Recevez gratuitement notre bulletin électronique.

Le pendentif de boucle d'oreille en or de Jérusalem

Reese Zoellner/AIBA

Le pendentif de boucle d'oreille en or de Jérusalem

« Hiram, roi de Tyr, envoya ses serviteurs vers Salomon, car il avait appris qu'on l'avait oint pour roi à la place de son père, et il avait toujours aimé David » (1 Rois 5 : 1).

La Bible raconte qu'à l'époque de la monarchie unifiée, au 10e siècle avant notre ère, une relation étroite se développa entre Israël et les Phéniciens, un peuple situé au nord-ouest de Jérusalem dans un ensemble de cités-États sur les rives de la mer Méditerranée. Immédiatement après la prise de Jérusalem par David vers l'an 1000 avant notre ère, le roi Hiram de Tyr (une cité-État dominante) a envoyé le célèbre bois de cèdre du Liban, ainsi que des maçons et des charpentiers, pour aider le roi d'Israël à construire un palais somptueux dans la partie nord de la Cité de David (2 Samuel 5 : 11). 2 Samuel 24 : 7 inclut même Tyr dans le recensement que David a chargé Joab d'entreprendre vers la fin de son règne, suggérant que Tyr était un allié extrêmement proche.

L'amitié entre Israël et la Phénicie s'est poursuivie après la mort de David (2 Chroniques 2 : 2). Selon 1 Rois 5, lors du couronnement de Salomon, le roi Hiram envoya une délégation à Jérusalem pour féliciter le nouveau roi. Plus tard, Salomon engagea les Tyriens pour fournir du cèdre pour la construction du temple (2 Chroniques 2 : 7, 15). Outre les bâtisseurs phéniciens, le roi Salomon a également demandé au roi Hiram de lui fournir des ouvriers et artisans habiles à travailler le métal et à confectionner des vêtements. Ces ouvriers phéniciens qualifiés ont travaillé à Jérusalem pendant la construction du nouveau quartier royal de Salomon sur l'« Ophel » de Jérusalem (une zone située entre la Cité de David au sud et le mont du Temple au nord).

Pt Fr 202301

La Bible nous transmet la description faite par le roi Hiram d'un artisan particulier : « [...] Il est habile pour les ouvrages en or, en argent, en airain et en fer, en pierre et en bois, en étoffes teintes en pourpre et en bleu, en étoffes de byssus et de carmin, et pour toute espèce de sculptures et d'objets d'art qu'on lui donne à exécuter. Il travaillera avec tes hommes habiles et avec les hommes habiles de mon seigneur David, ton père » (2 Chronicles 2 : 14). Le récit biblique révèle clairement que de nombreux représentants phéniciens se trouvaient dans le quartier royal de Jérusalem au 10e siècle AEC.

Aujourd'hui, grâce à la découverte d'un bijou typiquement phénicien sur le site de l'Ophel, nous disposons des meilleures preuves archéologiques à ce jour d'une présence phénicienne à Jérusalem au 10e siècle.

Récit d'une découverte

Les nouvelles fouilles de l'Institut d'archéologie de l'Université hébraïque sur l'Ophel, dirigées par feu la Dre Eilat Mazar, ont commencé en 2009 et se sont poursuivies jusqu'à la dernière saison de fouilles en 2018. La zone avait déjà été fouillée dans les années 1970 par le grand-père d'Eilat et ancien président de l'université hébraïque, le professeur Benjamin Mazar. Motivée par les encouragements de son grand-père, et grâce aux dons généreux de Daniel Mintz et Meredith Berkman, Eilat a pu mener de multiples fouilles à grande échelle sur l'Ophel, avec un important contingent de bénévoles et d'étudiants du Herbert W. Armstrong College d'Edmond, en Oklahoma.

