
LA TROMPETTE
Empreintes digitales
Lire le chaptire précédent : Les compagnons de Tkach
« L’encouragement est maintenant pour nous, qui sommes encore vivants, qui avons devant nous une tâche, une route qui a déjà été tracée par l’apôtre de Dieu. Nous devons garder cette route, et ne pas en dévier d’un iota. »
— Joseph W. Tkach
Le jour de la mort de M. Armstrong
Dans son livre de 1997, Joseph Tkach Jr écrit : Dès le début, il y a eu quelques membres perspicaces qui ont vu que les deux ou trois premiers changements que nous avons effectués exigeaient que d’autres changements soient rapidement faits. Ils ont prédit, de manière précise, la plupart des corrections que nous avons annoncées dans les trois ou quatre années qui ont suivi. Cependant, à ce moment-là, nous ne voyions encore rien de tout cela. » Selon Tkach Jr, quand leurs critiques prédisaient d’autres changements, « Nous avons fermement réfuté le fait que nous réfléchissions à de tels changements... »1 Il dit plus loin qu’aucun des dirigeants de l’ÉUD n’avait en tête de tels changements—c’est-à-dire la transformation de l’Église—avant 1991.2 Ce n’était, en somme, qu’une histoire banale à son début, que nous sommes supposés croire.
Le problème avec cette théorie, c’est que ce qui est arrivé dans l’Église universelle de Dieu après la mort de M. Armstrong, c’est ce qui s’était presque produit dans l’Église, dans les années 1970, avant sa mort. En fait, c’était la santé, alors déclinante, de M. Armstrong qui avait poussé Garner Ted et d’autres à être impatient pour transformer l’Église. La probabilité de l’imminence de la mort de M. Armstrong a fait exposer les vraies couleurs de Garner Ted et de ses camarades. En effet, si M. Armstrong ne s’était pas remis d’un arrêt cardiaque, en 1977, la transformation de l’Église se serait produite une décennie plus tôt.
Tkach Jr agit comme s’ils n’avaient aucun indice, même jusqu’en 1991, à propos de ce qu’ils faisaient ou de l’endroit où l’Église se dirigeait.
Cependant, ce que Donald Ward a fait à l’Ambassador College, entre 1989 et 1994, est exactement ce qu’il a presque réussi à faire en 1978 sous la direction de Garner Ted. Exactement !
Et nous sommes supposés croire que le travail de Bernie Schnippert sur le Projet de Théologie Systématique, en 1977—dans une tentative visant à libéraliser les doctrines de l’Église—n’avait aucune influence sur son travail 10 ans plus tard, quand il est revenu à Pasadena pour prendre en charge le département éditorial et ceux de la publication, de la télévision et du traitement du courrier !
Les principaux acteurs de la transformation initiée par Tkach ont laissé leurs empreintes digitales partout sur la scène du crime, pendant les années 1970 ! Mais à la différence de Garner Ted et de quelques autres, ils n’ont jamais été attrapés. Ils se sont enfuis de la scène une fois que M. Armstrong s’est montré physiquement revitalisé, et décidé à poursuivre le coupable. Joe Jr a été licencié, a divorcé et a hiverné en Arizona. Feazell—également licencié—est allé en Arizona pour enseigner à des élèves de cours moyen. Schnippert s’est installé dans une petite congrégation de Las Vegas. Le Docteur Ward a déménagé à Texas-est.
Ensuite, après que la santé défaillante de M. Armstrong a pris le dessus sur lui, ils sont revenus de la dissimulation, et ont immédiatement travaillé à accomplir ce qu’eux et d’autres ont presque fait dans les années 1970.
Cela ne veut pas dire que tous les compagnons de Tkach étaient des partisans loyaux de la tentative de coup d’État de Garner Ted. Certaines des personnalités ont changé. Mais à regarder les événements de la deuxième moitié des années 1980, nous trouvons beaucoup des empreintes digitales laissées lors du désordre des années 1970.
La différence la plus significative et la plus évidente, bien sûr, c’est, qu’après le 16 janvier 1986, M. Armstrong n’était pas là pour retenir les rebelles.
L’identité de Babylone
La première moitié des années 1980 pourrait bien être considérée comme les années d’or de l’Église universelle de Dieu. Dans le même temps, cependant, la santé de M. Armstrong déclinait. Sa vue était si mauvaise que, sans l’aide d’Aaron Dean, il n’aurait pas pu achever le Mystère des siècles. Cependant, même avec Dean, considéré comme ses yeux et ses oreilles, au cours des dernières années, M. Armstrong n’a pas vu tout ce qui se passait derrière son dos.
