Julia Goddard/LA TROMPETTE
Est-il mauvais d’utiliser la Bible dans les fouilles archéologiques ?
En réponse aux chercheurs qui ont critiqué les découvertes du Dre Eilat Mazar du palais du roi David en 2005 et du mur de Néhémie en 2007, Hershel Shanks a écrit dans Biblical Archaeology Review (Revue d’archéologie biblique) : « Personne ne mettrait en doute ses compétences professionnelles en tant qu’archéologue. Son principal péché, cependant, est qu’ elle est intéressée par ce que l’archéologie peut nous dire sur la Bible » (mars-avril 2008 ; c’est nous qui soulignons). (Mazar et Shanks sont tous deux décédés depuis.)
Malheureusement, dans le monde d’aujourd’hui, rien ne déclenche autant de critiques et d’hostilité de la part des chercheurs que des conclusions scientifiques qui confirment le récit biblique. C’est principalement pour cette raison que le travail de Mazar est controversé. Mais comme le note Shanks dans son article, ce n’est pas comme si Mazar était la seule archéologue à avoir découvert des vestiges de l’ancien royaume d’Israël. Les fouilles de Kathleen Kenyon sur le versant oriental de la Cité de David dans les années 1960, par exemple, « ont permis d’identifier le mur de Néhémie, » écrivait-elle en 1967 (Jerusalem : Excavating 3,000 Years of History, Jérusalem : Excavant 3000 ans d’histoire). Kenyon a effectué des fouilles dans la même zone générale où Mazar l’a fait plus tard.
Pendant dix ans, à partir de 1968, le grand-père de Mazar, Benjamin Mazar, a excavé huit hectares entre la Cité de David et le mur sud du mont du Temple. Outre de nombreuses découvertes fascinantes datant des périodes ottomane, byzantine et romaine, Mazar a également découvert des vestiges du quartier royal de la dynastie de David, construit sous le règne des rois de Juda.
En creusant dans cette même zone au milieu des années 1980 sous la direction de son grand-père, Eilat a découvert un grand complexe de portes en pierre de 13,7 mètres sur 16,5 mètres (45 pieds sur 54 pieds), construit quelque temps avant la mise à sac de Jérusalem par les Babyloniens au sixième siècle avant J.-C. Attachée à la porte, était une courte section du mur de la ville de Jérusalem, dont elle croyait avoir été construite par Salomon (mentionné en 1 Rois 3 : 1). Annonçant la nouvelle lors d’une conférence de presse en 1986, Mazar a déclaré que le complexe de portes était probablement l’une des 12 portes mentionnés dans les textes bibliques. Associated Press a cité Benjamin Mazar, qui a assisté à la conférence de presse avec sa petite-fille : « Maintenant, nous avons plus ou moins le sentiment qu’il s’agit vraiment d’une porte de Jérusalem datant de la période des rois de Juda » (21 Avril 1986).
En 1993, sept ans après la découverte de la porte salomonique par les Mazars, une équipe creusant dans le nord d’Israël a trouvé une grande tablette de pierre, datée du neuvième siècle avant notre ère, portant ces inscriptions gravées : « Maison de David » et « Roi d’Israël. » Il s’agissait d’une découverte stupéfiante—la preuve scientifique que non seulement David a existé, mais que son règne a donné naissance à une dynastie royale. Deux ans après cette incroyable découverte, U.S. News a publié un article sur la « Cité de Dieu » : « La ville triangulaire de 12 acres construite par David se trouvait à environ 350 pieds au sud de la Jérusalem fortifiée d’aujourd’hui, sur et au-delà de la crête orientale appelée l’Ophel. Les archéologues, qui y ont découvert 21 strates allant du quatrième millénaire avant J.-C. au 15e siècle après J.-C., estiment que la population de la cité davidique n’a jamais dépassé 4 000 habitants—en grande partie des membres de la cour. Jusqu’à récemment, les références bibliques à David et aux structures de la ville n’étaient pas corroborées archéologiquement » (18 Décembre 1995). Au cours des trois dernières décennies, des découvertes archéologiques mentionnées dans les Écritures ont été faites un peu partout.