Des murs monumentaux ont été découverts dans toute la zone, datés par la Dre Mazar au 10e siècle avant notre ère, période à laquelle appartient le roi Salomon. Les nombreux petits objets découverts dans les couches d'occupation sont tout aussi importants. Ces découvertes n'auraient pas été remarquées si Eilat n'avait pas utilisé le tamisage humide, une technique novatrice. (Le tamisage humide consiste à prendre de la terre excavée, à la passer dans un tamis et à l'asperger d'eau pour enlever la terre et révéler des objets miniatures qui, autrement, seraient passés inaperçus.)

C'est un processus laborieux, mais Eilat a insisté pour que nous passions au tamis humide tout le matériel de l'âge du fer. Cette pratique méticuleuse a permis la découverte des deux plus anciens écrits jamais retrouvés à Jérusalem, des fragments de tablettes cunéiformes des 14e et13e siècles avant notre ère, ainsi que des dizaines de sceaux et d'empreintes de sceaux, dont la plus remarquable est celui du roi Ézéchias.

Dans le monde de l'archéologie, il n'est pas rare que beaucoup de temps s'écoule entre le moment où un artéfact est retiré du sol et celui où il est finalement étudié et identifié. Lors des fouilles de l'Ophel, les petits objets découverts lors du tamisage humide ont été documentés, mis en boîte et emportés au laboratoire pour être analysés ultérieurement. Dans le cas de l'empreinte du sceau d'Ézéchias, il s'est écoulé cinq ans entre le moment où elle a été retirée du sol et celui où elle a été identifiée et révélée au public.

Dans ce cas, il a fallu attendre plus de 10 ans pour savoir ce que nous avions déterré !

Le pendentif d'électrum de l'Ophel en forme de panier

Pendant les fouilles de 2012, qui ont duré cinq mois, j'étais superviseur de la zone B (sous la direction de la Dre Mazar). Les deux derniers mois étaient largement consacrés à l'excavation des murs, des remplissages et des sols du début de l'âge du fer IIA. [L'étude complète de la stratigraphie de la zone B sera publiée en anglais par le Dr. Ariel Winderbaum dans le troisième volume de The Ophel Excavations to the South of the Temple Mount, 2009–2013, directed by Eilat Mazar, Final Reports–Iron Age (Qedem).] Les fouilles ont été réalisées en collaboration avec l'Autorité des parcs nationaux, le Fonds de développement de Jérusalem-Est et avec l'approbation de l'Autorité des antiquités d'Israël.

Superviser une zone est un travail à temps plein. Le processus de tamisage humide a lieu sur place, mais à un autre endroit et par une autre équipe, ce qui rend pratiquement impossible de se tenir au courant des découvertes révélées par le tamisage humide. Je n'avais aucune idée que cet exquis objet en or, plus petit qu'un shekel, provenant de la zone B, avait été trouvé lors d'un tamisage humide. Je ne l'ai appris que des années plus tard (après la mort de la Dre Mazar), lorsque nous avons commencé à travailler sur la publication des rapports finaux des fouilles. Officiellement connu sous le nom de « Pendentif d'électrum de l'Ophel en forme de panier », la publication complète de cet objet sera incluse dans le rapport final susmentionné, coécrit par moi-même et le Dr Amir Golani, expert en bijoux de l'âge du fer. Il a également été publié récemment en hébreu dans la publication City of David Studies of Ancient Jerusalem, Vol. 19.

J'ai eu connaissance de ce pendentif au début de l'année 2023, alors que je fouillais dans des découvertes non publiées provenant de la zone B dans le bureau d'Eilat Mazar (qui appartenait autrefois au professeur Benjamin Mazar et est maintenant un centre d'activité puisque Avital Mazar-Tsairi, la sœur d'Eilat, supervise la tâche importante de compléter les publications restantes des fouilles d'Eilat). 

Le pendentif, avec sa conception complexe et son éclat doré impressionnant, a attiré mon attention. En le prenant, j'ai été frappé par son poids pour un objet aussi minuscule.

