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Le Legs

LA TROMPETTE

Le Legs

Relever les ruines : La bataille pour faire revivre le legs de Herbert W. Armstrong (Chapitre Deux)

Lire le chaptire précédent : Le pouvoir absolu

« Nous sommes très conscients du legs pesant de notre passé… Nous devons nous en repentir et nous en excuser grandement. Nous étions catégoriques et pharisaïques… Ainsi, à tous ceux… qui ont été les victimes de nos péchés passés, et de nos erreurs de doctrine—je leur présente toutes mes excuses. »

Joseph Tkach Jr

La pure vérité, de mars-avril 1996

Le tkachisme a dépeint le legs [ou l’héritage], de Herbert W. Armstrong comme celui d’un fanatique religieux ignorant, au regard fou, qui a utilisé son pouvoir pour abuser des gens. Le problème avec ce portrait, en plus d’être faux, c’est qu’il représente un point de vue minoritaire, même parmi les membres et les anciens membres de l’Église universelle de Dieu. Dans Transformée par la vérité, Joseph Tkach écrit : « Tandis qu’un grand nombre de lettres, que nous avons reçues durant les quelques années passées, peuvent être caractérisées comme pleines de colère et hostiles, nous avons toujours eu quelques lettres précieuses de membres nous encourageant à maintenir notre trajectoire actuelle. »Il ne donne pas de chiffres exacts, mais admet qu’un « grand nombre » de lettres qu’ils reçoivent viennent de membres qui sont contrariés de ce qu’a fait le tkachisme.

Tkach a dit que l’assistance à l’église a atteint un niveau maximal de 150 000 en 1988, deux ans après la mort de M. Armstrong.Au moment où Tkach a écrit son livre, en 1997, la présence aux assemblées de l’ ÉUD avait chuté de près de 58 000—un taux d’attrition de plus de 60 pour cent. Leur « remarquable » transformation, comme M. Feazell l’a écrit quatre ans plus tard dans son propre livre, a mené « à l’exode de plus de la moitié des membres de l’église et du ministère... »Aujourd’hui, cet exode massif doit sûrement être plus proche de 75 pour cent. Cela ne veut pas à dire que tous ceux qui sont partis l’ont fait pour soutenir les enseignements de M. Armstrong. Mais ils n’ont pas traîné non plus pour accorder leur soutien au tkachisme.

En 1996, Tkach Jr a écrit une « Lettre de l’Éditeur », dans la Pure vérité, dans laquelle il faisait des excuses pathétiques au nom de M. Armstrong, mort depuis 10 ans. « Nous devons nous en repentir et nous en excuser grandement », a-t-il dit, expliquant que l’église avait été « catégorique et pharisaïque ». Il a ensuite cité un certain nombre de doctrines « imparfaites » que M. Armstrong a enseignées. « Ces enseignements et pratiques sont une source de regret suprême. Nous sommes très attentifs à la peine et à la souffrance qui en ont résulté », a-t-il écrit, sans dire exactement comment les gens ont souffert, suite à ce que M. Armstrong a enseigné.4

« Nous avons eu tort », a-t-il dit aux abonnés, avant de conclure : « Ainsi, à tous les membres, anciens membres, co-ouvriers et aux autres—à tous ceux qui ont été les victimes de nos péchés passés, et de nos erreurs de doctrine—je leur présente toutes mes excuses. »5

« Victimes », tout comme « viol » est un terme incendiaire ! Mais plutôt que de nous y attarder, considérons un autre aspect intéressant de cette transformation. Au moment où Tkach faisait ces excuses, presque tous les lecteurs de la Pure vérité de l’ère de M. Armstrong avaient depuis longtemps annulé leur abonnement. Si l’on en juge par le tirage en chute libre après 1985, il semble que les vraies « victimes » se trouvaient parmi les lecteurs de la Pure vérité, qui n’étaient pas inspirés par le tkachisme.

Sous M. Armstrong, la Pure vérité était une revue internationale populaire, avec un tirage toujours croissant. Le tkachisme a ruiné tout cela, et a, ensuite, présenté des excuses pour ce que M. Armstrong a fait !

L’histoire la plus remarquable jamais lue

Le fait que tant de gens aient été découragés par le tkachisme n’a pas détourné les responsables de l’ÉUD de leur dur labeur consistant à répandre leur évangile « Armstrong était un fanatique fou » ! Selon le rabat de la jaquette, le livre de Tkach Jr, paru en 1997, raconte une « remarquable histoire de la manière dont l’Église universelle de Dieu a été transformée par la vérité ». Selon le journal de l’Église, le livre parle de la « réforme miraculeuse » à l’intérieur de l’Église, après 1985.Tkach Jr décrivait lui-même cette transformation, de la manière suivante, dans le Christian Research Journal : « Beaucoup de gens nous disent maintenant que des changements profonds d’une telle ampleur sont sans précédent historique, du moins depuis l’époque de l’Église du Nouveau Testament. »Il parle d’une transformation tellement inhabituelle, et tellement massive, que rien dans les livres d’histoire ne peut lui être comparé.

De manière prévisible, un certain nombre d’évangéliques se sont extasiés devant le livre de Tkach. La Docteure Ruth Tucker l’a considéré comme un « livre de référence ». Le Pasteur Gordon Kirk a dit que le livre a dépeint « le tableau de l’une des œuvres les plus spectaculaires de Dieu, dans notre siècle ». Il a décrit le récit, dans les coulisses, de Tkach comme « irrésistible », « accablant » et « stupéfiant ». Le Docteur James Kennedy a dit que les changements à l’ÉUD étaient « plus intensifs que ceux qui avaient provoqué la Réforme protestante. »8

Je vous l’accorde, vous ne vous attendriez pas à ce qu’ils promeuvent leur livre avec des critiques quelque peu tièdes, mais tout de même, « sans précédent historique »—plus révolutionnaire même que la Réforme protestante ?

