Okinawa, 9 juin 1945 [CORBIS VIA GETTY IMAGE]
Le rôle de l’armée japonaise dans les suicides de masse de la Seconde Guerre mondiale ne figure plus dans les manuels d’histoire
Selon un nouveau rapport du groupe Kodomo to Kyokasho Zenkoku Net 21, les informations relatives à l’armée japonaise qui a forcé des dizaines de milliers de civils à se suicider pendant la bataille d’Okinawa ont été supprimées des manuels d’histoire japonais.
Haruyoshi Matsuura, chef du groupe des facilitateurs de la division de la préfecture de Toyama, a expliqué au journal Mainichi Shimbun la vérité bien établie sur cette bataille de trois mois :
La principale cause des suicides de masse pendant la bataille d'Okinawa était l'interdiction faite par l'armée japonaise aux habitants de se rendre, les poussant ainsi dans leurs derniers retranchements..
Les soldats impériaux ont également mené une campagne de propagande pour convaincre les habitants d’Okinawa que les soldats américains étaient des sauvages impitoyables qui commettraient des atrocités sur eux et sur les membres de leurs familles. Cela a incité de nombreuses personnes, en guise de prévention, à tuer leurs familles et à se tuer elles-mêmes pour éviter d’être capturées lors de la bataille de 1945. On estime que la population civile a été réduite d’un quart au cours de ces violences.
L’un des principaux journaux d’Okinawa, Ryūkyū Shimpō, donne plus de détails :
De nombreux Okinawaïens ont témoigné que l’armée japonaise leur avait ordonné de se suicider. Il y a aussi des gens qui ont témoigné que des soldats japonais leur avaient donné des grenades [pour qu’ils se tuent et tuent des Américains].
Cette sombre vérité sur l’un des chapitres les plus tragiques de la Seconde Guerre mondiale était autrefois enseignée aux jeunes élèves japonais dans leurs manuels d’histoire et d’études sociales. Cependant, trois ouvrages couramment utilisés, publiés par les maisons d'édition Kyoiku-Shuppan Co, Nihon Bunkyo Shuppan Co et Tokyo Shoseki Co, ont adopté de nouvelles éditions qui enlèvent le blâme de l'armée japonaise pour le placer sur les soldats américains.
Deux d’entre eux affirment que les milliers de suicides de civils ont résulté du fait que la population a été « acculée par les attaques militaires [des États-Unis] » et omettent toute mention de l’implication de l’armée japonaise. L’autre affirme que les Okinawaïens « ont été acculés par un assaut militaire américain féroce qui a incendié les profondeurs des abris souterrains », imputant entièrement les suicides de masse aux forces américaines.
Matsuura a déclaré que les nouvelles éditions s’écartent de la vérité non seulement en ce qui concerne la bataille d’Okinawa « mais aussi en ce qui concerne les différends territoriaux et les sujets relatifs à la Constitution ». Les livres, a-t-il dit, donnent de nombreuses « descriptions unilatérales qui rejettent les différentes perspectives et renforcent le point de vue du gouvernement ». Ces dernières initiatives surviennent après des années d'occultation des manuels d'histoire sur des sujets aussi variés que l'utilisation par l'armée de « femmes de réconfort », les expériences médicales sur les prisonniers de guerre ou le massacre de Nankin en 1937.
« Nous espérons que les gens prendront connaissance des éditions révisées et comprendront les problèmes », a déclaré Matsuura.
Mais les dirigeants japonais considéreraient-ils ces révisions comme des problèmes ? Dans 1984, l’auteur George Orwell expliquait que la main de ceux qui écrivent l’histoire, ou choisissent quels livres sont enseignés, est investie d’un grand pouvoir : « Celui qui contrôle le passé contrôle l’avenir, et celui qui contrôle le présent contrôle le passé. »
Les autorités qui déterminent ce que l’on enseigne aux gens sur le passé peuvent manipuler ces informations, les modeler pour façonner la vision qu’ont les gens de leur place dans le monde contemporain. Si les autorités parviennent à façonner l’opinion d’un nombre suffisant de membres d’un groupe ou d’un pays, elles peuvent influencer l’avenir de ce groupe. Les autorités peuvent réviser l’histoire pour l’adapter à leur programme.
Les manuels d’histoire enseignent aux élèves une « version de l’histoire sanctionnée par l’État », écrivent Dana Lindaman et Kyle Ward dans leur ouvrage History Lessons (Leçons d’histoire) publié en 2004. « Dans presque tous les pays, le gouvernement joue un rôle en établissant des normes acceptable de culture, politique et d’histoire dans la société—c’est-à-dire ce que les autorités veulent que la prochaine génération apprenne sur son propre héritage national—en les intégrant, pour ainsi dire, dans une identité nationale collective » (c’est nous qui soulignons).
Les versions des manuels d’histoire sont loin d’être objectives, affirment Lindaman et Ward, car elles « sont généralement rédigées par des auteurs nationaux à l’intention d’un public national, ce qui entraîne une sorte d’insularité sur un sujet historique donné ».
Pourquoi les autorités japonaises voudraient-elles blanchir le rôle des troupes impériales japonaises ? Il semble qu’elles estiment que les jeunes générations ont été nourries d’un régime de culpabilité pendant assez longtemps. Maintenant il est temps d’avancer. Une telle déviation contribue à instiller la fierté et le nationalisme dans l’esprit des jeunes générations. En remplaçant la culpabilité par la fierté, les autorités peuvent préparer les jeunes japonais à se soulever à nouveau contre d’autres nations—peut-être même contre leur allié américain.
Nous devons nous méfier d’un monde qui pratique largement le révisionnisme historique. Cette tendance occulte les précieuses vérités de l’histoire. Elle engendre l’ignorance. Et l’ignorance historique empêche le monde d’apprendre des erreurs du passé, ce qui, comme l’a dit George Santayana, nous condamne à les répéter.
Alors que les étudiants au Japon, en Allemagne et dans d’autres pays sont éduqués de manière intentionnelle à les rendre plus nationalistes, cela mènera bientôt à une période de troubles pire que toutes celles que le monde ait connu jusqu’à présent. Matthieu 24 et Daniel 12 : 1 indiquent clairement que cette époque future sera bien plus sombre que les Première et Seconde Guerres mondiales. Mais la Bible dit aussi que ces ténèbres céderont la place à l’aube la plus brillante et la plus radieuse de l’histoire.
Pour mieux comprendre le passé et l'avenir du Japon, ainsi que la paix qui attend l'humanité tout entière., lisez « La marche du Japon vers le militarisme ».