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La Biélorussie mène une guerre des migrants contre l'UE
Depuis des mois, le président de la Biélorussie, Alexander Loukachenko, attaque l'Union Européenne par la guerre de migrants. Il a amené des migrants en Biélorussie par des vols en provenance directe de leurs pays, puis les a ensuite envoyés de l'autre côté de la frontière terrestre.
La Biélorussie est extrêmement isolée politiquement. Il n'a pas de littoral et est coincé dans un déséquilibre temporel d'infrastructures et d'administrations de l'ère soviétique. Pour maintenir son économie à flot, il commerce avec ses voisins plus riches, la Russie et l'UE. Mais Bruxelles a imposé des sanctions économiques sévères sur la Biélorussie au sujet de ses élections contestées en 2020 et le détournement d'un avion de l'UE.
Un petit pays pauvre comme la Biélorussie a peu d'armes dans son arsenal pour riposter. Loukachenko a donc dû aller à la chasse. Et il a trouvé une arme qui frappe durement l'UE.
Loukachenko a menacé en mai d'inonder l'UE de « drogues et de migrants ».
« Nous ne retiendrons personne », a-t-il déclaré en juillet. « Nous ne sommes pas leur destination finale. … Ils se dirigent vers l'Europe éclairée, chaleureuse et confortable. »
Il a invité des vols d'Irak vers la Biélorussie et donné à ces Irakiens des visas de tourisme biélorusses. Les militaires les ont ensuite escortés jusqu'à la frontière de l'UE, généralement celle de la Lituanie. Plus de 4,000 immigrants d'Irak et d'Afrique sont entrés en Lituanie en 2021. La Lituanie a moins de 3 millions de d'habitants.
L'armée biélorusse est apparemment même en train de transporter des migrants par camions jusqu'à la frontière de la Pologne dans un cadre d'un débarquement quotidien. Les douaniers polonais ont arrêté plus de 500 immigrants en provenance de la Biélorussie entre le 2 et le 9 août.
« Le Biélorussie ne se sert pas de moi », a déclaré Tamar Heydar, une migrante irakienne en Lituanie. « J'utilise la Biélorussie ; je peux vous le dire. S'il y a une chance d'aller dans un pays sûr, je la prendrai. »
D'autres migrants n'apprécient pas tellement ce que la Biélorussie fait. Trois Irakiens ont déclaré à Balkan Insight que les autorités biélorusses les avaient battu et avaient détruit leurs téléphones. Balkan Insight a rapporté que les hommes « étaient inflexibles sur le fait qu'ils ne voulaient pas retourner à la Biélorussie ». C'est peut être la façon d’agir de Loukachenko pour s'assurer que les Irakiens n'y restent pas.
Les vagues d'immigrants se sont calmées pour le moment, mais l'Europe ne prend pas cela à la légère. La Lettonie, un autre pays touché, à déclaré un état d'urgence jusqu’à novembre. Cela permet à l'armée et à la police d'aider les gardes-frontières à lutter contre le problème de l'immigration illégale ; les gardes peuvent également utiliser la force physique pour renvoyer les migrants à la Biélorussie. « L'état d'urgence signifie que la frontière entre la Lettonie et la Biélorussie sera pratiquement fermée pour tout le monde », a dit le Premier ministre letton Krisjanis Karins.
La Lituanie, pendant ce temps, débat sur l'installation d'une clôture haute de 4 mètres, surmontée de barbelés à lames de rasoir, sur sa frontière avec la Biélorussie. La commissaire européenne Ylva Johansson a approuvé le projet de mur frontalier.
Il est important de se rappeler que M. Loukachenko n'agit pas seul. L'économie instable de son pays ne survivrait pas sans le généreux parrainage de son voisin, la Russie. Le Président russe Vladimir Poutine a injecté l'équivalent de milliards de dollars dans l'économie biélorusse sous forme de prêts à faibles taux d'intérêts, de subventions pour l'énergie et d'autres moyens.