La base du pendentif doré en forme de panier est plate et solide, et mesure 4 millimètres carrés pour avec une hauteur de 2 millimètres. Deux poignées paraboliques en fil de fer mesurant 0,5 millimètre de diamètre sont fixées transversalement aux coins supérieurs du panier et s'élèvent à 6 millimètres au-dessus de son sommet. Les quatre joints entre les coins du panier et les fils paraboliques sont dissimulés par une courte bande de fil sans soudure. Un fin fil d'or est étroitement enroulé trois fois autour du sommet des anses paraboliques, créant une sorte de nœud qui s'est probablement poursuivi vers le haut sous la forme d'une petite boucle (manquante) qui servait à suspendre le pendentif. Le fil a probablement été produit par la méthode du tréfilage. Dans la plupart des pendentifs de ce type, cet anneau de suspension est généralement attaché à un autre petit anneau pour former une partie d'un anneau de boucle d'oreille, qui est manquant. La plupart des pendentifs de ce type présentent une petite protubérance, généralement sous la forme d'une petite pyramide de minuscules sphères ou granules de métal, soudée au sommet du panier. Un examen minutieux du dessus du panier n'a pas révélé d'empreintes ou d'autres traces d'une attache qui aurait pu se détacher.

Lorsque nous avons inspecté la pièce pour la première fois, personne dans le bureau n'a pu identifier le pendentif en forme de panier pour ce qu'il était. Sur la base du contexte de sa découverte, le mieux que nous ayons pu faire a été de l'étiqueter comme un magnifique bijou provenant d'un contexte du début de l'âge du fer IIA (typiquement associé à Jérusalem au 10e siècle avant notre ère). C'est ce que nous avons fait, puis nous sommes retournés à nos autres travaux.

Quelques mois plus tard, le 30 mai, j'ai décidé de lire le texte définitif de 2013 du Dr Amir Golani, Jewelry From the Iron Age II Levant). J'ai commencé à me poser des questions : notre bijou de l'Ophel avait-il un équivalent ? La réponse se trouvait à la page 243, qui présentait une série de pendentifs de boucle d'oreille en forme de panier provenant des sites phéniciens de la Méditerranée. Il n'y avait qu'un seul « problème » : le pendentif de l'Ophel était antérieur à la plupart des pendentifs en forme de panier dans le rapport du Dr Golani. Quatre des exemples de M. Golani provenaient de sites phéniciens localisés en Sardaigne et ont été datés du septième au sixième siècle avant notre ère. Deux provenaient de Chypre et ont été datés de la même époque.

Il existait de nombreux autres exemples, tous trouvés sur des sites exclusivement méditerranéens directement liés à l'implantation et à la colonisation phéniciennes. Il s'agit également d'un objet très personnel.

Selon le Dr Golani, cela fait de ce type de pendentif un « marqueur culturel » clairement phénicien. Il s'agit d'un phénomène purement phénicien, que l'on ne trouve que là où il y avait une présence phénicienne physique.

À ce stade, il était clair que ce pendentif était important et qu'il devait être étudié de manière beaucoup plus approfondie. Avital Mazar m'a demandé si je pouvais compléter le rapport scientifique sur le pendentif de l'Ophel en forme de panier.

L'étape suivante consistait à apporter l'artéfact à la professeure Naama Yahalom-Mack, archéologue du site d'Abel Beth Maacah dans le nord d'Israël et directrice du laboratoire de métallurgie à l'Institut d'archéologie de l'Université hébraïque. Nous devions étudier la composition métallique du pendentif.

