MADELEINE RAGSDALE/UNSPLASH
Le mystère de l’Église (vingtième parties)
La suite provenant de Le mystère de l’Église (dix-neuvième partie)
Une contrefaçon appelée « christianisme »
Le rideau était déjà tombé sur l’histoire de la véritable Église. Le livre des Actes nous en relate une partie, mais nous n’en savons guère plus. Aux environs de l’an 150 de notre ère, le rideau semble se lever à nouveau, et l’on commence à retrouver un peu son histoire. À ce moment-là, il existe une Église qui se dit chrétienne, mais qui, en réalité, est une Église tout à fait différente de l’Église de Dieu — aussi différente que la nuit l’est du jour, le haut du bas, ou le blanc du noir ! Pourtant cette Église se prétend chrétienne.
Laissez-moi vous citer un extrait d’un livre d’histoire intitulé : « The Decline and Fall of the Roman Empire » (La décadence et la chute de l’Empire romain), chapitre XV : « Les informations rares et douteuses relatives à l’histoire ecclésiastique nous permettent rarement de dissiper l’épais nuage qui recouvre les débuts de l’Église ». (C’est nous qui traduisons, tout au long de cet ouvrage). J’ai souvent fait allusion au « siècle perdu », du fait que l’histoire de cette Église a été perdue, à cette époque-là.
Les érudits et les historiens de l’Église admettent que les événements, dans l’Église chrétienne primitive entre 50 et 150 de notre ère, sont plutôt flous — comme plongés dans un épais brouillard.
L’érudit anglais de renom Samuel G. Green, dans « A Handbook of Church History » (Manuel de l’histoire de l’Église) écrit : « Les trente ans qui suivirent la fermeture du canon du Nouveau Testament et la destruction de Jérusalem sont, en vérité, les plus obscurs de l’histoire de l’Église. Lorsqu’on étudie le deuxième siècle, on découvre, dans une large mesure, un monde différent ».
Dans « Lectures on Ecclesiastical History » (Conférences sur l’histoire ecclésiastique), William Fitzgerald déclare : « D’épaisses ténèbres enveloppent cette période de transition qui succède immédiatement à l’ère proprement appelée apostolique ».
Dans « The Course of Christian History » (Cours d’histoire chrétienne), William J. McGlothlin écrit : « Mais le christianisme lui-même s’était peu à peu transformé à mesure qu’il avait progressé, et, à la fin de la période, il était, sous bien des aspects, différent du christianisme apostolique ».
Philip Schaff, pour sa part, déclare dans son ouvrage « History of the Christian Church » (Histoire de l’Église chrétienne) : « Les trente dernières années du premier siècle sont d’un obscurantisme mystérieux, que seuls les écrits de Jean illuminent. C’est une période de l’histoire ecclésiastique sur laquelle nous en savons le moins, et voudrions en savoir le plus. »
En revanche, si l’on regarde de plus près, dans ce brouillard, on peut commencer à comprendre ce qui s’est passé.
Le monde dans lequel le Christ avait fondé l’Église était celui de l’Empire romain — le plus grand et le plus puissant empire qui ait jamais existé. Il s’étendait de l’Angleterre aux confins de la Turquie actuelle, et englobait un grand nombre de peuples aux cultures et aux antécédents différents, tous soumis à un seul système de gouvernement.
Rome gouvernait avec fermeté, mais les peuples qu’elle avait subjugués jouissaient d’une liberté considérable dans les limites de la loi romaine. Dès l’instant que tous les citoyens et tous les peuples conquis rendaient l’hommage qui était dû à l’empereur, ils pouvaient aussi pratiquer leurs croyances religieuses, et adorer les dieux de leurs ancêtres.
Après le jour de la Pentecôte, les apôtres commencèrent à suivre l’ordre du Christ d’aller dans le monde entier pour prêcher l’Évangile du Royaume. Aussitôt que le christianisme se répandit de la Judée aux territoires du nord, qui étaient des pays païens, il se heurta à ceux qui pratiquaient les religions païennes de Babylone, de Perse et de Grèce.
Les apôtres entrèrent en contact avec Simon le magicien, un individu qui s’était lui-même désigné comme le chef religieux d’un culte fortement enraciné dans la religion à mystères de l’ancienne Babylone.
Simon le magicien, qui avait comploté dans le but de se faire nommer à un poste influent dans l’Église primitive en payant une certaine somme d’argent, se vit démasqué par l’apôtre Pierre (Actes 8). Mais d’autres faux ministres ne tardèrent pas à surgir.