C’est une vraie histoire ! Et selon Mike Feazell, bien des gens seraient intéressés par une telle histoire. « Il y a beaucoup de curiosité pour ce que Dieu a fait à l’intérieur de l’ÉUD. Les anciens membres, les anciens lecteurs de la Pure vérité, les anciens spectateurs de notre émission de télévision, aussi bien que le monde chrétien, de manière plus large, sont tous intéressés par le déroulement et la raison de ce qui est arrivé. »9

En fait, je suis d’accord avec cela. Je crois qu’il y a, là, une audience énorme, curieuse de la raison de leur transformation, et de la manière dont celle-ci s’est déroulée, mais pas selon le point de vue de Tkach—c’est-à-dire que M. Armstrong était sans instruction, qu’il a enseigné l’hérésie, etc. Le petit cercle des critiques de M. Armstrong a dit ces choses tout au long de son œuvre. Il n’y a rien d’original dans cette histoire.

Mais qu’en est-il de lancer un appel aux légions de partisans de M. Armstrong—les dizaines de milliers de membres qui, en réalité, aimaient ses enseignements, les centaines de milliers de co-ouvriers et de donateurs qui, quoique non membres, aimaient suffisamment son message pour le soutenir avec des dons, les millions de gens qui ont suivi son ministère à la télévision ou qui ont lu sa littérature ? Qu’en est-il de faire appel à cette audience de masse, dans laquelle il doit y en avoir qui se demandent comment l’administration Tkach a réussi à détourner l’Église universelle de Dieu et, dans les faits, à excommunier Herbert W. Armstrong post-mortem ?

Voilà une histoire qui vaut la peine d’être racontée !

Mais celle de Tkach ? Si l’on peut en dire quelque chose, c’est qu’elle est non remarquable—à moins que, bien sûr, il se trouve que vous soyez un de ses amis évangéliques comme Don Jacobson, président de Multnomah Publishers, responsable de la distribution du livre de Tkach. « Nous voyons la publication de Transformée par la vérité comme une responsabilité morale », a dit Jacobson au Worldwide News. « Raconter l’histoire des profonds changements, et de l’activité de l’Esprit de Dieu dans l’Église universelle de Dieu, c’est l’un des projets les plus passionnants dans lequel nous avons été impliqués. »10

Mais tout le monde n’était pas aussi enthousiasmé, par le livre, que ce petit éditeur de publications surtout religieuses. Selon le Worldwide News, au début de 1998, la première impression du livre avait été vendue, et une seconde impression était en cours, mais l’article n’a pas fait de remarques sur le nombre d’exemplaires initialement imprimés.11 Selon un représentant de Multnomah, ils ont imprimé et distribué un total de 30 000 exemplaires du livre avant que ce livre ne soit plus imprimé, en 1999.12 En 2001, l’ÉUD offrait le livre, qui ne paraissait plus, gratuitement en ligne.

Cette même année, Mike Feazell finissait sa version de leur « remarquable » histoire dans La libération de l’Église universelle de Dieu. Eddie Gibbs, de Fuller Theological Seminary, a dit qu’il croyait que le livre de M. Feazell était « destiné à devenir un ouvrage standard, que les historiens de l’église et les sociologues religieux continueraient à consulter durant les années à venir ! »13

Le Docteur James Kennedy, qui a également fait de la publicité pour le livre de Tkach, a dit de celui de M. Feazell : « C’est le changement le plus étonnant que j’ai jamais vu ou dont j’ai jamais entendu parler dans un groupe religieux ! » Une autre amie de l’Église transformée, Ruth Tucker, a dit : « Jamais, auparavant, il n’y a eu dans l’histoire du christianisme un retournement aussi complet en direction du christianisme orthodoxe par une église marginale peu orthodoxe. »14

Tkach Jr, après même que l’intérêt pour sa propre version de l’histoire était retombé, avait de grands espoirs pour celle de M. Feazell. « Nous nous attendons à ce que son livre ait un grand impact, et fasse que beaucoup de gens soient au courant, dans un sens positif, des changements qui ont eu lieu dans l’Église universelle de Dieu », a-t-il dit au Worldwide News.15

Mais, encore une fois, sauf les historiens de l’église, les sociologues et les amis évangéliques de l’ÉUD, presque personne d’autre ne se souciait suffisamment du voyage « miraculeux » de l’ÉUD au point de payer 20 dollars pour le lire.

Lors d’une déposition, en 2002, M. Feazell semblait très embarrassé pour répondre aux questions concernant les ventes du livre et les redevances qu’il avait reçues pour l’écrire. Il a dit que les redevances avaient chuté de 5 à 15 pour cent. L’éditeur du livre, Zondervan, lui a donné une avance de 8 000 dollars pour son manuscrit qui serait déduite quelles que soient les redevances perçues. À l’époque de la déposition de M. Feazell, le livre étant disponible depuis presque un an, M. Feazell n’avait toujours pas suffisamment de redevances pour couvrir l’avance.16

Selon un représentant de Zondervan, ils ont imprimé 6 000 exemplaires de l’édition cartonnée, en 2001. Cette version n’est maintenant plus imprimée. En 2003, cependant, Zondervan a produit une version brochée, qui a été imprimée en 4 200 exemplaires. Selon leur représentant, ils en ont vendu à peu près 3 000 à des librairies. En janvier 2006, Zondervan avait encore 740 de ces versions brochées en stock.17

Malgré l’enthousiasme de l’ÉUD et autres évangéliques pour Transformée par la vérité et pour La libération de l’Église universelle de Dieu, le nombre final des ventes a dû être désappointant. Apparemment, leur « remarquable » transformation en une dénomination traditionnelle—« sans précédent historique » dans la religion moderne—est une histoire qui n’a pas eu beaucoup d’écho dans le grand public.

Le livre ‘remarquable’ de M. Armstrong

Quand la Pure vérité a fini sa version en séries du Mystère des siècles, en novembre 1986, M. Tkach a présenté le dernier article de la série en disant que c’était un « livre remarquable » qui était « dans un sens très réel la dernière volonté, et le testament, de M. Armstrong ».18 Il a dit que M. Armstrong ne sous-estimait pas la valeur de l’ouvrage.