L'analyse scientifique a montré que le pendentif était en électrum, un alliage d'or et d'argent composé de 63±2 pour cent d'or, 32±2 pour cent d'argent et 5±0,2 pour cent de cuivre. D'autres éléments, parmi lesquels le fer, le silicium et le plomb, étaient présents à l'état de traces. L'électrum est un métal plus dur que l'or pur, ce qui lui confère une plus grande durabilité pour les bijoux. Ce test a confirmé que le pendentif en forme de panier de l'Ophel est l'un des plus anciens artéfacts « en or » jamais découverts, à ce jour, dans une fouille archéologique à Jérusalem.

Ensuite, j'ai contacté le Dr Golani, expert en bijoux de l'âge du fer, et lui ai demandé des conseils sur la manière de poursuivre le processus de recherche et de publication. Il était ravi à la perspective de se rencontrer pour en discuter.

Le Dr Golani a été immédiatement frappé par la qualité de la fabrication. « C'est vraiment du bon travail », m'a-t-il dit. « Il s'agit d'un très bon travail de la part de l'orfèvre. » Il a ensuite noté qu'il était en effet légèrement différent des autres exemples ultérieurs provenant de sites phéniciens (cube de base plus court, pas de structure pyramidale des granules, un niveau d'artisanat plus élevé dans la dissimulation de la jointure avec le fil d'or). Et pourtant, c'était aussi bien plus complexe en termes de conception que les exemples antérieurs, plus volumineux, trouvés dans le Levant méridional.

En regardant le Dr Golani inspecter l'objet et parler en détail des parallèles de sa conception exquis avec le monde méditerranéen, j'ai compris qu'il devait participer à la recherche et à la publication du rapport sur le pendentif. Si le pendentif s'avérait être le plus ancien bijou en or jamais trouvé à Jérusalem, l'un des plus grands experts d'Israël devait être impliqué. Le Dr Golani était enchanté par la proposition d'un partenariat, et nous avons fait équipe.

La signification symbolique et le développement des pendentifs en forme de panier

Étant donné qu'il n'existe aucun texte ancien décrivant le symbolisme ou la fonction du pendentif, nous devons nous contenter d'une analyse comparative avec d'autres pendentifs, ainsi que de la datation de l'endroit de la découverte, pour en tirer des conclusions quant à leur fonction.

Tout au long de l'âge du fer, la régularité et la conception inchangée des pendentifs en forme de panier, où qu'ils soient trouvés, suggèrent naturellement une signification symbolique connue et peut-être même une importance religieuse.

Selon Golani, les pendentifs en forme de panier étaient peut-être une représentation miniature et schématique d'un autre objet plus grand qui était peut-être bien connu dans la culture du créateur. Le panier à anses, surmonté d'un anneau de suspension, suggère que cet objet pouvait être transporté. Étant donné que les pendentifs en panier sont apparus pour la première fois à la fin de l'âge du fer I (fin du 11e siècle avant notre ère) dans le Levant méridional, leur signification doit être recherchée parmi les éléments culturels locaux de cette période. Le meilleur exemple de comparaison avec un objet religieux est peut-être un objet en alliage de cuivre découvert lors de fouilles à Tel Beth Shean, dirigées par le professeur de l'université hébraïque Amihai Mazar. Daté du 12e siècle avant notre ère, il représente une plate-forme carrée ou une boîte peu profonde décorée sur ses côtés de médaillons circulaires, aux quatre coins desquels sont représentées des cordes de suspension se terminant par un petit anneau. Au sommet de la plate-forme se trouve un bélier accroupi dans une position de sphinx et portant une couronne Atef de style égyptien.

La représentation des « poignées » sous forme de cordes suggère clairement qu'il s'agit d'une représentation d'un autre objet, peut-être bien connu, fait de matériaux périssables (comme de la corde et peut-être du bois pour la plateforme), dont aucun exemple n'est connu. Il est donc possible que les pendentifs en forme de panier soient des représentations miniatures et schématiques d'un autel ou d'un sanctuaire portatif.