Dans ses premières Épîtres, l’apôtre Paul avertit les congrégations novices de Grèce et de Galatie du danger qu’elles couraient en se tournant vers un autre évangile — vers une fausse conception du Christ et de Son message.
Le message de Jésus fut de plus en plus édulcoré, les faux ministres — avec leurs enseignements largement influencés par les croyances de Babylone et de Perse — s’infiltrant continuellement dans les congrégations.
À mesure que le premier siècle tirait à sa fin, les apôtres exhortèrent les membres à rester fidèles.
Jude, le frère de Jésus, exhorte les membres à « combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude 3).
L’apôtre Jean, de son côté, avertit les frères de n’avoir aucun contact avec ceux qui apportent de fausses doctrines (2 Jean 10).
Une bonne partie de ceux qui se disaient chrétiens ne s’étaient pas réellement convertis. Néanmoins, durant cette période, tous ceux qui se disaient chrétiens souffrirent énormément, du fait qu’ils refusaient d’adorer l’empereur.
En l’an 64 de notre ère, le dément Néron rejeta sur les chrétiens le blâme de l’incendie de Rome, et les persécuta sauvagement. Des milliers d’entre eux furent martyrisés.
Peu après, les Juifs de la Palestine se soulevèrent et se rebellèrent contre les autorités romaines. La rébellion fut matée, et Jérusalem détruite en l’an 70.
Un petit nombre de vrais chrétiens qui se trouvaient à Jérusalem s’enfuirent dans les montagnes et trouvèrent refuge à Pella.
Les sept ères de l’Église
Le livre de l’Apocalypse contient sept messages, adressés à sept églises qui existaient en Asie Mineure, vers la fin du premier siècle.
Ces églises — Ephèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée — se trouvaient sur l’itinéraire emprunté par des messagers de l’Empire romain.
Les coursiers suivaient cette route, déposant des lettres d’une ville à l’autre.
Les messages adressés aux sept églises contiennent des paroles d’encouragement et de correction ; ils montrent clairement les caractéristiques dominantes de chacune des congrégations de l’époque.
Néanmoins, ces messages concernaient un auditoire bien plus vaste que celui des chrétiens, dans ces petites villes.
Ces messages constituent une série de prophéties remarquables, par lesquelles l’avenir de la véritable Église était annoncé dans les grandes lignes, depuis la Pentecôte de l’an 31 jusqu’au Second avènement du Christ.
L’histoire de l’Église allait correspondre à sept ères distinctes — chacune d’elles ayant ses qualités et ses faiblesses, ses propres épreuves et ses problèmes particuliers.
De même qu’un message pouvait être transmis par cette route messagère, quitter Éphèse à destination de Laodicée, la vérité divine allait être transmise d’une ère à l’autre.
C’était comme une course de relais — dans laquelle le témoin passe d’un coureur à l’autre — chacun jouant son rôle jusqu’à ce que la ligne d’arrivée soit franchie.
À un moment donné, au cours des premières décennies du second siècle, le témoin passa de l’ère d’Éphèse à ceux que Dieu avait appelés à l’ère de Smyrne de Son Église. Peu puissants, souvent persécutés, et rejetés comme hérétiques, le monde perdit ceux-ci de vue. En revanche surgit, de ce « siècle perdu », une Église qui croissait en popularité même si elle se détournait de plus en plus de l’Évangile que Jésus avait prêché.
La persécution continua, à plusieurs reprises, conduite par les Romains, jusqu’au IVe siècle — époque où Constantin désigna la religion de l’Église dégénérée de cette période comme religion officielle de l’empire.
L’Église qu’il reconnaissait était pourtant devenue bien différente de l’Église que Jésus avait fondée. Les doctrines et les enseignements que le Christ avait dispensés à Ses apôtres étaient désormais enfouis parmi les ornements, les cérémonies, les mystères et les rites d’une Église qui se donnait le nom du Christ. C’était, avant tout, la religion babylonienne à mystères se faisant appelée chrétienne, adoptant la doctrine de la grâce mais la tournant en licence. En d’autres termes, il s’agissait de la vieille religion babylonienne à mystères, drapée d’un nouveau manteau : le « christianisme ».
Dès que Constantin l’eut officialisée, cette Église redoubla d’efforts pour proclamer son message au monde. Des enseignants et des prédicateurs se rendirent dans toutes les parties de l’Empire romain pour y annoncer un message au sujet du Christ. Des milliers — voire même des millions — de gens entendirent cet évangile, et ils y crurent. Ce n’était pourtant pas l’Évangile que le Christ avait prêché — ce n’était pas Son message prophétique au sujet du Royaume de Dieu à venir.
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