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L’Amérique vient-elle de perdre l’Arabie saoudite ?
L’une des alliances les plus importantes des États-Unis est en train de s’effondrer. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis s’appuient sur un partenariat avec l’Arabie saoudite pour maintenir la paix au Moyen-Orient et assurer la sécurité de l’approvisionnement en pétrole des économies occidentales. Aujourd’hui, ce partenariat est sur le point de prendre fin. Du retrait des systèmes de défense antimissile Patriot et THAAD du royaume en 2021 au renforcement des régimes terroristes en Iran et en Afghanistan, les engagements de l’Amérique en matière de sécurité sont pour le moins vacillants. L’Arabie saoudite réagit en conséquence.
Le 17 janvier, l’Arabie saoudite a annoncé qu’elle était ouverte à des discussions sur les échanges dans des monnaies autres que le dollar américain. Le ministre des Finances, Mohammed Al-Jadaan, a déclaré : « Il n’y a aucun problème à discuter de la manière dont nous réglons nos accords commerciaux, que ce soit en dollars américains, en euros ou en riyals saoudiens. » Il s’agit là d’une menace économique de grande ampleur. L’une des raisons pour lesquelles le dollar est la monnaie de réserve mondiale, et que les Américains jouissent de la richesse qu’ils ont, est qu’il s’agit de la monnaie du commerce international du pétrole. Plutôt que d’être garanti par l’or, le « pétrodollar » est garanti par le pétrole en échange de garanties de sécurité américaines. Si les Saoudiens renoncent à exiger le dollar, l’économie américaine, déjà faible, en souffrira massivement.
L’annonce concernant le pétrole n’a pas été le seul tournant de la politique étrangère de l’Arabie saoudite cette année. Le 9 mars, le Wall Street Journal a publié un article affirmant que l’Arabie saoudite travaillait sur un accord de normalisation avec Israël, négocié par les États-Unis. Les deux pays entretiennent déjà des relations cordiales et coopèrent en matière de partage de renseignements. Toutefois, comme la plupart des pays arabes, l’Arabie saoudite n’entretient pas de relations diplomatiques officielles avec Israël. Un accord entre Israël et l’Arabie saoudite serait déjà assez spectaculaire, mais ce qui est encore plus choquant, c’est ce que les Saoudiens exigent en retour : les États-Unis devraient conclure une alliance de défense formelle avec l’Arabie saoudite et l’aider à développer son propre programme nucléaire.
La république islamique d’Iran, principal rival de l’Arabie saoudite pour l’influence au Moyen-Orient, est plus proche que jamais de développer ses propres armes nucléaires. L’Iran vise principalement les États-Unis et Israël. Mais l’Arabie saoudite sait que si une guerre nucléaire éclate entre l’Iran et Israël ou l’Occident, elle pourrait facilement se retrouver dans le collimateur de l’Iran.
Rien n’est encore officiel. Israël et les États-Unis pourraient trouver le prix trop élevé. Mais les sources du Wall Street Journal affirment que pour obtenir ce qu’elle veut, l’Arabie saoudite est même prête à renoncer à sa demande qu’Israël accorde aux Palestiniens leur propre État. Auparavant, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (le dirigeant de facto) avait déclaré qu’il n’y aurait pas d’accord avec Israël sans règlement de la question palestinienne. Un tel revirement suggère à quel point le prince Mohammed est désespéré de sécuriser sa situation.
L’Amérique a déjà plusieurs milliers d’effectifs sur place en Arabie saoudite, ainsi qu’une forte présence navale dans le golfe Persique. Les Saoudiens estiment manifestement que ce n’est pas suffisant. Leur position de négociation suggère qu’ils n’ont pas confiance dans les engagements actuels de l’Amérique en matière de défense, et ils considèrent qu’une guerre avec l’Iran est plausible.
Les relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran ont pris une tournure intéressante le lendemain de la publication de l’article du Wall Street Journal. Le 10 mars, les deux pays ont décidé de rétablir leurs relations diplomatiques après une rupture de sept ans. L’Iran a accepté de mettre fin aux attaques contre les Saoudiens, y compris celles menées par ses mandataires au Yémen. L’Arabie saoudite a laissé entendre qu’elle était prête à commencer à investir en Iran.
L’accord a été négocié non pas par les États-Unis, mais par un nouvel acteur dans la région : la République populaire de Chine. Les négociations se sont déroulées du 6 au 10 mars à Pékin. La Chine, avide d’énergie, entretient de bonnes relations avec ces deux grands producteurs de pétrole. L’accord est une grande victoire diplomatique pour la Chine et montre sa volonté de s’impliquer de plus en plus dans la région.
