. En 1990, Bernie Schnippert a déplacé Albrecht vers les Services éditoriaux, où il lui a été donné, plus tard, la responsabilité de la revue phare de l’Église, la Pure vérité.
Ces cinq intellectuels ont été faits évangélistes après la mort de M. Armstrong, en 1986.
Qu’en a-t-il été des autres évangélistes—ceux qui ont été élevés à cette position par M. Armstrong ? Ils ont rapidement dépéri dans l’arrière-plan, tout comme dans les années 1970. En juillet 1986, M. Tkach a ôté Leslie McCullough de sa position de chancelier adjoint, à Big Sandy, et s’est débarrassé de lui en le mettant à la tête du petit bureau régional en Afrique du Sud.
Pour remplacer McCullough, M. Tkach a déplacé Rod Meredith du siège central vers Big Sandy. Trois ans plus tard, après que Tkach a décidé de fermer le campus de Pasadena, et d’accentuer sa poursuite d’accréditation pour Big Sandy, il a rappelé Meredith à Pasadena, et l’a placé dans une position insignifiante, au Département éditorial.
Des semaines après qu’il eut catapulté le Dr Ward en tant que vice-chancelier des collèges, au-dessus de Meredith et de McNair, Tkach s’est débarrassé de McNair en l’envoyant au bureau régional de la Nouvelle-Zélande.
Nous ne prendrons pas plus de place pour parler d’un certain nombre d’autres exemples comme Richard Ames, Herman Hoeh, Ellis La Ravia, Leroy Neff et Gerald Waterhouse—mais qu’il suffise de dire que tous ces hommes qui étaient des évangélistes prééminents à l’époque de la mort de M. Armstrong, ont perdu de leur importance, et ont été cantonnés à des rôles beaucoup moins significatifs une fois que M. Tkach est entré en fonction, et a emmené son équipe.
Il y a quelques exceptions, comme les anciens Dean Blackwell (mort depuis lors) et Ron Kelly (qui a été le contrôleur financier de l’Église jusqu’en 2005, quand il a pris sa retraite), mais pour la plupart, quand Tkach Sr est entré en fonction, il a emmené une équipe administrative complètement nouvelle.
C’est intéressant maintenant que je repense à cette histoire, parce que l’une des plus grandes critiques que l’administration Tkach avait contre mon père, après qu’il a été exclu en décembre 1989, était qu’il était un relatif inconnu—un modeste ministre qui n’a jamais servi sous M. Armstrong. En admettant que cela soit vrai, on se demande ce que M. Armstrong aurait pensé des plus hauts échelons de l’administration de l’ÉUD, au moment de l’exclusion de mon père.
Donald Ward dirigeant le collège ?
Joe Jr responsable du ministère ?
Michael Feazell écrivant des articles pour le Pasteur général ?
Bernie Schnippert à la tête des quatre principaux départements de l’église ?
Vers la fin 1989, Tkach Jr et Feazell avaient reçu suffisamment d’autorité pour exclure deux ministres sur-le-champ—mon père et son assistant John Amos—ministres qui avaient servi à plein-temps dans l’église durant deux décennies. Si M. Armstrong avait été présent lors de l’exclusion, il n’aurait peut-être pas reconnu mon père et M. Amos.
Mais je ne suis pas sûr s’il aurait reconnu les deux hommes qui les expulsaient non plus.
À suivre …