L’année même où U.S. News a publié « God’s City » (La Cité de Dieu), la construction d’un nouveau centre d’accueil des visiteurs dans la Cité de David a commencé. Peu de temps après le début des travaux, les ouvriers ont été surpris de découvrir une multitude de vestiges archéologiques enfouis profondément sous la surface. Les travaux de construction ont immédiatement fait place à des fouilles archéologiques massives. Les archéologues Ronny Reich et Eli Shukron ont mis à jour les vestiges d’une enceinte fortifiée massive construite autour de la principale source d’eau de la Cité de David—la source de Guihon (ArmstrongInstitute.org/844). Ils ont également confirmé que le vaste système d’eau souterrain (sans compter le tunnel construit par Ézéchias) était antérieur à la période davidique. 2 Samuel 5 : 8 dit que les forces du roi David ont conquis la forteresse jébusienne en se faufilant dans la ville par un tunnel d’eau.
En 1997, peu de temps après que Reich et Shukron aient commencé leur travail à la source de Gihon, un autre verset biblique, également en 2 Samuel 5, a attiré l’attention d’Eilat Mazar. Après avoir conquis la ville jébusienne, David s’installa dans le bastion—ou la forteresse jébusienne, située à l’extrémité nord de la ville. Selon le verset 9, David commença alors à bâtir la zone autour de Millo et vers l’intérieur. La New International Version [Version nouvelle internationale] dit que David « construisit la zone autour de Millo, depuis les terrasses de soutien jusqu’à l’intérieur ». David a donc entrepris d’agrandir les limites de la ville—en se concentrant d’abord sur un palais royal. La Bible dit que le palais du roi David a été partiellement construit par des ouvriers envoyés par le roi phénicien de Tyr en signe d’amitié (verset 11). « David devenait de plus en plus grand, et l’Éternel, le Dieu des armées, était avec lui » (verset 10).
Vers la fin de la construction du palais de David, les Philistins ont attaqué. Comme le nouveau palais n’avait peut-être pas été suffisamment renforcé pour résister à l’assaut des Philistins, le verset 17 dit que David descendit à la forteresse pour se barricader à l’intérieur des murs de la ville. Selon la théorie d’Eilat Mazar, cela indique que le nouveau palais de David se trouvait sur un terrain plus élevé que la forteresse jébuséenne. Elle a publié sa théorie dans Biblical Archaeology Review en Janvier 1997. Sous le titre « Excavate King David’s Palace » ( Fouillez le palais du roi David ), sur une double page illustrant une représentation artistique de l’ancienne cité de David, Eilat Mazar a dessiné une flèche pointant vers l’extrémité nord de la cité, sous la légende « It’s there » (C’est là).
Elle a écrit : « Un examen attentif du texte biblique, combiné aux résultats des fouilles archéologiques modernes à Jérusalem qui passent parfois inaperçus, nous permet, je crois, de localiser le site du palais du roi David. Ce qui est encore plus intéressant, c’est qu’il se trouve dans une zone qui est maintenant disponible pour des fouilles. Si certains considèrent comme trop spéculative l’hypothèse que j’avancerai dans cet article, je répondrai simplement ceci : mettons-la à l’épreuve de la manière dont les archéologues essaient toujours de mettre leurs théories à l’épreuve—en procédant à des fouilles. »
Dans cet article de neuf pages, Mazar a cité Kathleen Kenyon, Benjamin Mazar, Yigal Shiloh et plusieurs autres chercheurs—oh, et aussi la Bible. Peut-être que ce « péché principal » est l’une des raisons pour lesquelles Mazar a eu du mal à obtenir le soutien financier nécessaire pour tester sa théorie. Ou peut-être était-ce parce que de nombreux archéologues avaient déjà effectué des fouilles autour de cet endroit. Quelle qu’en soit la raison, il a fallu huit ans à Mazar pour obtenir le financement nécessaire aux fouilles.
Quelques mois après le début des fouilles en 2005, l’équipe de Mazar a mis au jour ce qu’elle a appelé plus tard la Grande structure en pierres—un mur monumental orienté est-ouest qu’elle pense être la façade nord du palais de David. Seuls 10 pour cent de la structure ont été exposés au cours de la première phase de fouilles. Mais cela a suffi pour révéler qu’il ne s’agissait pas d’une maison ordinaire, mais plutôt d’une « maison fantastique ». Sa découverte la plus importante a été l’identification de la relation entre la Grande structure en pierres et la structure en pierre à gradins sur le versant nord-est de la ville. « On peut déjà affirmer avec un peu de certitude », écrit-elle dans son rapport de la première phase, « que les deux font partie d’un seul et énorme complexe de construction. La structure en pierre à gradins, semble-t-il, a été construite comme une gigantesque structure de soutien bien conçue qui a permis l’érection d’un grand podium sur lequel la Grande structure en pierres, identifiée comme le palais du roi David, devait être construite. »
La première phase a également permis de découvrir la bulle de Jucal, sur laquelle nous avons déjà écrit (voir https://armstronginstitute.org/630 ). Jucal était un officier royal qui travaillait dans l’administration du roi Sédécias, le dernier roi de Juda avant d’aller en captivité à Babylone pendant le sixième siècle avant J.-C. Jucal est mentionné deux fois dans le livre de Jérémie (Jérémie 37 : 3 ; 38 : 1).