Et vraiment, à chaque fois que M. Armstrong parlait du livre, il le comblait d’éloges. Très vite après que M. Armstrong a commencé à travailler sur le Mystère des siècles, en 1985, il a dit aux membres de l’Église que ce serait probablement le « livre le plus important » qu’il eut écrit.19 Dans l’avant-propos du livre, M. Armstrong soutient que « L’avenir dira s’il s’agit ici de l’ouvrage le plus important qui ait été écrit depuis près de mille neuf cents ans. »20

Selon Joseph Tkach Jr, M. Armstrong a mis au point ce genre « d’hameçons » hyperboliques tandis qu’il travaillait en tant que jeune publicitaire, dans les années 1920.21 « Malheureusement, écrit Tkach, il a apporté cette mentalité du monde de la vente dans la fondation de notre église. »22 Concernant la déclaration « L’avenir dira », Tkach dit : « C’était une déclaration d’introduction qu’il avait utilisée auparavant dans des termes, en grande partie, similaires pour nombre de brochures et de livres. »23

Autrement dit, M. Armstrong était supposé avoir dit ces choses au sujet de tout ce qu’il écrivait. C’était une technique de vente, que nous sommes supposés croire. « Il était enthousiaste à l’idée que des gens liraient le livre », a expliqué, en 1990, le père de Tkach Jr. « Il a simplement été emporté par l’enthousiasme dans la description qu’il en a fait », a dit Tkach, à peine trois ans après avoir dit que le livre était « remarquable ».24

On pourrait être pardonné de voir une similitude entre « L’avenir dira s’il s’agit ici de l’ouvrage le plus important qui ait été écrit depuis près de mille neuf cents ans » et la déclaration de Tkach Jr faite à propos des transformations de l’ÉUD : « Des changements profonds d’une telle ampleur sont sans précédent historique, du moins depuis l’époque de l’Église du Nouveau Testament. »25 La grande différence, bien entendu—et de manière substantielle—c’est que des masses de gens sont, en fait, intéressées par la lecture du « remarquable » ouvrage de M. Armstrong.

L’Église a initialement imprimé 150 000 exemplaires de la version reliée du Mystère des siècles. Elle a distribué un exemplaire à chaque famille dans l’Église. Une maison de publication, à New York—Dodd, Mead, Inc.—a distribué l’ouvrage à des librairies aux États-Unis et au Canada. L’Église a envoyé 1 000 exemplaires par avance, avec de la documentation à des critiques, à travers toute l’Amérique. Une critique positive pour le Mystère des siècles a paru dans le Library Journal, une publication sur laquelle les bibliothèques s’appuient pour déterminer quels livres commander. Le journal a loué M. Armstrong pour avoir présenté les doctrines de l’Église dans un « style clair et simple », et a recommandé aux bibliothèques de le commander que ce soit pour leurs sections religieuses ou publiques.26

En novembre 1985, l’Église a proposé le Mystère des siècles à 480 000 abonnés de la Bonne nouvelle. Selon les Worldwide News, en l’espace de 10 jours, près de 100 000 abonnés ont réclamé le livre.27 Vers la fin de cette année-là, près de 50 pour cent des abonnés ont envoyé des demandes, ce qui a battu un record vieux de 21 ans dans l’Église, établi en 1964 quand 41,4 pour cent des abonnés à la Bonne nouvelle ont réclamé Dieu se prononce sur la nouvelle moralité.28

Cela n’a pas été le seul record à être battu cette année-là. Avant 1985, le record de distribution de livres de l’année a été les 635 000 exemplaires des Anglo-Saxons selon la prophétie. En 1985, 740 000 personnes ont demandé le Mystères des siècles—et le livre n’a même pas paru jusqu’en septembre de cette année-là.29 C’est-à-dire 740 000 demandes en tout juste quatre mois. Comme l’a noté le Pastor General Report, « ce livre est rapidement devenu la pièce de littérature la plus unanimement saluée et la plus demandée que M. Armstrong ait écrite. »30

Les records ont continué en 1986. Après la mort de M. Armstrong en janvier 1986, l’Église a préparé un hommage spécial qui devait être diffusé dans l’émission télévisée le Monde à venir. Diffusé le week-end du 25-26 janvier, c’était la toute première fois que l’Église proposait le Mystère des siècles (broché) à la télévision. Il en a résulté la plus forte demande jamais atteinte par le Monde à venir, quand 107 000 téléspectateurs ont demandé le livre, début février.

Un an plus tard, en 1987, une autre émission qui offrait le livre aux téléspectateurs a généré 59 000 appels. Plus tard cette même année, une rediffusion, en été, de cette même émission, a engendré 37 000 demandes supplémentaires. À cette époque-là, à la mi-1987, il y a eu 5 000 exemplaires du livre dans les bibliothèques des États-Unis.

Au total, début 1988, près de 1 245 000 exemplaires du Mystère des siècles ont été distribués à travers le monde.31

Tout au contraire des livres de Tkach et Feazell, le livre « remarquable » de M. Armstrong a, en fait, produit des résultats remarquables. Bien sûr, les représentants de l’ÉUD pourraient, aujourd’hui, arguer que c’est une comparaison injuste. À l’époque où leurs livres tombaient des rotatives, la machine médiatique de l’Église et la liste des abonnés n’avaient pas disparu. M. Armstrong, d’un autre côté, a bénéficié d’une œuvre tentaculaire et mondiale qui a attiré de nombreux partisans pendant 50 années.