Le 17 décembre 1983, M. Armstrong a donné un sermon à Pasadena intitulé « la Mission de l’Ère de Philadelphie ». Il lisait dans une version de la Bible en trois volumes imprimée en très gros caractères—et même avec cela, il avait besoin d’une loupe. Pendant le sermon, il a dressé la liste d’un certain nombre de vérités que Dieu avait restaurées pour l’Église universelle de Dieu au cours de son ministère. Vers la fin de son message, M. Armstrong a parlé de la séduction religieuse, et de l’identité de la Babylone moderne et de ses Églises-filles (Apocalypse 17 : 5). Il a dit : « Eh bien, frères et sœurs, toutes ces choses ont été restaurées… »
L’année suivante, le 10 mars, M. Armstrong a rappelé beaucoup de ces vérités restaurées, dans un sermon qu’il a donné à Chicago. Il a aussi parlé de la liste, lors d’une conférence ministérielle, au cours de l’été. Ensuite, dans le Mystère des siècles, il a écrit, en 1985 : « Au moins 18 vérités, fondamentales et essentielles, ont été restaurées pour la véritable Église. »
Mais M. Armstrong n’a jamais produit une liste écrite lui-même. Cette tâche a été laissée au département éditorial de l’Église. Richard Rice, qui gérait le centre de traitement du courrier de l’Église, a été le premier à compiler une liste écrite des vérités. Elle a apparu dans le Rapport du Pasteur général quelques mois après la mort de M. Armstrong. Bien que la liste n’ait pas été numérotée, elle incluait 18 points. La liste avec laquelle les membres de l’Église sont beaucoup plus familiers a apparu cinq mois plus tard dans les Worldwide News, avec une courte introduction de M. Tkach. Selon Tkach, les Services éditoriaux avaient préparé la liste—et pour la première fois, elle était numérotée—il y avait 18 points de vérité restaurée.
Mais il n’y a rien dans la liste de Rice ou dans celle présentée par Tkach qui dit quoi que ce soit sur l’identité moderne de Babylone. C’est parce que les rédacteurs avaient travaillé dur, même avant la mort de M. Armstrong, révisant et omettant beaucoup des enseignements de l’Église sur l’antique Babylone et sur le développement du système religieux babylonien moderne.
La plus grande révision dans la littérature de l’Église a apparu dès 1982 avec L’Histoire de la Bible. Basil Wolverton, un artiste nationalement connu, et ministre à l’ÉUD, a commencé à travailler sur le projet en 1958. Apparaissant, à l’origine, mensuellement, dans la Pure vérité, L’Histoire de la Bible a été convertie en six volumes, pendant les années 1960. M. Armstrong a assigné le projet à M. Wolverton à cause du besoin énorme qu’il y avait d’enseigner correctement aux enfants les vérités de la Bible. « Les histoires de la Bible, jusqu’ici », expliquait M. Armstrong, semblaient n’avoir « d’autre mission que celle de fournir un divertissement passionnant. Des incidents bibliques sont pris hors de contexte, ignorant leur rapport réel avec le but même de la vie. » De plus, il écrivait : « Dans ma recherche sur l’histoire de l’éducation, la vérité a émergé de l’existence d’une conspiration diabolique majeure pour tromper le monde entier. » Ainsi, M. Wolverton s’est attelé à raconter l’histoire de la Bible, de manière factuelle et chronologique, et d’une façon qui serait intéressante et compréhensible pour des enfants. Cependant, la série n’était pas destinée uniquement aux enfants : elle a donné une compréhension de base du l’Histoire de la Bible pour tous les lecteurs intéressés, y compris des milliers d’adultes.
Le chapitre 5, de la version des années 1960, contient beaucoup d’histoires quant à l’établissement de la civilisation après le Déluge. Il dit comment Noé a prêché la vérité de Dieu, et prophétisé sur un Messie à venir. « Mais quelque chose s’est produit, alors ensuite, et à pousser les hommes à croire que le fils d’un dieu était venu sur la Terre, peu de temps après le déluge », écrit Wolverton.6 Il continue d’expliquer comment Nimrod et sa femme, Sémiramis, ont établi un système religieux babylonien comme une grande contrefaçon de la véritable religion de Dieu. « Là, dans l’ancienne Babylone », écrit Wolverton,
sont nées les fausses croyances qui se sont immiscées dans presque toutes les religions. Même aujourd’hui, des millions et des millions de gens, qui voudraient vivre selon les voies justes, ne sont pas conscients que leur façon d’adorer suit très étroitement la façon dont on adorait une idole antique, et la façon dont on observait des rites païens commencés à Babel.7
Pratiquement toute cette histoire cruciale—les plans de Nimrod pour gouverner la Terre ; la tentative réussie de sa femme de faire un faux dieu de son mari tué—a été supprimée de la version 1982 de L’Histoire de la Bible. Elle a été éditée quatre ans après la mort de M. Wolverton—et bien quatre années avant celle de M. Armstrong. Dans la publication de 1982, il y a, à l’évidence, du tkachisme—de manière assez commode, aux environs de l’époque où la vue de M. Armstrong allait mal.
Après la mort de M. Armstrong, le personnel de la rédaction a jugé convenable d’enlever toute référence identifiant la Babylone moderne comme une vérité restaurée pour l’Église. Il l’a fait malgré les évocations répétées de M. Armstrong, les deux dernières années de sa vie.
