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Israël abandonné
En plus d’une bombe iranienne, la plus grande menace à l’existence d’Israël, c’est la diminution du soutien de son allié de longue date, les États-Unis. Ce qui est étonnant au sujet de la National Intelligence Estimate [nie] que les États-Unis ont déclassifiée en décembre, c’est qu’en niant honteusement l’existence d’un programme d’armes nucléaires iranien, Washington a simultanément réussi à «atomiser» ce qui restait de son alliance stratégique avec Israël.
Cela pourrait-il devenir éventuellement pire pour l’état juif?
Pas plus tard que le 17 octobre 2007, le président Bush a averti: «Nous avons un dirigeant en Iran qui a déclaré vouloir détruire Israël... S’il est dans votre intérêt d’éviter la 3ème Guerre mondiale, il semble qu’il devrait être dans votre intérêt de les empêcher d’avoir la connaissance nécessaire pour fabriquer une arme nucléaire.»
Mais avec la publication de la NIE, tous—de l’administration Bush au conseil éditorial du New York Times, en passant par Mahmoud Ahmadinejad — ont poussé un soupir collectif de soulagement, même si c’est pour des raisons différentes.
Israël, cependant, n’est pas soulagé. Il est profondément inquiet—et maintenant, très seul. Les hauts dirigeants d’Israël ont été prompts à rejeter l’opinion de la NIE. Le Ministre de la Défense Ehud Barak a dit à la Radio Militaire d’Israël que, bien qu’il soit possible que l’Iran ait momentanément arrêté son programme d’armes nucléaires, il a, depuis, été ranimé. Quand il lui a été demandé si la nouvelle opinion de l’Amérique, qui a directement contredit sa propre estimation de 2005, diminue maintenant les chances d’une frappe préventive américaine contre les équipements d’armes de l’Iran, E. Barak a reconnu que c’était possible.
D’autres sources israéliennes, selon Haaretz, ont estimé la situation, de manière plus catégorique, en disant que «l’administration Bush a l’air d’avoir perdu son sens de l’urgence au sujet du programme nucléaire de l’Iran, rendant une frappe militaire en 2008 de plus en plus improbable» (le 4 décembre 2007).
Ron Prosor, le nouvel ambassadeur d’Israël en Grande-Bretagne, et un des principaux experts du Premier ministre Olmert sur le programme d’armes nucléaires de l’Iran, a dit ceci dans une interview au Daily Telegraph de Londres: «Au train actuel du progrès, l’Iran atteindra le seuil technique pour produire de la matière fissile d’ici à 2009.
«Il s’agit d’une menace mondiale et cela exige une réponse mondiale. Il devrait être clair que, si l’Iran ne coopérait pas, la confrontation militaire serait alors inévitable. C’est soit la coopération soit la confrontation» (le 7 décembre 2007).
Bien que cela puisse encore être vrai, l’événement transformateur de décembre signifie maintenant qu’Israël se tient seul, prêt à recourir à la force pour affronter la menace iranienne. Et si, pour les États-Unis, une frappe préventive en Iran ne se justifie plus, que supposez-vous que serait l’opinion mondiale après une frappe israélienne? Si les renseignements américains croient que l’Iran a gelé son programme nucléaire, «il sera plus difficile pour Israël d’aller contre», selon ce qu’a dit un ancien fonctionnaire des renseignements militaires israéliens, au New York Times (le 5 décembre 2007).
Décrivant la position solitaire d’Israël dans un article d’Haaretz du 5 décembre, Amos Harel écrit: «L’année dernière, un certain espoir s’est développé en Israël — espoir que les États-Unis feraient notre sale travail pour nous … Hier, à parler à un certain nombre de hauts fonctionnaires dans l’établissement de la défense, on pouvait sentir que cet espoir avait été enterré suite au rapport.»
La triste vérité, c’est qu’en prétendant démontrer que l’Iran a abandonné son programme d’armes nucléaires en 2003, la National Intelligence Estimate démontre, en réalité, que l’Amérique a abandonné Israël. ▪