Mais, le problème est justement là ! Toute l’œuvre de M. Armstrong—ses écrits, ses sermons, ses institutions, sa vie entière—avait un impact extrêmement positif sur des millions d’êtres humains qui désiraient faire partie de cette œuvre. Bien sûr, il y a eu de temps en temps des critiques qui n’aimaient pas la théologie de M. Armstrong. Comme le Pasadena Star-News l’a écrit, le jour qui a suivi la mort de M. Armstrong :

Ceux qui choisissent de répandre le message du monothéisme dans le monde—ou qui croient être divinement choisis pour le faire—sont tenus d’endurer plus que leur part de vicissitudes mortelles. Beaucoup de ces hommes et femmes, cependant, laissent un legs qui montre que toute leur souffrance en valait la peine. Herbert W. Armstrong était un tel homme.32

Il y avait des obstacles et des épreuves tout au long du chemin—des critiques, des sceptiques—mais son legs [ou héritage] a montré que toutes les difficultés en valaient la peine. C’est de cette façon que ce média d’actualités, géographiquement proche de M. Armstrong, a représenté son legs.

Pourtant, 10 ans plus tard, Joseph Tkach Jr—l’homme occupant le même poste que M. Armstrong a établi—a jugé nécessaire de faire des excuses sur « le legs pesant » de « peine » et de « souffrance » de M. Armstrong.33 Le tkachisme, nous devons le supposer, n’a apporté que de la joie et de la paix dans notre vie ! Remarquez ce que Tkach a écrit dans le Christian Research Journal, en 1996 :

La direction et les membres fidèles de l’Église universelle de Dieu sont profondément reconnaissants pour la miséricorde de Dieu à nous conduire dans la lumière. Pourtant notre progrès n’a pas été sans coût. Le revenu s’est effondré, nous coûtant des millions de dollars, exigeant que nous licenciions des centaines d’employés de longue date. Le nombre des membres a décliné. Plusieurs églises dissidentes se sont détachées de nous pour retourner à l’une ou l’autre de nos positions doctrinales et culturelles antérieures. En conséquence, des familles se sont séparées et des amitiés ont été abandonnées, parfois avec colère, mauvais sentiments et accusations.34

Ce n’est que dans le monde sens dessus dessous du tkachisme que M. Armstrong peut être blâmé de tout cela. M. Armstrong n’a pas été celui qui a provoqué la chute du revenu. Il n’a pas été responsable de la réduction du personnel du siège central, qui est passé de 1 000 employés à 50. Il n’a pas été celui qui a chassé 75 pour cent des membres. M. Armstrong n’a pas supprimé tous les enseignements de l’église, incitant des groupes dissidents à se détacher, détruisant ainsi des familles et des amitiés.

M. Armstrong n’a été en rien la cause de cela. Le tkachisme en est responsable !

« Un géant »

Jugeant par la grande vague de réactions à la nouvelle de la mort de M. Armstrong, à l’évidence, des dizaines et des dizaines de dirigeants éminents, du monde entier, n’avaient qu’un profond respect pour M. Armstrong, en tant qu’homme, et n’avaient que des louanges à formuler à l’égard de son œuvre.

Le roi de Thaïlande, Bhumibol Adulyadej, a dit que M. Armstrong, « par sa compréhension, sa sagesse et son humanité, a cherché à donner encouragement et assistance aux gens, dans le monde entier, particulièrement en Thaïlande où il a consacré beaucoup de son temps et de ses ressources, devenant ainsi un ami proche, et précieux, de notre pays. »35

Otto von Habsbourg, alors membre du Parlement européen, a envoyé ce message : « J’ai été profondément choqué par la nouvelle de la mort de l’inoubliable M. Armstrong. Je suis avec vous tous en prières, et espère en une suite couronnée de succès de l’œuvre de sa vie. »36

Le prince Raad de Jordanie et sa femme ont appelé M. Armstrong un « grand humanitaire et un philanthrope, une perte dont le monde… ne peut se permettre en des temps comme ceux-ci »—répétons-le, une perte dont le monde ne peut se permettre !37

Teddy Kollek, maire de Jérusalem à l’époque, a écrit : « On ne pourrait qu’être profondément impressionné par ses énormes efforts à promouvoir la compréhension et la paix parmi les peuples. Ses bonnes actions ont été ressenties dans de nombreuses régions du monde »38—sauf, apparemment, dans la maison Tkach. Selon Tkach Jr, l’église de M. Armstrong était « catégorique », « légaliste » et « pharisaïque »—favorisant des attitudes de « supériorité ».39

Le maire de Jérusalem n’était pas d’accord. Ni le Procureur général de Californie, qui, à l’époque, a dit : « La vie longue et productive de M. Armstrong laisse un avantage durable pour beaucoup. » Le maire de Pasadena—un homme qui vivait, là, dans la même ville, avec une vue proche de l’Église universelle de Dieu, désignait M. Armstrong comme un « géant qui a fourni une direction de bienveillance et de principe. »40 Les fonctionnaires de la ville, à Pasadena, aimaient tout à fait M. Armstrong et son œuvre. Myron Stolp du Rotary International, à Pasadena, a dit, juste après la mort de M. Armstrong : « Je ne peux guère citer d’activité dans laquelle l’Ambassador n’a pas, d’une certaine façon, été impliqué ! »41 Cy Graph, à l’époque président de la Chambre de commerce de Pasadena, a dit : « Par ses manières calmes, M. Armstrong a fait plus que le Département d’État [américain] pour promouvoir des relations positives entre pays. »42

Même le dirigeant du monde libre à ce moment-là évaluait l’impact positif que M. Armstrong avait sur son église et sur tous les Américains. Le président américain Ronald Reagan a envoyé cette note à l’ÉUD en entendant que M. Armstrong était mort : « À la congrégation de l’Église universelle de Dieu : Nancy et moi nous joignons à tous ceux qui sont endeuillés par la perte de Herbert W. Armstrong. En tant que fondateur et dirigeant de l’Église universelle de Dieu, M. Armstrong a contribué à partager la Parole du Seigneur avec sa communauté et avec les gens à travers la nation. Vous pouvez être fiers de son legs. Nos prières sont avec vous. Que Dieu vous bénisse. »43

Pourtant, juste 10 ans plus tard, le Pasteur général de l’Église universelle de Dieu—la même église que Herbert Armstrong a édifiée—fait des excuses aux lecteurs de la Pure vérité pour toute la « peine » et la « souffrance » que M. Armstrong a causées.

