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Geert Wilders prédit un «printemps patriotique» pour l'Europe
Le politicien néerlandais Geert Wilders, cheveux remontés vers l’arrière et rhétorique à la main, a déclaré que les prochaines élections du 15 mars aux Pays-Bas sont le début d'un « printemps patriotique » à travers l'Europe. Après les élections néerlandaises, où le Parti pour la liberté (ppv) de Wilders est prévu de recueillir le plus grand nombre de sièges, les Français voteront en mai, les Allemands en septembre, et les Italiens dès qu’ils pourront y parvenir.
Wilders a gagné en popularité au cours de la dernière décennie. En 2008, sa vidéo anti-islamique Fitna l'a projeté sur la scène internationale, et les menaces de mort et les tentatives d'assassinat qui ont suivi, échouèrent à le faire taire.
Lorsque le ppv a remporté un stupéfiant 24 sièges sur 150 lors de l'élection de juin 2010, le collaborateur à La Trompette Richard Palmer, a prédit la « montée de la droite jusqu'à maintenant n’est que le commencement. ... Mais ne vous attendez pas à ce que les partis marginaux parviennent au pouvoir dans toute l’Europe. Les principaux partis suivront plutôt leurs électeurs, adoptant peu à peu des positions qui auraient été impensables il y a quelques années. Ce n’est que le début de la montée de la droite. »
Partout en Europe, à des degrés divers, c'est ce qui s'est passé. Les principaux partis français se sont effondrés, laissant la campagne à d’anciens de l’extérieur. L’Autriche a évité de justesse d’élire ce qui était auparavant « l’impensable ». En Allemagne, l'afd déchire les votes de la grande coalition. Et Geert Wilders, ou “Capitaine Peroxyde,” force le gouvernement en place à changer de discours afin d’éviter un manque de pertinence.
Le plus récent article du Economist sur Wilders, avec une caricature du premier ministre titulaire Mark Rutte en train de l’imiter, dépeint le grand favori comme entraînant la politique hollandaise vers le nationalisme :
« Il y a quelque chose qui ne va pas avec notre pays » a débuté une lettre ouverte adressée au peuple néerlandais publiée le mois dernier. Elle poursuit en dénonçant ceux qui « abusent de la liberté de notre pays pour causer des ravages, alors qu’ils sont venus dans notre pays précisément pour cette liberté » et les prévient « d’agir normalement ou de partir ». L'auteur n'était pas Geert Wilders, chef du Parti de la liberté antimusulmane (ppv), mais Mark Rutte, dirigeant des libres penseurs libéraux (vvd) et premier ministre d'un pays qui se présente comme l'un des plus tolérants au monde. « Agis normalement » (doe normaal) est une injonction commune en néerlandais ; elle peut signifier « Ne soyez pas odieux » ou « Ne soyez pas stupide ». Mais ici, elle dénotait un caractère sombre et exclusif.
Ce n'est pas le seul exemple de Rutte volant des mots de Wilders. Au début de la saison politique, Rutte a dit à la jeunesse antisociale turque de « pleur op » ou de « foutre le camp » et retourner en Turquie. « Tout le monde sait immédiatement que c'est le style de Wilders ... c’est presqu’un mot dialectal, un peu archaïque », a déclaré Henk te Velde, professeur d'histoire hollandaise à l'Université de Leyde qui étudie le langage politique.
Auparavant, le modus operandi de l'Europe consistait à qualifier les étrangers de « racistes », voire mieux encore de « fascistes ». Quand cette approche perd de son mordant, il est temps de combler le fossé idéologique. Comme le disait l'Allemand Edmund Stoiber, vous ne pouvez pas laisser un autre parti répondre aux préoccupations de vos citoyens conservateurs.
Mais même avec un sondage d’opinion au Pays-Bas des plus favorables, il est encore improbable que Wilders remportera la plus haute fonction. Les autres partis mettront tout en œuvre afin d’empêcher cela. Le ppv devrait obtenir 20 pour cent du vote populaire, et le vvd de Rutte est prévu à environ 16 pour cent. La constitution des Pays-Bas exige une majorité simple pour gouverner. Beaucoup de partis ont refusé, à l'avance, de se joindre à toute coalition avec Wilders.
« Pourtant, garder le vainqueur des élections hors du gouvernement serait néfaste pour la démocratie », a poursuivi l'Economist, « et corrobore les accusations de M. Wilders selon lesquelles les élites ignorent la volonté du peuple. Et “l’effet Wilders” sur les autres partis est immense. Peu osent murmurer des propos positifs sur l'Europe ou les réfugiés. Les partis de toutes allégeances politiques, parlent d'identité nationale ou de ‘ patriotisme progressif ’ (Un slogan qui est aussi vide qu’il sonne). »
Si Wilders remporte le plus grand nombre de voix—et ne reçoit pas le pouvoir équivalent—vous pouvez imaginer l'indignation. Cela semble être le résultat le plus probable—Wilders obtient le plus de votes, est exclu du pouvoir, et par conséquent voit sa popularité s'élever encore plus haut.
Il y a beaucoup à aimer dans la position déterminée de Wilders contre l'islam radical. Mais il fait partie d'une vague à travers l'Europe qui contient beaucoup plus de partis extrémistes. Comme nous l'avons écrit en 2010, « Beaucoup de ces partis qui attirent 15 ou 20 pour cent des voix sont violemment racistes. Le parti de Wilders, qui s'oppose simplement à l'islam, est en fait minoritaire : la majorité des partis de droite sont antisémites et rétabliraient volontiers les camps de concentration. »
Est-ce impensable ? Ces partis sont déjà proches de faire partie des gouvernements nationaux et régionaux ! Leurs idées se généralisent.
La montée de Wilders et d'autres comme lui indique un changement radical de la politique à travers toute l'Europe. L'ensemble du spectre politique se déplace vers la droite. Ce changement traite certainement des problèmes réels auxquels l'Europe est confrontée. Mais les éléments moins savoureux de ce mouvement indiquent ici les dangers.
Les secousses précurseurs aux Pays-Bas sont le début d'un tremblement de terre politique qui restructurera les gouvernements à travers le continent. ▪