La nouvelle explication de l’ÉUD, au sujet de l’histoire de Babylone et de sa signification prophétique, a immédiatement émergé dans d’autre littérature de l’Église après la mort de M. Armstrong. Dans La pure vérité au sujet de Noël, par exemple, M. Armstrong écrit :
Nimrod, le petit-fils de Cham, fils de Noé, était le fondateur réel du système babylonien qui s’est appesanti sur le monde, depuis lors—le système de la compétition organisée—celui des gouvernements et des empires dirigés par l’homme, basé sur le système économique de la compétition et de l’argent. Nimrod a construit la tour de Babel, la Babylone originelle, l’ancienne Ninive, et beaucoup d’autres villes. Il a organisé ce premier royaume mondial.8
Ce paragraphe entier a été supprimé de la version « mise à jour » de 1987, ce qui est un changement majeur quand vous considérez ce que l’Église avait longtemps enseigné au sujet du système que Nimrod a établi.9
Tout cela, bien avant—si l’on doit croire Tkach Jr—que « nous ne pensions même à de tels changements » !
L’Histoire révisionniste
En 1984, l’ÉUD a produit une brochure intitulée L’histoire de l’Europe et de l’Église, écrite par Keith Stump. La brochure, écrite quand M. Armstrong était presque aveugle, est remplie de langage politiquement correct que M. Armstrong n’aurait jamais approuvé. Par exemple, elle a attribué la cause de la Première Guerre mondiale à « un événement sanglant » à Sarajevo, et au fait que les grandes puissances étaient « liées par les réseaux de leurs alliances. »10 M. Armstrong—et n’importe quel autre historien honnête—auraient blâmé l’Allemagne pour avoir commencé cette guerre. Mais peu avant, et après, la mort de M. Armstrong, les intellectuels de l’ÉUD ont essayé de réviser cette l’histoire.
Pire encore, ils ont aussi révisé les enseignements prophétiques de l’Église au sujet de l’Allemagne. Moins de quatre mois après la mort de M. Armstrong, l’Administration de l’Église a informé ses ministres que plusieurs livres devraient être « mis à jour ». La page 93 des Anglo-Saxons selon la prophétie de M. Armstrong dit : « Israël avait été déplacé de la Palestine depuis plus de 130 ans, et avait depuis longtemps migré, avec les Assyriens, au nord (et à l’ouest) de l’emplacement originel de l’Assyrie. »11 Dans la version de 1986, les éditeurs ont réécrit cette page pour dire qu’Israël a migré au nord de l’Assyrie, en opposition à avec. La signification de ce changement est rendue évidente par les autres éditions dans l’ouvrage de M. Armstrong. À la page 147, M. Armstrong écrit :
Ézéchiel était parmi les captifs juifs, cela plus de cent ans après la captivité d’Israël. À ce moment-là les Assyriens avaient depuis longtemps quitté leur terre sur les rivages du sud de la Mer Caspienne, et avaient migré vers le nord-ouest, s’installant finalement dans le pays aujourd’hui appelé Allemagne.12
Dans la version de 1986, toutes les références à « Assyrie » et à « Allemagne » ont été enlevées de ce passage. Il n’y a aucune mention des Assyriens migrant vers un pays appelé, aujourd’hui, Allemagne. Ils ont donc complètement enlevé ce paragraphe dans la version de 1986 :
Les Assyriens—avant 604 avant J.-C.—ont quitté leur pays situé au nord de Babylone, et ont migré au nord-ouest―via les pays qui sont maintenant la Géorgie, l’Ukraine, la Pologne, et se sont installés dans le pays qui, aujourd’hui, est appelé Allemagne. De nos jours, les descendants de ces Assyriens sont connus de nous sous le nom d’Allemands.13
À nouveau, ces éditions ont été faites dans les mois qui ont suivi la mort de M. Armstrong—peut-être même mises en œuvre avant sa mort. En lisant la version de 1986 des Anglo-Saxons selon la prophétie, pour la première fois, un nouveau lecteur n’aurait eu aucune idée que l’Allemagne, aujourd’hui, descend de l’ancienne Assyrie—un enseignement qui identifie, de manière essentielle, l’Allemagne dans la prophétie biblique. Pour ceux qui connaissent même très peu les enseignements sur la prophétie de M. Armstrong, cela a représenté un changement monumental dans les enseignements de l’Église.
Bien entendu, Tkach Jr n’avait aucune idée qu’un changement de cette importance aurait un impact profond sur l’enseignement de la prophétie dispensée par l’Église—du moins, il voudrait nous le faire croire !
Le Mystère des siècles, version brochée
Le 9 septembre 1985, M. Armstrong a distribué les premiers exemplaires reliés du Mystère des siècles à la classe des étudiants de deuxième année, à l’Ambassador College. Deux mois plus tard, en novembre, la version brochée de l’ouvrage est arrivée de l’imprimerie.14
À première vue, il semble n’y avoir aucune différence entre les deux versions. Quoique le livre broché ait 66 pages de moins que le livre relié, sa taille de police plus petite et l’espacement des lignes permettent d’avoir plus de texte à chaque page. Néanmoins, quelqu’un dans l’ÉUD—certainement pas M. Armstrong—a jugé convenable de changer certaines déclarations ayant un rapport avec la race.