Pourquoi devrions-nous le croire ? Parce qu’il le dit ! Et de plus, il a bénéficié du soutien enthousiaste d’évangéliques comme Ruth Tucker et Hank Hanegraaff. Ils pensent tous que le legs de M. Armstrong était « pesant » de peine et de souffrance.

Le président Ronald Reagan, d’un autre côté, a dit que nous devrions être fiers du legs de Herbert Armstrong.

Je suis du même avis que le président Reagan.

Legs perpétuel

À l’automne de 1926, M. Armstrong a relevé un défi de sa femme, Loma ; ce défi le poussa dans une étude intensive de la Bible, quasiment nuit et jour. Il écrit : « Mes recherches différaient en tous points de celles effectuées par les séminaristes. Ils absorbent ce qu’on leur enseigne des doctrines de leur religion... Pour ma part, j’avais été appelé par le Dieu vivant… Le Christ me montrait ce que je ne voulais pas croire, mais qui était pourtant vrai ! »44 M. Armstrong n’a jamais prétendu être un érudit de la Bible—du moins pas dans le sens où il aurait été formé dans un séminaire ou par un théologien. Mais il voyait cela comme un énorme avantage. Ayant évité une formation de séminariste, son approche de l’étude de la Bible était sans penchant ou préjugé personnels. Il n’a pas prêché ce que quelqu’un d’autre lui aurait dit de prêcher au sujet de la Bible. Il comptait uniquement sur la Bible.

Alors que Dieu ouvrait l’esprit de M. Armstrong aux vérités de la Bible, Il ouvrait aussi des portes afin que M. Armstrong puisse enseigner ces vérités à un grand auditoire.

Ce dont beaucoup se rappellent comme l’une des principales émissions religieuses télévisées, dans les années 1980, Le monde à venir, a, en réalité, commencé comme une petite émission radiophonique, en Oregon, au début de janvier 1934. La pure vérité a commencé, un mois plus tard, avec M. Armstrong sortant quelques centaines d’exemplaires à partir d’une ronéo archaïque. Au moment de sa mort, cette revue mensuelle était envoyée gratuitement à plus de 8 millions d’abonnés dans le monde entier.

En 1939, M. Armstrong a commencé La bonne nouvelle—un bulletin établi principalement pour les membres et les co-ouvriers de l’Église. Comme La pure vérité, il s’est finalement développé en une revue tout en couleurs, et a atteint un record, avec un tirage de plus de 1 million d’exemplaires, à peu près un an et demi après la mort de M. Armstrong.

Au printemps de 1946, 12 ans seulement après qu’il a commencé l’œuvre, M. Armstrong a compris que, si l’œuvre devait avoir une portée mondiale, il aurait besoin de plus d’aide. Pour former cette aide, il avait besoin d’édifier un collège. La vision pour cette institution d’éducation était nette dans son esprit, avant même que le collège n’ouvre. Et cela a abouti non pas à une, mais à trois écoles Ambassador College. Le campus du siège central, à Pasadena, a ouvert ses portes en 1947 ; les autres campus ont été ouverts à Bricket Wood, en Angleterre, en 1960, et à Big Sandy, au Texas, en 1964.

À mesure que le collège se développait et grandissait, l’œuvre de l’Église faisait de même. En 1953, l’émission radiophonique a commencé à être diffusée, en Europe, sur Radio Luxembourg. Deux ans plus tard, en 1955, Le monde à venir a paru à la télévision, pour la première fois, bien que cela ait duré seulement un bref laps de temps.

La pure vérité est passée tout en couleurs en 1965, 31 ans après son lancement. L’Église a commencé aussi à publier la revue en allemand, en français, en espagnol et en hollandais durant les années 1960. En 1967, Le monde à venir était prêt pour une autre aventure dans le monde de la télévision—cette fois-ci, il jouirait d’une croissance rapide.

Dans les années 1960, M. Armstrong a cherché à mettre en œuvre, de manière plus forte, ce qu’il appelait la « voie de donner » de Dieu—la voie du caractère pieux, de la générosité, de l’enrichissement culturel, de la véritable éducation, de l’amélioration de l’environnement, du bien-être pour ses semblables. Il a commencé à entreprendre des projets humanitaires, aidant des projets choisis pour des êtres défavorisés dans le monde entier. En 1975, il a formalisé l’organisation de ces activités en fondant l’Ambassador International Cultural Foundation ou AICF. L’AICF a installé des écoles mobiles dans la Thaïlande bouddhiste pour enseigner aux fermiers illettrés comment avoir des récoltes saines sans avoir recours à des produits illicites. Elle a fondé des écoles, et a fourni du personnel pour des gens handicapés, également pour des fouilles archéologiques sur des sites en relation avec le récit biblique, et pour des sorties anthropologiques. Ses activités s’exerçaient de Bombay à Bruxelles, des Philippines aux Pays-Bas, de Tokyo au Caire, en passant par Okinawa, le Népal, Londres, la Jordanie et Jérusalem.

À mesure que ces entreprises philanthropiques se multipliaient, elles ont produit un intéressant effet collatéral inattendu : des portes ont commencé à s’ouvrir pour que M. Armstrong rencontre des officiels de haut rang dans ces pays étrangers. Des leaders l’ont ouvertement reçu, manifestant même de l’intérêt pour ses opinions, organisant des dîners, en son honneur. Bientôt, s’est présentée l’occasion pour des « dîners-témoignages », organisés par ces personnes officielles, au cours desquels elles invitaient leurs amis influents pour écouter parler M. Armstrong pendant 35 à 45 minutes. M. Armstrong a profité de ces occasions pour prêcher l’Évangile du royaume à venir de Dieu, utilisant des terminologies que les gens pouvaient comprendre. Ces dîners ouvraient la voie pour des conférences publiques, au cours desquelles M. Armstrong pouvait parler à des centaines de milliers de dirigeants, dans différents pays. Portant son message biblique plein d’espoir sur la manière dont Dieu résoudra les problèmes insolubles de l’humanité, il a été largement considéré comme « un ambassadeur non officiel pour la paix mondiale ».