L’Arabie saoudite sait que l’Iran n’est pas un pays digne de confiance. L’Iran se considère comme le leader d’une révolution islamique en cours et a construit un bloc de pouvoir islamique à travers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. L’Arabie saoudite a le même objectif, et le Moyen-Orient n’est pas assez grand pour les deux. L’Arabie saoudite courtise publiquement la Chine, sans doute le plus grand rival géopolitique de l’Amérique. Ces récents développements semblent montrer que les Saoudiens se désengagent des États-Unis et cherchent de nouveaux partenaires internationaux. Ils pourraient voir la Chine comme un partenaire capable d’empêcher l’Iran de devenir trop extrémiste. La Chine est l’une des rares puissances mondiales à vouloir entretenir des relations étroites avec l’Iran. La Chine veut aussi le pétrole saoudien. L’Arabie saoudite pourrait demander à la Chine de maîtriser les Iraniens s’ils commencent à causer trop de problèmes.
Certains considèrent l’Arabie saoudite comme un régime peu recommandable avec lequel les États-Unis ne devraient pas faire d’affaires. L’Arabie saoudite est une autocratie qui applique la charia et dont le bilan négatif en matière de droits de l’homme est flagrant, mais elle s’est également révélée être une influence stabilisatrice alignée sur les intérêts des États-Unis. Si les États-Unis devaient rompre avec l’Arabie saoudite, cette stabilité disparaîtra avec elle. Cela pourrait avoir un effet d’entraînement sur les relations de l’Amérique avec le reste du Moyen-Orient. L’Arabie saoudite est la dirigeante officieuse du camp des « Arabes modérés », et des pays comme les Émirats arabes unis et Bahreïn considèrent Riyad comme leur chef de file. Nombre de ces pays sont de grands alliés des États-Unis et entretiennent des liens militaires et économiques importants avec Washington. Rompre avec les Saoudiens signifiera probablement, à terme, rompre avec ces États du Golfe. Certains de ces pays ont des différends avec l’Iran mais sont trop petits pour se défendre. À l’instar de l’Arabie saoudite, ils pourraient se sentir contraints de se chercher de nouveaux amis.
La Trompette analyse les événements mondiaux actuels sous l'angle de la prophétie biblique. Et la Bible a beaucoup à dire sur les développements modernes au Moyen-Orient. Une prophétie que nous soulignons souvent se réfère à deux blocs de pouvoir de la fin des temps qui se font la guerre (Daniel 11 : 40-43). Le « roi du septentrion » est l’Europe unie dirigée par l’Allemagne, tandis que le « roi du midi » est une alliance islamiste dirigée par l’Iran, qui comprend l’Égypte, la Libye et l’Éthiopie. L’Arabie saoudite ne figure pas sur la liste. (Pour plus d’informations, demandez un exemplaire gratuit de la brochure de Gerald Flurry, rédacteur en chef de la Trompette, intitulée Le roi du sud ).
Une prophétie connexe dans le Psaume 83 montre qui seront les partenaires de l’Allemagne. Les versets 1 à 5 décrivent une autre alliance prophétique formée contre les nations d’Israël (principalement l’Amérique et la Grande-Bretagne, comme l’a prouvé Herbert W. Armstrong dans son livre historique Les Anglo-Saxons selon la prophétie ).
Le verset 8 (version Darby) emploie l’ancien nom de l’Allemagne, Assur. Le verset 7 (Louis Segond) précise que les Ismaélites, les Saoudiens modernes et les Arabes du Golfe, sont alliés à l’Allemagne contre l’Amérique.
Comme le souligne Daniel 11, cette alliance s’oppose également à l’Iran. Il faut donc s’attendre à ce que les relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran, qui ont commencé à s’améliorer, se détériorent à nouveau bientôt, de manière spectaculaire. Quant à la Chine, c’est un nouveau venu dans les affaires du Moyen-Orient. L’Allemagne, en revanche, est un partenaire économique de longue date des Saoudiens et elle leur vend des armes depuis des années. Riyad et Berlin ont une tradition beaucoup plus longue de bonnes relations. En fin de compte, la Chine se rangera probablement du côté de l’Iran plutôt que de l’Arabie saoudite, ne serait-ce que pour réduire encore l’influence américaine dans la région.
Il y aura d’autres pays dans cette alliance, mais l’Arabie saoudite est dans une position unique pour causer des dommages à l’économie et à la position géopolitique de l’Amérique. Deutéronome 28 : 52 prophétise un siège économique de l’Amérique par les mêmes pays de l’alliance du Psaume 83. Si le dollar perd le soutien du pétrole saoudien et donc sa force en tant que devise de réserve mondiale, cette guerre commerciale deviendra beaucoup plus probable et beaucoup plus grave. Il faut s’attendre à ce que le fossé entre l’Arabie saoudite et l’Amérique s’agrandisse, à ce que le dollar perde le soutien que lui apporte le pétrole saoudien, à ce que les Saoudiens continuent à chercher de nouveaux alliés et à ce qu’ils en trouvent un en Allemagne. Il faut s’attendre à ce que la peur et l’inimitié de l’Arabie saoudite à l’égard de l’Iran augmentent. Tandis que vous voyez ces événements se réaliser, rappelez-vous : vous ne regardez pas simplement des développements géopolitiques. Vous assistez à l’accomplissement d’une prophétie biblique.