Aux pages 122 et 123 de la version brochée, ils ont ôté les déclarations disant qu’Adam, Noé et Jésus étaient blancs. Ils ont même omis une référence disant que l’ancien Israël était de type caucasien. À la page 143, ils ont aussi enlevé une référence disant que l’ancien Israël était « racialement » séparé des autres peuples.
À la page 124, ils omettent une référence à Nimrod disant qu’il était « noir », bien que la Bible identifie son père Cush comme un homme de race noire.15
À la lumière des accusations que les Tkach ont faites des années plus tard, selon lesquelles M. Armstrong était raciste, ces éditions—faites avant la mort de M. Armstrong—sont tout à fait révélatrices. Là, bien visibles, en novembre 1985, il y a les empreintes digitales du tkachisme.
Le campus de Big Sandy
Dans la même lettre, de décembre 1985, dans laquelle M. Armstrong informe l’Église du déclin rapide de sa santé, il fait également part d’une décision importante quant à l’Ambassador College :
… Je sens que Dieu m’a mené à décider qu’il est nécessaire que nous arrêtions les opérations à Big Sandy, au Texas, après la fin de cette présente année scolaire. La certification du collège requérant la poursuite de l’accréditation, les besoins financiers de la première mission de l’Église et les besoins du ministère ont rendu cette décision nécessaire. Le ministère formé sur le campus à Big Sandy est grandement nécessaire ailleurs, à cause des milliers de demandes de visite de membre potentiels. J’ai ordonné la mise en œuvre de cette décision aux responsables qui y sont impliqués.16
La même annonce a apparu plus tard cette semaine-là, dans le Rapport du Pasteur Général. Deux semaines après cela, Richard Ames, le directeur des admissions à l’AC, a dit au ministère que toutes les demandes pour Big Sandy avaient été redirigées vers le campus de Pasadena.17 Dans le Worldwide News du 30 décembre 1985, Aaron Dean a écrit un article en première page, encourageant les jeunes de l’Église à s’instruire, qu’ils puissent suivre ou non les cours de l’Ambassador College. M. Dean a mentionné la fermeture de Big Sandy dans l’article, et a fait remarquer comment seulement quelques jeunes de l’Église pourraient suivre les cours à l’AC.18
Deux semaines et demie plus tard, M. Armstrong mourait. Deux mois après la mort de M. Armstrong, Joseph W. Tkach, nouvellement nommé Pasteur général de l’Église, a fait une visite sur le campus de Big Sandy. Pendant son voyage, M. Tkach a rencontré le vice-chancelier du collège, Leslie McCullough, et les membres du corps enseignant. Selon le Worldwide News du 24 mars 1986, « le Pasteur général a fait connaître, au ministère et au corps enseignant, les événements qui se déroulaient dans l’Œuvre de Dieu, y compris le statut du campus de Big Sandy. »19 Le « statut » du campus était tout à fait clair dans les semaines antérieures à la mort de M. Armstrong : Il serait fermé !
Dans la période de son voyage à Big Sandy, si ce n’est au cours de cette visite, M. Tkach a ordonné une étude de faisabilité « afin de déterminer la meilleure utilisation du campus, et de voir à long terme les besoins de l’Église et du collège, au Texas ».20 Il a écrit au ministère, quelques jours après son retour à Pasadena, pour dire : « Le voyage était très agréable et certainement plein d’enseignements pour moi, alors que je suis en train de prendre des décisions sur l’avenir du campus. »21
Cinq semaines après sa visite à Big Sandy, de manière incroyable, M. Tkach annonçait des plans pour maintenir ouvert le campus de Big Sandy :
J’ai chargé M. Les McCullough et le Dr Don Ward d’obtenir la certification d’État pour que nous puissions faire fonctionner le collège, à Big Sandy, au Texas, pendant encore au moins une année. En décembre dernier, M. Herbert Armstrong a écrit aux frères que ‘la certification du collège requérant la poursuite de l’accréditation, les besoins financiers de la première mission de l’Église et les besoins du ministère’ avaient rendu nécessaire la décision de suspendre le fonctionnement de l’Ambassador College, à Big Sandy, au Texas. Depuis lors, je me suis aperçu que nous pouvions être certifiés pour une autre période de deux ans sans devoir poursuivre l’accréditation.