L’AICF a, également, lancé une revue bimensuelle, La potentialité humaine, plus tard renommée Quest. Cette revue était distribuée par abonnement aux chefs d’État, aux personnes officielles et aux professionnels, à travers le monde. Il contenait beaucoup d’articles écrits par eux et pour eux. Dans ses premiers numéros, il y avait le point de vue de leaders japonais sur Israël, une perspective égyptienne officielle sur le Moyen-Orient, des arguments en faveur d’une loi internationale écrits par un juge de la Cour internationale. Des reportages sur l’archéologie, la nature, les merveilles de l’esprit et du corps humain, sur des sorties historiques, sur les arts et les cultures du monde ont paru à côté d’articles d’essence morale et spirituelle.

Ainsi, alors même que M. Armstrong a connu et « a côtoyé de pauvres gens, misérables et totalement illettrés », comme il l’a exprimé dans le Mystère des siècles 45—particulièrement par l’intermédiaire des projets humanitaires qu’il a entrepris, et qu’il a personnellement supervisés—il a aussi obtenu une crédibilité considérable, une faveur et même un certain prestige parmi les élites du monde. M. Armstrong a passé une bonne partie des années 1970 à voyager à travers le monde pour donner le message de l’Évangile aux rois, aux présidents et autres chefs d’État, tout en écrivant, dans le même temps, et inlassablement, pour les nombreuses publications de l’Église. Lors de ses voyages, M. Armstrong a rencontré des souverains comme feu l’Empereur japonais Hirohito, feu l’Empereur éthiopien Hailé Sélassié, le roi Bhumibol Adulyadej de Thaïlande et feu le roi Hussein de Jordanie. Il avait des relations attachantes avec le président égyptien Anouar el-Sadate, avant son assassinat en 1981. Il a, plus tard, obtenu une audience avec Hosni Moubarak, successeur de Sadate. M. Armstrong a parlé de la cause des maux du monde avec l’ancien Premier ministre japonais Eisaku Sato, et a aussi rencontré six Premiers ministres japonais successifs. M. Armstrong était en des termes très amicaux avec le président des Philippines de l’époque, Ferdinand Marcos, et s’est vu attribuer la Médaille présidentielle du Mérite, en 1983. M. Armstrong a visité d’autres chefs d’État ou de gouvernement comme les Premiers ministres israéliens Menahem Begin et Golda Meir, le Premier ministre thaïlandais Prem Tinsulanonda et le Premier ministre britannique Margaret Thatcher.

Jamais, au cours de ces rencontres, M. Armstrong n’a dévié de son but qui était de partager et de répandre gratuitement, le mode de vie de Dieu.

Spectacles

En 1972, M. Armstrong a donné le premier coup de pelle pour la construction de l’Auditorium Ambassador, à Pasadena. Il a consacré au grand Dieu cette belle construction, faite avec certains des matériaux les plus excellents sur terre. À son inauguration, en avril 1974, l’Orchestre symphonique de Vienne a joué sous la direction de Carlo Maria Giulini.

Au cours des 20 années suivantes, plusieurs centaines d’interprètes, y compris de célèbres vedettes de l’opéra comme Luciano Pavarotti, Placido Domingo, Joan Sutherland et Beverly Sills, ont fait les délices du public de tout le sud de la Californie et au-delà, à l’intérieur de l’Auditorium Ambassador. Dans ce dont certains faisaient référence comme au « Carnegie Hall de l’Ouest », des interprètes renommés comme les pianistes légendaires Arthur Rubinstein et Vladimir Horowitz et des violoncellistes célébrés comme Yo-yo Ma et Mstislav Rostropovich ont laissé des spectateurs fascinés. Des icônes du Jazz, Frank Sinatra, Benny Goodman, Bing Crosby et Sammy Davis Jr ont démontré leur talent dans « les joyaux de la couronne de Pasadena ». D’autres interprètes célèbres ont honoré la scène de l’Ambassador comme André Segovia, James Galway, Marcel Marceau et Bob Hope. Le pianiste Alexis Weissenberg a dit : « Je ne peux pas expliquer, de manière adéquate, l’Ambassador à d’autres artistes qui n’y ont pas joué. L’acoustique extraordinaire va au-delà de la beauté de l’endroit. C’est aussi les gens avec qui l’on a affaire. C’est unique dans le monde de la musique. »46

Encore un autre legs qui n’était ni pesant ni écrasant.

Après 2 500 concerts et récitals, ce fut les Tkach qui ont arrêté la célèbre série de spectacles en 1995, en disant qu’ils ne pouvaient pas se permettre de subventionner le programme et que, de toute façon, cela « n’avait rien à faire avec la mission de l’Église. »47 Le Los Angeles Times a rapporté que « la nouvelle de la fermeture de l’Ambassador a grondé dans les cercles d’affaires et dans les cercles politiques de Pasadena comme un tremblement de terre. »48 Le public a été terriblement déçu. En fait, une des raisons pour lesquelles il a fallu si longtemps à l’ÉUD pour vendre la propriété de Pasadena a été la résistance que les représentants de la ville ont opposée aux propositions de transformation du campus en résidences.

« Notre mission dans l’édifice est terminée ; nous n’allons pas le garder », a dit Bernie Schnippert, directeur des finances et de la planification de l’Église, au Los Angeles Times, en 2002. « S’il n’est pas acheté par la ville ou par un bienfaiteur, l’Église le démolira. »49 Tout un legs ! Les dirigeants de l’ÉUD ont, en réalité, lancé un ultimatum à la ville : Soit vous achetez l’Auditorium Ambassador pour la valeur estimée de 22 millions de dollars, soit nous le démolissons ! Finalement, les représentants de la ville ont tenu ferme, et ont empêché que l’Auditorium ne soit vendu à un promoteur. Cela a forcé l’ÉUD à partager la propriété, et à vendre des parcelles pièce par pièce. La Harvest Rock Church a acheté l’Auditorium en 2004 pour un peu plus du tiers de la valeur estimée.