Le parrainage de M. Poutine pour la Biélorussie met à rude épreuve l'économie russe, donc cela pourrait sembler illogique. Mais le régime imprévisible et autocrate de la Biélorussie provoque beaucoup de problèmes à l'Europe. La Russie pourrait utiliser le Biélorussie de la même manière que la Chine utilise la Corée du Nord et que l'Iran utilise Gaza—comme un mandataire pour attaquer l'Occident sans être immédiatement coupable.
Loukachenko se méfierait de provoquer l'Occident s'il pensait que M. Poutine ne soutiendrait pas ses actions. L'Europe le sait.
Et de plus en plus de gens en appellent à l'Europe dans son ensemble à résister à cette agression. « Nous sommes en étroite coordination avec nos partenaires européens sur tout », a déclaré la Chancelière allemande Angela Merkel. « Nous allons également tenter de prendre une position commune parce que ce type de confrontation hybride, telle que celle utilisée par la Biélorussie, est une attaque contre nous tous dans l'Union Européenne. »
Le ministre des Finances allemand Olaf Scholz, qui espérait remplacer Mme Merkel comme chancelier en septembre, a déclaré dans une interview avec Deutsche Welle : « Nous avons besoin d'une nouvelle politique à l'égard de l'Est qui revitalise le principe de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, mais en tant que principe de l'Union Européenne. … Je dis également que la Russie et d'autres pays doivent accepter que l'intégration européenne se poursuive. Si nous voulons assurer une sécurité commune en Europe, il s'agit alors de l'Union Européenne et de la Russie. »
Le Président lituanien Gitanas Nauseda déclara au Washington Post que la guerre des migrants à la Biélorussie est une « attaque sur le monde démocratique ». « Nous devons rester unis », a-t-il dit. « C'est notre avantage par rapport aux dictatures. Les pays démocratiques sont plus forts s'ils sont unis. L'Union Européenne comprend très bien qu'il ne s'agit pas seulement d'une attaque hybride contre la Lituanie, mais c'est aussi une attaque contre l'Union Européenne dans son ensemble. »
Il reste à voir comment l'UE réagira aux actions de la Biélorussie. Certains ont suggéré des sanctions, mais ce sont des sanctions qui ont incité M. Loukachenko à lancer la guerre des migrants en premier lieu. Bruxelles pourrait tenter quelque chose de différent cette fois-ci.
Mais la Biélorussie n'est pas le seul terrain de lancement pour faire entrer des migrants en Europe. La crise des réfugiés fait mal à l'Europe depuis des années maintenant. Après plusieurs attentats terroristes en 2020, le président français Emmanuel Macron en a appelé à une police de sécurité aux frontières extérieures de l'UE contrôlée par Bruxelles plutôt que par les États membres individuels.
L'un des fondateurs de l'UE, Jean Monnet, déclara « L'Europe sera forgée par des crises, et sera la somme des solutions adoptées pour ces crises. » L'afflux de migrants aussi bien que l'agression de la Russie et de la Biélorussie sont des crises.
Quelles seront les solutions adoptées pour ces crises ? Et à quoi ressemblera l'Europe une fois que ce « forgeage » sera terminé ?
L'Europe aujourd'hui est un désordre de désunion. Le Brexit a démontré à quel point l'UE est fragile dans son état actuel. La crise de l'endettement a démontré comment un petit pays tel que la Grèce pouvait perturber l'économie de toute l'union. Les querelles entre l'Europe occidentale libérale et l'Europe de l'Est conservatrice menace de déchirer l'UE.
Comme l'a écrit le directeur de la rédaction de la Trompette Brad Macdonald dans son livret gratuit, The Holy Roman Empire in Prophecy (Le Saint Empire romain selon la prophétie—disponible en anglais seulement), l'UE est « désordonnée, désunie et de plus en plus découragée ».
L'Europe restera-t-elle ainsi ?
Nous, à la Trompette, ne le croyons pas. M. Macdonald écrit :
L'Europe va s'unir et deviendra une formidable dynamo mondiale. L'unité que l'Europe atteindra ne sera pas parfaite ; elle ne se formera pas facilement ou pacifiquement ; et ne durera certainement pas. Mais l'Europe va devenir une superpuissance unie et une puissance mondiale sérieuse redoutable. L'émergence de cette nouvelle Europe aura des conséquences considérables et dramatiques pour nous tous.
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