Cela permettra à l’actuelle classe de première année d’obtenir un diplôme à Big Sandy, et nous donnera le temps de voir dans quelle direction Dieu veut nous mener quant à l’avenir du campus, à cet endroit-là. La décision d’État pour la certification ne sera pas définitive avant juillet mais, à partir de maintenant, nous projetons de fonctionner l’année prochaine. Bien entendu, si la certification ne devait pas être obtenue, nous poursuivrons avec d’autres plans pour permettre aux étudiants qualifiés de Big Sandy de finir à Pasadena pendant les deux années suivantes.22
Selon le Dr Ward, qui a entendu l’annonce du 15 avril au moyen d’une liaison téléphonique avec Big Sandy, l’annonce de M. Tkach a été saluée par « un tonnerre d’applaudissements qui a longtemps duré. » M. Tkach a demandé aux groupes conjoints du corps enseignant et des étudiants de prier afin que la volonté de Dieu « me soit révélée ». Il a dit qu’il était déterminé à « faire ce qui est le meilleur pour l’Œuvre de Dieu ».23
Moins de quatre mois plus tôt, une des raisons principales qu’avait donnée M. Armstrong pour la fermeture du campus, c’était pour pouvoir faire ce qui était le meilleur pour l’Œuvre—ses « besoins financiers » et le fait que le ministère de Big Sandy était nécessaire ailleurs. Quel changement monumental dans les priorités pour M. Tkach—et cela tout juste trois mois après la mort de M. Armstrong !
Le Dr Ward, bien évidemment, n’avait jamais rêvé qu’un renversement aussi stupéfiant pourrait finalement aboutir au changement complet du centre d’intérêt du collège pour Big Sandy, et pour la poursuite de l’accréditation.
Était-ce bien le cas ?
Un centre d’intérêt différent pour la mission
L’Écriture que M. Armstrong utilisait presque toujours pour décrire la mission de l’Église, c’était Matthieu 24 : 14 : « Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin ».
Par exemple, dans le numéro de février 1972 du Monde à venir, M. Armstrong identifie Matthieu 24 : 14 comme « la prophétie même définissant notre mission en ces derniers jours ». 24 Dans une lettre co-ouvrière datée au 17 septembre 1982, M. Armstrong dit : « Le signe de Jésus [selon lequel] nous sommes proches de la fin de ce monde (Matthieu 24 : 14), et que vous m’avez aidé à proclamer au monde—la bonne nouvelle du royaume de Dieu—est allé vers le monde avec une grande puissance ! 25 Dans un sermon de 1983, M. Armstrong a clairement défini la mission de l’Église : « Vous trouverez la mission de l’Église d’aujourd’hui dans Matthieu 24 et dans le verset 14. »26 M. Armstrong écrit dans La pure vérité au sujet de la guérison : « La grande mission et le ministère de l’Église de Dieu, aujourd’hui, se trouve dans la prophétie de Jésus concernant cela, dans Matthieu 24 : 14. »27
Dans son premier sermon en tant que pasteur général, donné juste deux jours après la mort de M. Armstrong, M. Tkach dit :
« Dans les Évangiles synoptiques, notre mission est clairement définie—ce qui donne une vue générale de nos responsabilités. Tournez à Matthieu 28. Ici, il nous est dit, au verset 19 : ‘Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.’ Notre mission, ici, vient directement du Christ. Nous sommes une extension de l’Église primitive du Nouveau Testament, qui n’a jamais vraiment achevé la mission. »28
Cette citation scripturaire représentait un changement inquiétant du centre d’intérêt. Il est arrivé que M. Armstrong, de temps en temps, associe Matthieu 28 : 19-20 à la mission de l’Église, mais ce n’était pas le passage principal auquel il faisait référence. Il a souligné, à plusieurs reprises, que l’Église avait été mandatée pour prêcher l’Évangile à ce monde en tant que témoignage. Avec cela comme centre d’intérêt pour l’Église, M. Armstrong expliquait alors que Dieu pourvoirait aux membres et co-ouvriers qui répondraient au message d’avertissement.29 C’est certain, l’Église avait alors une obligation d’enseigner et de former ceux qui répondraient à l’appel de Dieu, mais c’était secondaire à la principale mission de l’Église—prêcher l’Évangile du Royaume de Dieu en tant que témoignage. M. Armstrong expliquait :
Les deux secteurs spirituels, qui sont le but réel et la mission réelle de l’Église, sont, en premier, de proclamer la bonne nouvelle du Royaume de Dieu pour un témoignage aux nations du monde… Maintenant la deuxième mission de l’Église, c’est de nourrir le troupeau, comme Jésus le dit, avec la nourriture spirituelle de la Parole de Dieu.30
Pour être juste avec M. Tkach, il faut dire que, dans ce même sermon, il cite bien Matthieu 24 : 14 à la toute fin du message. Il dit : « Nous avons la mission de prêcher l’Évangile en tant que message d’avertissement à un monde qui se meurt. »31
Mais il écrit ensuite, seulement quelques jours après ce sermon : « Ma foi et ma confiance sont dans la promesse sûre et infaillible de Jésus-Christ, bâties à partir de la mission même qu’Il a donnée à Son Église : ‘Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu`à la fin du monde’ (Matthieu 28 : 20). »32
Changer le centre d’intérêt de l’Œuvre au profit de la mission secondaire consistant à nourrir le troupeau, par opposition au fait de prêcher l’Évangile au monde, a eu un effet dévastateur, faisant boule de neige, sur presque chaque aspect de l’Œuvre. Cela a fait l’Église se tourner vers elle-même—conduisant à mettre l’accent sur l’Ambassador College, les congrégations locales et l’évangélisation personnelle. Proclamer l’Évangile en tant que témoignage est passé au second rang au profit des besoins internes de l’Église.