Après la vente, en bon politicien, le ton de Schnippert a changé. « L’Auditorium Ambassador a toujours été une partie importante du ministère de l’Église universelle de Dieu », a-t-il dit au Worldwide News. « Nous sommes heureux que ce joyau religieux et culturel continue d’être utilisé pour la gloire de Dieu. »50 Il a dit cela juste deux ans après avoir menacé de démolir la structure.

On peut se demander ce que les représentants de la ville de Pasadena pensent du legs du tkachisme.

Lutte pour le pouvoir

Durant les années 1970, l’Église a résisté intérieurement à sa part de controverse et de dissension. Une bonne partie s’est produite en l’absence de M. Armstrong. Durant cette décennie de controverse, il était loin du siège central, voyageant environ 300 jours par an.

En 1974, 35 ministres se sont révoltés, et ont emmené quelque mille membres avec eux. Peu après, le fils de M. Armstrong, Garner Ted, a essayé d’arracher à son père le contrôle de l’Église. En l’absence de M. Armstrong, le jeune Armstrong a commencé à changer maintes doctrines fondamentales de l’Église, et à rechercher l’accréditation pour l’Ambassador College. Cela, écrira plus tard M. Armstrong, a mené à l’édulcoration des enseignements de l’Église, et à un comportement laxiste sur le campus de l’Ambassador.

Peu après, Garner Ted a été exclu de l’Église. Malheureusement pour l’Œuvre, les ennuis ne se sont pas arrêtés là. Pendant l’automne de 1978, six membres exclus de l’ÉUD ont commencé à monter une conspiration contre l’Église sous forme d’un procès en action collective. M. Armstrong a écrit dans le Worldwide News du 24 juin 1985 : « Cela a abouti à une injonction ex parte d’un juge. Secrètement, sans notification préalable, sur ordre du Bureau du procureur général, des adjoints ont fait une descente sur l’Église, le matin du 3 janvier 1979. »51 Cela a lancé ce qui est devenu la seule, et plus grande, attaque contre l’Église universelle de Dieu à ce stade.

Un combat pour l’Église de Dieu

Peut-être que le vrai caractère d’un dirigeant n’est-il dévoilé, plus qu’à aucun autre moment, qu’en temps de crise. L’année 1979 était un tel temps dans l’ÉUD. Ceux qui connaissaient bien l’ÉUD, à ce moment-là, ont été des témoins de premier rang de l’esprit de combat de M. Armstrong. L’accusation principale de Garner Ted, portée contre l’Église, était les « dépenses considérables » de son père. Les charges (qui, plus tard, ont été, tout à fait, réfutées) ont incité le procureur de l’État à nommer le juge retraité, Steven Weisman, comme administrateur provisoire de l’Église. Le matin du 3 janvier, le juge Weisman est entré dans le siège central de l’ÉUD, à Pasadena, et a sommairement « renvoyé » Herbert Armstrong, ou le pensait-il. À l’époque M. Armstrong résidait à Tucson, en Arizona, ce qui l’a quelque peu protégé de l’assaut de l’État de Californie.

Décrivant la réaction de M. Armstrong face à ces événements, Stanley Rader écrit dans son livre Contre les portes de l’enfer : « Les problèmes n’ont jamais tracassé M. Armstrong, et il a même réagi, à cette sérieuse menace, avec sérénité, courage et confiance. »52

Deux semaines et demie plus tard, les membres de l’Église ont démontré leur soutien inébranlable à M. Armstrong en se réunissant sur le campus du siège central à Pasadena. Le mince filet de gens s’est bientôt métamorphosé en une inondation qui a convergé vers le Hall d’Administration. Les membres ont apporté de la nourriture et de la literie pour loger dans les bureaux de l’Église afin d’empêcher l’Administrateur de prendre le contrôle de la propriété de l’ÉUD. M. Armstrong n’a pas organisé l’événement. Aucun des dirigeants de l’Église ne l’avait prévu. C’était une réaction spontanée de foi et de courage de la part de ces membres qui cherchaient à défendre l’ÉUD.

Après le rassemblement de milliers des membres, des représentants de l’Église ont organisé une assemblée dans le Hall d’Administration, où l’Administrateur était supposé venir travailler. À ce moment-là, les nouvelles de la tentative de renversement étaient devenues nationales. Cela a été couvert par beaucoup de grands journaux.

M. Armstrong a répondu en direct dans une liaison téléphonique de Tucson à Pasadena : « Le peuple de Dieu a toujours été disposé à souffrir, quel que soit ce qu’il a à faire pour le Dieu vivant ! Et je vous le dis, cela nous a rapprochés. » Il a conseillé aux membres « d’être soumis aux autorités constituées », mais « nous devons obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. » Il a dit : « Si nous devons commencer à subir la persécution et être jetés en prison, je serai le premier à être prêt à y aller. Le Dieu vivant mène cette bataille pour nous… »53 Ce soir-là, le grand titre pour la dernière édition du Los Angeles Times était : « Je suis prêt pour la prison—Armstrong. »

Herbert Armstrong s’est battu diligemment contre l’attaque inconstitutionnelle de l’État. Dans le processus, l’ÉUD a reçu l’appui enthousiaste de douzaines d’églises qui ont vu le danger d’une telle attaque. Cet appui est venu d’églises différentes, avec des enseignements différents, mais qui toutes tenaient au même droit constitutionnel permettant de pratiquer librement sa religion.

Le 14 octobre 1980, l’État a abandonné les poursuites contre l’ÉUD quand le corps législatif a fait voter une loi interdisant au procureur général d’enquêter sur des organisations religieuses de la façon dont il l’a fait avec l’ÉUD.