Du point de vue stylistique, dans sa forme générale et ses proportions, l'objet du 12e siècle avant notre ère provenant de Tel Beth Shean est plus proche du pendentif en forme de panier de l'Ophel que des exemples plus connus du 8e au 6e siècle avant notre ère. Contrairement aux exemples bien connus de la seconde moitié de l'âge du fer II, où le panier a la forme d'un cube, le modèle de Beth Shean et le pendentif de l'Ophel présentent tous deux le panier comme une plate-forme basse.

D'autre part, en ce qui concerne la taille générale et la précision du design, le pendentif de l'Ophel est plus proche des exemples phéniciens plus tardifs que des ancêtres plus gros et plus encombrants trouvés dans le Levant méridional.

Il est donc probable que la représentation miniaturisée du sanctuaire sous forme de pendentif ait été adoptée par les Phéniciens, issus du milieu culturel cananéen de l'âge du fer I. Peu après, le pendentif en forme de panier a apparemment été porté comme pendentif de boucle d'oreille, avant de devenir largement populaire parmi les Phéniciens, principalement entre la fin du 8e et le 6e siècle avant notre ère. L'utilisation généralisée de cette forme de pendentif représentant un sanctuaire peut avoir été considérée comme conférant des pouvoirs protecteurs pour ceux qui les portaient et peut également avoir servi de symbole ethnique ou de marqueur culturel, identifiant leur porteur comme un Phénicien, de la même manière que beaucoup portent aujourd'hui une croix ou une étoile de David afin de s'identifier eux-mêmes.

Un lien entre Jérusalem et Phénicie

La découverte du pendentif de style phénicien dans un contexte du 10e siècle avant notre ère à Jérusalem éclaire la relation entre la monarchie unifiée à Jérusalem et les Phéniciens, qui occupaient la côte libanaise de la fin du deuxième jusqu'au premier millénaire avant notre ère et se spécialisaient dans le commerce maritime. En dehors du texte biblique, les exploits maritimes des Phéniciens sont corroborés par la découverte de colonies phéniciennes dans toute la région méditerranéenne dès le 10e siècle avant notre ère. À la fin du 8e siècle avant notre ère, les Phéniciens avaient solidement établi de nombreuses colonies en Afrique du Nord, en Sardaigne et dans la région de la péninsule Ibérique, ce qui est en corrélation directe avec les premières découvertes de pendentifs en forme de panier à ces endroits.

Les preuves archéologiques montrent également que le réseau commercial phénicien (notamment pour l'argent) entre la Méditerranée occidentale et le Levant sud était actif au cours du 10e siècle avant notre ère. La découverte de trésors d'argent à Dor et Akko, datés de la deuxième moitié du 10e siècle avant notre ère et du 10e au 9e siècles avant notre ère (respectivement), qui avaient été transportés vers la côte phénicienne/israélite, ont été reconnus comme provenant de sites méditerranéens occidentaux associés aux Phéniciens.

La découverte dans le Levant méridional de magots d'argent du 10e siècle avant notre ère provenant de la Méditerranée occidentale est importante car elle fournit une base archéologique pour l'influence phénicienne dans cette région. Il est intéressant de noter que cette datation est également parallèle au texte biblique en ce qui concerne à la fois le commerce de l'argent et le 10e siècle avant notre ère.

1 Rois 10 : 22 déclare : « Car le roi [Salomon] avait en mer des navires de Tarsis avec ceux de Hiram [de Tyr] ; et tous les trois ans arrivaient les navires de Tarsis, apportant de l'or, de l'argent, de l'ivoire, des singes et des paons. » La Bible nous apprend que cette relation a duré du roi David jusqu'au règne du roi Salomon, soit pendant la majeure partie du 10e siècle avant notre ère. En outre, bien que les Phéniciens soient généralement reconnus pour leur rôle dans le commerce maritime, il ne faut pas négliger leur rôle dans le commerce terrestre. De plus en plus de preuves de l'âge du fer II montrent le commerce et les négociants phéniciens sur des sites intérieurs et côtiers dans tout le Levant méridional.