Le Mystère des siècles sous forme de série
Comme je l’ai mentionné, les éditeurs avaient fait de subtils changements pour le Mystère des siècles broché, avant même la mort de M. Armstrong. Beaucoup plus important que cela, cependant, sont les omissions effectuées dans la publication du livre, sous forme de série, dans la revue la Pure vérité. M. Armstrong a, en réalité, démarré le projet, commençant dans le numéro de juillet 1985. Il voulait que le message du livre atteigne « la plus grande audience possible », et le tirage de la Pure vérité était aux alentours de 8 millions, à l’époque.
À cause de la longueur du livre, la publication du Mystère des siècles, sous forme de série, a pris un an et demi (de juillet 1985 à décembre 1986). Comme pour n’importe quelle série, on pourrait s’attendre à ce que les éditeurs condensent des parties du texte. Mais faire cela d’une manière qui change complètement les intentions nettes de l’auteur ne peut pas être considéré comme une version abrégée du texte original—mais plutôt comme une version corrompue.
La suppression la plus flagrante se trouve à la fin du Chapitre 6—« Le mystère de l’Église »—dans le numéro de la Pure vérité de juillet-août 1986. Dans le livre, la section commence par le sous-titre : « La restauration de la vérité dans l’Église de Dieu. » Dans le premier paragraphe sous le sous-titre, M. Armstrong débute en récapitulant l’histoire de l’Église de Dieu—du premier siècle jusqu’au temps de la fin. Dans le livre, il écrit : « À partir de l’année 1931, exactement 1 900 ans (un siècle de cycles de temps) depuis de la fondation de l’Église, ce petit reste de la véritable Église originale de Dieu a commencé une nouvelle vie en tant que l’ère de Philadelphie. » Les mots mis en italique sont ôtés de la série, ce qui est significatif, comme toute personne qui a été associée à l’ÉUD devrait le savoir.
À partir de ce point dans le texte, les éditeurs ont jugé bon de supprimer un certain nombre de prophéties spécifiques dans la série, en commençant par celle-ci :
Elle était parvenue au « temps de la fin ». Une nouvelle vitalité spirituelle a été insufflée en elle. Le temps était venu pour la prophétie de Jésus de Matthieu 24 : 14 de s’accomplir—« Cette bonne nouvelle du royaume sera [proclamé] dans le monde entier pour servir de témoignage à toutes les nations ; alors viendra la fin. » Cette vérité essentielle qui avait été perdue a été graduellement révélée et proclamée.34
À la lumière de ce que nous avons vu au sujet de la mission de l’Église, la signification de cette suppression est évidente. La version de la Pure vérité omet ensuite six paragraphes sur l’ère de Philadelphie et sur le dirigeant, prophétisé par Dieu, qui se lèverait pendant cette ère (M. Armstrong, comme l’Église avait toujours cru). M. Armstrong écrit :
Pour cette ère—ou pour son dirigeant humain—Dieu avait mis devant elle une porte ouverte… Cette Église, et/ou son dirigeant, n’avaient que peu de force. Ils n’avaient pas non plus de grande stature et de grande puissance dans le monde de Satan, mais ceux de cette ère étaient fidèles à la Parole de Dieu. Quoiqu’une bonne partie de la vérité de l’Évangile original, communiquée aux apôtres originaux par Jésus en personne, ait été perdue, elle a été restaurée, par la Bible, pour cette ère de l’Église de Dieu qui a été fidèle en la gardant.35
Cela manque dans la version en série. Il en est de même du paragraphe suivant :
Il est révélé dans Malachie 3 : 1-5 et 4 : 5-6 que Dieu susciterait quelqu’un dans la puissance et l’esprit d’Élie, peu avant la Seconde venue du Christ. Dans Matthieu 17 : 11 Jésus dit, même après que Jean-Baptiste a achevé sa mission, que cet Élie prophétisé « doit vraiment venir en premier, et restaurer toutes choses ». Bien qu’il soit pleinement révélé que Jean-Baptiste était venu avec la puissance et l’esprit d’Élie, il n’a rien restauré. Le dirigeant humain, qui devait être suscité peu de temps avant la Deuxième venue du Christ, devait préparer la voie—préparer l’Église—pour la venue du Christ et restaurer la vérité qui avait été perdue pendant les ères précédentes de l’Église. Une porte devait, également, être ouverte pour ce dirigeant et/ou l’ère de Philadelphie de l’Église afin d’accomplir Matthieu 24 : 14 : « Cette bonne nouvelle du royaume sera prêché dans le monde entier pour servir de témoignage à toutes les nations ; alors viendra la fin. »36
Après ces omissions, la série continue ensuite :
Ce devait être une époque où, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, les armes de destruction massive ont été produites de telle façon qu’elles pourraient effacer toute l’humanité de la Terre (Matthieu 24 : 21-22). Cela devait également arriver juste avant le Second avènement du Christ (versets 29-30).