Commentant la façon dont M. Armstrong a mené ce combat, Stanley Rader a écrit : « Au cours des années de ma proche association avec cet homme remarquable, j’ai noté la grande évidence qu’il est l’incarnation de son propre message d’espoir et de confiance selon lequel le Dieu vivant procurera à l’homme la sagesse pour l’emporter sur les obstacles. »54

S’il faut retenir quelque chose, c’est que l’attaque de la Californie a revitalisé l’apôtre vieillissant, et a fortifié l’Église. La période comprise entre 1979 et 1986 était vraiment la période la plus excellente de l’Église—l’ère de sa croissance la plus grande.

« Incomparablement plus riches »

Personne n’a peut-être subi, aussi profondément, un impact, venant du legs de M. Armstrong, que ceux qui ont travaillé directement à ses côtés. Après la mort de M. Armstrong, beaucoup de ces fidèles partisans ont enregistré leurs pensées pour le numéro, en son hommage, dans le Worldwide News daté du 10 février 1986.

Larry Omasta a travaillé étroitement avec M. Armstrong pour l’émission de télévision. « M. Armstrong savait, a écrit Omasta, que la lentille d’une caméra représentait un monde qui avait besoin du message qu’il devait délivrer. Cela, je pense, est ce qui a fait de lui un orateur si irrésistible. Il ne parlait pas à un auditoire—il leur parlait, à eux. »55

Un évangéliste de l’ÉUD, Norman Smith, avait travaillé avec M. Armstrong pour l’émission à la radio, dans les années 1950 : « M. Armstrong a été d’une très grande influence dans notre vie. Les souvenirs personnels que nous avons, chacun, de ses émissions puissantes, seront une source d’inspiration pour continuer et achever l’œuvre qu’il nous est donné de faire. »56

Dexter Faulkner, rédacteur en chef de la Pure vérité, a dit : « M. Armstrong était un communicateur professionnel expérimenté, largement reconnu pour sa remarquable capacité pour l’écriture et la publicité… Il était intéressé par ce que Dieu voulait dans les publications de l’Église. Et il insistait pour que chaque titre, chaque article, chaque publicité amène ce monde un peu plus près du royaume de Dieu. »57

Ellis La Ravia, vice-président de la Fondation Ambassador, a dit : « Son exemple de direction, son enthousiasme et sa détermination au service de Dieu, a établi le standard pour chacun d’entre nous. Il donnait toujours le mérite à Dieu, pour tout. Il a laissé des standards élevés. Son absence se fera sentir. »58

Roderick Meredith, professeur à l’Ambassador College à l’époque, a fait référence à M. Armstrong comme à « un deuxième père » pour beaucoup d’étudiants du collège. Selon le Dr. Meredith, M. Armstrong « était une dynamo humaine, travaillant, dirigeant et édifiant une organisation consacrée à travers laquelle le Christ pouvait œuvrer pour communiquer Son message à cette génération… Comme pour tout autre véritable grand homme, il n’y en aura jamais un autre comme lui. »59

Leroy Neff, ancien trésorier de l’ÉUD, a dit : « Je n’ai connu personne d’autre ayant une telle ténacité dans la pensée et les objectifs. La plupart de ses pensées et conversations étaient liées à l’Œuvre de Dieu et à la Parole de Dieu… Je pense qu’il était la personne la plus généreuse que j’ai jamais connue. »60

Frank Brown, directeur régional pour la Grande-Bretagne, la Scandinavie, l’Afrique Occidentale et de l’Est et pour le Moyen-Orient, a dit qu’il pensait que le plus grand attribut de M. Armstrong, « en dehors de son désir de faire l’Œuvre de Dieu, était sa clarté de vision. Il avait la rare capacité de penser loin dans l’avenir, et à prévoir non seulement ce que Dieu le mènerait à faire, mais aussi le résultat final. M. Armstrong était un visionnaire… Nous, dans l’Église, aujourd’hui, nous sommes tous incomparablement plus riches d’avoir une part dans la vision de M. Armstrong, et dans la réalité de l’avenir. Il était aimé. Son absence se fera sentir. »61

Personne dans ce numéro en hommage n’a mentionné quoi que ce soit du « legs pesant » de peine et de souffrance de M. Armstrong, ou de son jugement pharisaïque.

Un programme déjà organisé

Ironiquement, ce même « legs pesant », que Tkach Jr adore épingler sur M. Armstrong, était à l’origine de la nomination de son père au poste de Pasteur général. Et au moment de sa nomination, Tkach Sr semblait fier du legs de M. Armstrong. « Quel impact M. Armstrong avait sur ma vie ! » a-t-il écrit. « À cause de son rendement, Dieu pouvait l’utiliser d’une façon profonde pour proclamer le message le plus important que le monde n’aura jamais entendu. »62

Le jour où M. Armstrong est mort, M. Tkach a dit au personnel du siège central : « L’exhortation est maintenant pour ceux d’entre nous, toujours en vie, qui ont, maintenant, une tâche qui est mise devant eux, un programme qui a déjà été organisé par l’apôtre de Dieu. Nous devons maintenir ce programme, et ne pas en dévier d’un iota. »63 Aux obsèques de M. Armstrong, M. Tkach a prié : « Nous admettons aisément, et reconnaissons, qu’il n’y a aucun homme qui puisse le remplacer, mais, Père, nous aspirons à suivre ses traces. »64

Bien sûr, cela n’est jamais arrivé. Comme nous le verrons, le tkachisme a dévié du programme avant même que M. Armstrong ne soit mort. Aujourd’hui, l’Église est complètement transformée. Sa mission a changé, ses doctrines sont différentes, ses traditions ont disparu—son identité même est transformée. Et tous ces changements, le tkachisme l’admet, ont provoqué « des résultats catastrophiques. »65

Comment, alors, est-il possible de coller le blâme, pour cette destruction, sur M. Armstrong ? C’est le legs du tkachisme—et non pas M. Armstrong, qui a ruiné l’Église. Si nous jugeons par les fruits, nous devenons très conscients du legs pesant du tkachisme. C’est le jugement pharisaïque du tkachisme qui a apporté tant de peine et de souffrance dans la vie de milliers de membres, d’anciens membres et de co-ouvriers qui aimaient M. Armstrong, et soutenaient fidèlement son œuvre.

À suivre …