La dépendance de l'Europe au gaz russe

Nombreux sont ceux qui ont récemment demandé à l'Europe de cesser ses importations de gaz russe, car elles permettent au président russe Vladimir Poutine d'étrangler l'Ukraine. Mais le chancelier allemand Olaf Scholz a qualifié d'essentiel l'approvisionnement énergétique en provenance de la Russie. « L'approvisionnement de l'Europe en énergie pour la production de chaleur, la mobilité, l'alimentation électrique et l'industrie ne peut être assuré d'aucune autre manière à l'heure actuelle », a déclaré M. Scholz le lundi 7 mars. L'approvisionnement en énergie est donc « d'une importance essentielle pour la fourniture des services publics et la vie quotidienne de nos citoyens. Consciemment, l'Europe a exempté des sanctions les approvisionnements énergétiques de la Russie. Toutes nos mesures sont conçues pour frapper la Russie de manière pénible et pour être durables à long terme. »

En d'autres termes, les sanctions qui auraient paralysé immédiatement les avancées de la Russie ne peuvent pas être appliquées. Des millions d'Ukrainiens en souffrent, et des milliers sont déjà morts.

Le rédacteur en chef de la Trompette, Gerald Flurry, a averti en 2018 que la dépendance de l'Allemagne au gaz russe n'est pas un accident. « Ces dernières années, à mesure que les réserves de gaz de la mer du Nord ont diminué, les nations européennes sont devenues de plus en plus dépendantes de la Russie pour leur approvisionnement en gaz », a noté M. Flurry. « La Russie a profité de cette situation à plusieurs reprises en transformant son énergie en arme, en coupant les approvisionnements en gaz lorsqu'elle veut faire pression sur les États européens pour des raisons politiques ou économiques. »

Pendant des années, l'Europe connaissait sa dépendance au gaz russe et savait ce que cela signifierait pour l'Europe de l'Est. Même après l'invasion de la Crimée par la Russie, l'Europe a continué à poursuivre avec la Russie son projet controversé, Nord Stream 2. L'Allemagne a payé l’intimidateur historique de l'Europe en prétendant économiser quelques euros. À son tour, l'Allemagne s'est maintenant engagée à dépenser des milliards pour sa propre défense, afin de se protéger contre ce même intimidateur.

Les signes d'une invasion russe étaient évidents depuis le début. M. Flurry l'a expliqué dans son article de 2018 :

Nord Stream et Nord Stream 2 sont des éléments clés du plan de Poutine visant à resserrer son emprise sur les nations de l'Europe de l'Est qui faisaient autrefois partie de l'Empire soviétique. Puisque ces gazoducs passent directement de la Russie à l'Allemagne, ils permettent à Poutine de fermer les lignes de gaz aux pays d'Europe de l'Est—telle que l’Ukraine et la Pologne—et aux pays baltes, tout en maintenant l'approvisionnement de l’Allemagne.

Cela donne un tranchant pointu à l'arme énergétique de Poutine ! Pour les anciennes nations soviétiques qu'il est déterminé à ramener sous le pouvoir de la Russie, il peut dire : soit vous obéissez à la Russie, soit vous souffrez des hivers froids sans gaz pour chauffer vos maisons.

C'est pourquoi l'Europe de l'Est a essayé d'empêcher la Russie et l'Allemagne de construire le premier gazoduc Nord Stream. Ils savaient que cela donnerait plus de pouvoir à la Russie contre eux. Mais Moscou et Berlin l'ont construit de toute façon. Maintenant cette deuxième phase va amplifier considérablement ce poids !

L'acheminement du gaz russe par Nord Stream 2 a été temporairement reporté. Mais Nord Stream 1 fournit déjà à l'Allemagne le gaz dont elle a besoin pour chauffer ses maisons. Le second gazoduc lui aurait permis de distribuer du gaz à d'autres nations européennes.

Cette coopération entre l'Allemagne et la Russie s'est déjà avérée fatale, mais nous n'en avons probablement pas encore vu la fin. « L'histoire montre qu'entre les guerres, l'Allemagne et la Russie travaillent souvent ensemble », a noté M. Flurry. « La plus infâme, juste avant la Seconde Guerre mondiale, les deux conclurent un accord dans lequel l'Allemagne d'Adolf Hitler a dit essentiellement à la Russie de Joseph Staline : Restez en dehors de ça, vous la Russie, et nous prendrons en charge l'Europe. Puis tous les deux, nous pourrons partager entre nous la Pologne et d'autres pays. »

Les lignes frontalières se sont déplacées depuis. Mais nous pouvons clairement constater que les principales nations européennes se rallient à l'Allemagne lors de la récente crise, tandis que le Belarus et l'Ukraine tombent dans les mains de la Russie avec l'approbation apparente de l'Allemagne. Mais ce n'est que le début de la direction que prend cette coopération. En fin de compte, la principale victime de ce partenariat sera l'Amérique. Pour comprendre, lisez l'article de M. Flurry : « La guerre secrète de l'Allemagne et la Russie contre l'Amérique ».