Ces prophéties ont maintenant, sans aucun doute, été accomplies. Le véritable Évangile a été restauré, et est maintenant allé avec puissance vers chaque nation sur la face de la Terre.37
Pour une personne lisant le livre, « Ces prophéties ont maintenant, sans aucun doute, été accomplies » fait référence à Matthieu 24 : 14, Apocalypse 3 : 7-13, Malachie 3 : 1-5, Malachie 4 : 5-6 et Matthieu 17 : 11 ! En lisant la série, cependant, vous ne savez même pas à quelles prophéties M. Armstrong fait référence. Supprimer toutes les prophéties, et dire ensuite que « Ces prophéties ont maintenant, sans aucun doute, été accomplies », n’a pas de sens !
Après quelques mois dans sa nouvelle position de Pasteur général, M. Tkach avait déjà autorisé cela, en éliminant certaines des déclarations les plus fortes que M. Armstrong a faites dans le Mystère des siècles. Et comme par hasard les déclarations au sujet de la fonction de M. Armstrong, de son rôle prophétisé dans les événements du monde et de sa mission confiée par Dieu.
« Large est le chemin »
En plus de la série, plusieurs autres exemples, à partir de 1986, démontrent l’intention du tkachisme de généraliser les enseignements qui avaient été traditionnellement des explications nettement définies et précises des Écritures.
En plus du Mystère des siècles, M. Armstrong a écrit d’autres brochures, la dernière année de sa vie—dont une intitulée Vivons-nous les derniers jours ? Après sa mort, les éditeurs ont renommé la brochure Le monde ne finira pas de cette façon ! Voici comment ils ont expliqué ce changement : « Le vieux titre était une excellent manière pour présenter le sujet à une génération antérieure. Mais la nouvelle génération de téléspectateurs n’a tout simplement pas répondu à ce titre prophétique comme ils le font pour d’autres brochures sur la prophétie. »38 La vieille version était, supposément, moins demandée, et le tkachisme en connaissait la raison exacte ! Le titre était daté.
Dans une autre brochure, Mettez fin à vos soucis financiers, M. Armstrong a commis l’erreur tragique de dire que l’Amérique est « la nation la plus riche de la Terre » ! Les intellectuels de l’ÉUD ont noté, avec jubilation, que « des nations plus petites ont, significativement, un revenu annuel par personne plus élevé que les États-Unis. »39 Cela peut ressembler à un changement insignifiant, mais à nouveau, ceux qui ont une compréhension générale de la théologie de M. Armstrong comprennent immédiatement l’impact que ces petits rajustements avaient sur des positions doctrinales majeures. M. Armstrong mentionnait souvent l’Amérique comme l’unique nation la plus grande sur la Terre—grâce, en grande partie, à sa richesse phénoménale. C’est parce que la Bible, effectivement, a prophétisé sur l’accession de l’Amérique à la grandeur, dans ce temps de la fin. M. Armstrong a expliqué ces prophéties dans son livre Les Anglo-Saxons selon la prophétie. Sachant ce qui est finalement advenu de ce livre, vous avez une idée de l’endroit où ils allaient avec ces éditions de 1986.
En 1986, les éditeurs ont travaillé dur, également, pour réviser un des plus grands livres de M. Armstrong—L’incroyable potentialité humaine. À la page 5 de ce livre, faisant des commentaires sur Simon le magicien et son œuvre de séduction pour pervertir le véritable Évangile, pendant le premier siècle, M. Armstrong écrit :
Il s’en est suivi « le siècle perdu » dans l’histoire de la véritable Église de Dieu. Il y avait une conspiration bien organisée pour voiler tout enregistrement de l’histoire de l’Église, pendant cette période-là. Cent ans plus tard, l’histoire révèle un « christianisme » tout à fait différent de celui de l’Église que le Christ a fondée.40
S’appuyant sur les recherches des intellectuels et des historiens de l’Église—comme Edward Gibbon, qui faisait référence à un « nuage noir » qui planait au-dessus du premier âge de l’Église—M. Armstrong a inventé l’expression « siècle perdu » pour décrire l’enregistrement historique rare de la première Église. Pour les intellectuels de l’ÉUD, en 1986, « le siècle perdu » était « à peine approprié ». Après tout, raisonnaient-ils, les écrits de Jean ont été enregistrés pendant cette période—et Polycarpe a marché dans les pas de Jean. Comment, dans ces conditions, cette période historique pourrait-elle être considérée « perdue » ? Ils l’ont donc reformulé comme « une période obscure dans l’histoire de la véritable Église ». Tandis qu’ils pensaient cela plus précis, le changement, incontestablement, enlevait l’accent sur la conspiration de Satan pour voiler un véritable enregistrement de l’histoire de l’Église.
