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La Turquie donne son feu vert à la candidature de la Suède à l’OTAN
Le 24 janvier, le parlement turc a ratifié la demande d’adhésion de la Suède à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord. La Grande Assemblée nationale a approuvé la candidature de la Suède par 287 voix contre 55. Le seul État membre de l’OTAN qui n’a pas encore ratifié la candidature de la Suède est la Hongrie. La Suède deviendra alors le 32 e État membre de l’alliance.
La Suède et la Finlande ont annoncé leur candidature en 2022 à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. La Finlande a rejoint l’alliance au printemps dernier. La Suède, quant à elle, n’en fait toujours pas partie. Tous les membres actuels de l’OTAN doivent donner leur accord avant qu’un nouvel État puisse adhérer.
Le président turc Recep Tayyip Erdoğan était le principal obstacle à la Suède. Ses principales préoccupations étaient l’embargo suédois sur les armes à destination de la Turquie et les déclarations de soutien de la Suède au Parti des travailleurs du Kurdistan (pkk). Depuis, la Suède a assoupli son embargo sur les armes et a fait de l’appartenance au pkk un délit pénal.
Erdoğan a également lié la candidature de la Suède à l’OTAN à l’approbation par le Congrès américain de la vente d’avions de combat F-16 à la Turquie. Cela ne s’est pas encore produit, mais le président américain Joe Biden a soutenu cette initiative.
Retournement de situation : Bien qu’elle soit membre de l’OTAN et (sur le papier) une démocratie, la Turquie d’Erdoğan a cultivé des liens étroits avec le président russe Vladimir Poutine. Mais il entretient également des liens étroits avec l’Europe. Malgré la guerre en Ukraine, Erdoğan a maintenu son équilibrisme diplomatique.
Cependant, pour la Russie, l’approbation de la candidature de la Suède à l’OTAN est un grand affront. Aux yeux de Poutine, la guerre qu’il mène n’est pas seulement contre l’Ukraine, mais aussi contre l’alliance occidentale. Une économie forte aux portes de la Russie, telle que l’adhésion de la Suède à l’OTAN, complique ses efforts pour diviser l’Europe.
Dans notre numéro de septembre 2023, l’écrivain de la Trompette Jeremiah Jacques a écrit :
[Le feu vert de la Turquie en matière de l’adhésion de la Suède à l’OTAN] s’agit d’une victoire vitale pour l’Europe et d’un revers pour la Russie de Poutine, d’autant plus que le principal centre de transport terrestre et maritime de la Russie, Saint-Pétersbourg, dépend de l’accès à la mer Baltique. Désormais, entre la Suède et le Danemark, l’OTAN peut empêcher les navires russes d’entrer et de sortir de la Baltique et de Saint-Pétersbourg. Politico a bien résumé la situation le 13 juillet : « Désolé pour la Russie, la mer Baltique est désormais le lac de l’OTAN. »
Pour la Suède, ce n’est pas encore fini : la Hongrie doit encore approuver sa candidature à l’OTAN. Mais la décision d’Erdoğan montre qu’il accorde de l'importance à la coopération militaire avec l’Europe et qu’il s’efforcera de la renforcer.
La Trompette s’attend à ce que le partenariat turco-européen se renforce à l’avenir. Pour savoir pourquoi, lisez « La Turquie s’éloigne de la Russie et se rapproche de l’Europe ».