Au cours de la deuxième phase de ses fouilles (hiver 2006-2007), Mazar a mis au jour un mur massif de 5 mètres d’épaisseur sur le côté oriental du complexe royal. Elle a également localisé la jointure entre ce mur oriental du palais et la structure en pierres à degrés.
Au cours de la troisième phase (hiver 2007-2008), alors qu’elle excavait sous une tour construite au sommet de la structure en pierre à gradins, Mazar a découvert de grandes quantités de poteries et d’autres artefacts qui datent la construction de la tour à plusieurs centaines d’années plus tôt que ce que l’on pensait auparavant. Elle a en effet été construite à l’apogée de l’Empire perse, c’est-à-dire précisément à l’époque où, selon la Bible, Néhémie a reconstruit le mur d’enceinte de Jérusalem.
Peu de temps après avoir annoncé qu’elle avait localisé un pan du mur de Néhémie, Mazar a trouvé un sceau en pierre noire portant l’inscription hébraïque « Shlomit », dont certains spécialistes croient qu’il pourrait avoir appartenu à Schelomith, la fille de Zorobabel, dont il est question dans 1 Chroniques 3 : 19.
Outre ses excavations dans la Cité de David, la Dre Mazar a effectué des fouilles approfondies à l’Ophel, situé à quelques centaines de mètres au nord. Eilat assimile souvent l’Ophel au complexe royal de Salomon. C’est là que Salomon a construit l’immense temple et son impressionnant palais, ainsi que d’autres bâtiments administratifs. L’Ophel a été le siège du pouvoir de Juda jusqu’à la destruction babylonienne en 586 avant J.-C. Ici, sur l’Ophel, et en plus du portique salomonique, la Dre Mazar a trouvé les sceaux du roi Ézéchias d’Ésaïe, ainsi que de nombreux autres artefacts impressionnants liés à la Bible, y compris d’importantes inscriptions datant de l’époque du roi Salomon.
Dans cet article, je n’ai parlé que de l’archéologie de la Dre Mazar et de sa confirmation du texte biblique. D’autres archéologues, notamment Eli Shukron, Ronny Reich, Yuval Gadot et Yiftah Shalev, ont également accompli un travail remarquable dans ce domaine. En dehors de Jérusalem, les fouilles de Yosef Garfinkel, professeur à l’Université hébraïque, à Khirbet Qeiyafa (qu’il a identifiée comme la ville biblique de Shaaraïm) et à Khirbet al-Ra’i (qu’il a identifiée comme la ville biblique de Tsiklag) regorgent de matériel datant de la période davidique.
Alors même que ces découvertes, désormais fréquentes, viennent toutes étayer le récit biblique, on assiste à une montée équivalente de l’hostilité des chercheurs qui rejettent nombre des conclusions tirées de ces découvertes, non pas parce qu’ils remettent en cause les compétences des archéologues, mais parce qu’ils ne veulent pas tenir compte du texte biblique.
Le « principal péché » de la Dre Mazar, comme l’a souligné Shanks dans son article, a été de « porter un jugement raisonnable sur les preuves archéologiques en rapport avec la Bible. Dans certains cercles de chercheurs », écrit-il, « cela est considéré comme ‘non scientifique.’ Si le jugement qu’elle a porté concernait autre chose que la Bible, personne ne s’en préoccuperait. Seule une découverte liée à la Bible attire un tel opprobre sur une éminente archéologue. »
Il y a plusieurs années, la Dre Mazar a critiqué l’approche scientifique moderne de l’archéologie, qui consiste à considérer le récit biblique comme faux, à moins qu’il ne soit prouvé vrai. En fait, c’est pire. Même s’il est prouvé qu’il est vrai, de nombreux chercheurs le rejettent encore.