Jusqu'à présent, les preuves archéologiques de l'implication des Phéniciens à Jérusalem au cours du 10e siècle étaient relativement rares. Des parties de trois chapiteaux à volute « proto-éoliens » ont été trouvées lors de fouilles sur la colline orientale de Jérusalem, qui présentent des liens stylistiques avec les Phéniciens. Cependant, deux ont été trouvées dans des contextes secondaires et une autre dans un effondrement datant de la fin de l'âge du fer II.

En 2005, deux petits objets liés au commerce phénicien ont été découverts par la Dre Eilat Mazar lors des fouilles de la Grande structure en pierre au sommet de la Cité de David : une incrustation d'ivoire stylisé de 10 centimètres de long composée de deux moitiés identiques qui auraient orné chaque côté d'une tige de fer, peut-être une partie d'un couteau ou d'un miroir. L'objet en ivoire a été trouvé à côté d'une élégante cruche chypriote noir sur rouge dans un contexte de la fin du 10e siècle. Selon la Dre Mazar, une incrustation de conception identique a été découverte attachée à une épée lors des fouilles du site phénicien d'Achziv sur la côte nord d'Israël. L'épée, ainsi que d'autres objets funéraires, sont datés du 10e siècle avant notre ère.

En 2013, un sceau d'origine chypriote a été découvert dans les fouilles de l'Ophel. Le sceau conique représente un lion tourné vers la gauche et une représentation schématique d'une forme humaine. Les sceaux présentant ce même motif sont typiques de la période chypro-géométrique I (vers 1050 - 950 avant notre ère). Cette période coïncide avec le début de la présence et du commerce phéniciens à Chypre. Othmar Keel écrit qu'il s'agit « très certainement » d'une importation de Chypre, ce qui constitue une preuve supplémentaire de l'existence d'une relation précoce entre les zones d'influence phénicienne et Jérusalem.

Nous pouvons désormais ajouter le pendentif d'électrum en forme de panier de l'Ophel à cette liste d'objets attestant des liens entre la Phénicie et la Jérusalem à l'âge du fer.

Mais ce pendentif pourrait signifier plus qu'un simple lien entre Israël et la Phénicie. À cette époque, le bijou n'est pas seulement un objet de beauté esthétique. Ces objets ne sont pas des bibelots produits en série, mais exigent un haut niveau d'artisanat et n'étaient fabriqués que sur demande. Lorsqu'il est porté comme boucle d'oreille, en exposition frontale, un bijou fournit des renseignements sur celle ou celui qui le porte, tout comme une étoile de David ou une croix représenterait quelque chose à l'époque moderne.

Par conséquent, étant donné que ces pendentifs en forme de panier sont trouvés sur des sites clairement associés à une colonie phénicienne, ils peuvent être considérés comme un marqueur culturel signifiant la présence et l'identification d'un individu phénicien. Ainsi, lorsqu'on retrouve un pendentif en forme de panier de style phénicien à Jérusalem, c'est la meilleure indication à ce jour qu'un Phénicien était littéralement sur place dans le quartier royal de Jérusalem.

Lorsque l'on associe les preuves archéologiques à la Bible, ce minuscule artéfact ressuscite l'histoire biblique de l'âge d'or de l'ancien Israël. Il rappelle l'époque de la monarchie unifiée, où Israël et Juda étaient unifiés sous un seul roi régnant depuis Jérusalem. Il raconte l'époque où les Phéniciens de la côte libanaise se sont associés à ce roi dans ses projets de construction les plus importants dans la capitale. 1 Rois 5 : 1 déclare : « Hiram, roi de Tyr, envoya ses serviteurs vers Salomon, car il apprit qu'on l'avait oint pour roi à la place de son père, et il avait toujours aimé David. »

LA TROMPETTE EN BREF

Demeurez informé et abonnez-vous à notre bulletin.