Dans Qu’entend-on par le « péché impardonnable » ? M. Armstrong écrit :
Dans Jean 7 : 31, il est dit : « Plusieurs parmi la foule crurent en lui… » Mais étaient-ce réellement des chrétiens ? Prenez note, en commençant par Jean 8 : 30 : « Comme Jésus parlait ainsi, plusieurs crurent en lui. Et il dit aux Juifs qui avaient cru en lui : Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples… » Mais, en réalité, ils ne l’ont pas cru ! Ils ont cru en Lui—le fait qu’Il était un grand enseignant, en tant qu’homme—ils ont cru en la personne—comme des millions de gens aujourd’hui. Mais ils ne l’ont pas cru—ils n’ont pas cru ce qu’Il disait, ils n’ont pas cru Son message, Son Évangile. À ces mêmes gens, qui « ont cru en Lui », Jésus dit, quelques versets plus loin : « … mais vous cherchez à me faire mourir, parce que ma parole ne pénètre pas en vous. »41
En supprimant tous les mots mis en italique, en 1986, les éditeurs ont été d’accord sur le fait que cela se lirait plus « facilement »42 Cela a aussi supprimé la référence « aux millions de gens aujourd’hui » qui sont trompés de la même manière, comme ceux de l’époque du Christ.
Des années plus tard, le tkachisme, a souvent ridiculisé l’enseignement de M. Armstrong selon lequel le monde entier est séduit (Apocalypse 12 : 9). Ainsi, voyant ces éditions sélectives de 1986, rétrospectivement, leur intention de saper l’enseignement de M. Armstrong est claire.
Autres changements en 1986
Le tkachisme a changé l’enseignement de l’Église au sujet de l’esprit humain, dans les mois qui ont suivi la mort de M. Armstrong.43 Expliquant pourquoi ils ont changé les termes dans L’incroyable potentialité humaine pour refléter le nouvel enseignement, ils ont dit que cela se lisait « plus facilement », tandis que l’explication de M. Armstrong avait « rendu perplexes un certain nombre de lecteurs ».44 Que les enseignements de M. Armstrong puissent, maintenant, être modifiés pour la simple raison qu’ils laissent « perplexes » des lecteurs, cela a dû rendre les libéraux, à Pasadena, plus impatients pour la prochaine reprise de changements.
Ils ont également changé le sens du mot hébreu pour Dieu, en 1986. Quiconque a jamais entendu M. Armstrong parler de l’identité et de la nature de Dieu se le rappelle, sans aucun doute, expliquant la signification de Elohim, comme il le fait dans le Mystère des siècles :
… un substantif ou un nom, pluriel dans sa forme, mais normalement singulier dans son utilisation grammaticale. C’est la même sorte de mot que famille, Église, groupe—une famille consistant en deux ou plus de membres, une Église se composant de beaucoup de membres, un groupe comprenant plusieurs personnes.45
Ils ont d’abord présenté leur compréhension différente du mot Elohim quand ils ont réimprimé deux autres écrits de M. Armstrong—L’incroyable potentialité humaine et la brochure Pourquoi êtes-vous né ? Ils ont changé la définition de cette façon : « … un substantif, pluriel dans sa forme, mais avec une utilisation singulière ou plurielle. »46 Ils ont laissé le fait que le mot hébreu est comme les mots français famille, Église, équipe ou groupe. Et au lieu qu’il soit « singulier dans son utilisation grammaticale », comme M. Armstrong le dit dans le Mystère des siècles, il avait une « utilisation singulière ou plurielle ».
Des années plus tard, quand l’Église universelle de Dieu a adopté la doctrine de la Trinité, elle a soutenu que le mot Elohim, comme il est utilisé dans Genèse 1 : 1, fait référence à une déité.47 L’ÉUD a officiellement accepté la doctrine de la Trinité, en 1993. Mais comme avec tant d’autres révisions doctrinales, les empreintes digitales ont apparu plusieurs années plus tôt. Dans ce cas, c’était en 1986, quand ils ont changé la définition de Elohim.
Le programme du Christ ?
Le jour de la mort de M. Armstrong, Joseph Tkach a promis de maintenir la voie du fondateur et de « ne pas en dévier d’un iota ». Cependant, il a nettement commencé à violer les promesses le jour même.
En 1995, après avoir soutenu et défendu l’Administration Tkach, pendant presque une décennie, David Hulme en avait eu, finalement, assez de la transformation doctrinale. Il a écrit ceci dans sa lettre de démission, adressée à Tkach père :
L’aspect le plus inquiétant de notre conversation récente, à la veille de la Pâque, c’est qu’avec une certaine fierté vous avez déclaré que vous étiez d’accord avec Richard Plache et Al Corozzo, dans les années 1970, en ce qui concerne la place de la loi dans la vie chrétienne. Vous avez dit que vous étiez d’accord avec eux (et par conséquent, en désaccord avec Herbert W. Armstrong) mais avez estimé qu’ils étaient en avance sur leur temps, et que rien ne pourrait être fait. Je vous rappelle que Richard Plache était un des principaux acteurs dans une tentative, en 1975, pour renverser l’observance du Sabbat, en Grande-Bretagne. En conséquence il a été mis hors de l’Église, avec Charles Hunting et David Ord, par M. Armstrong. Si vous étiez d’accord avec ces hommes comme vous le prétendez, avez-vous informé M. Armstrong de votre position radicalement différente avant sa mort ?48
Dans sa réponse à David Hulme, Tkach Sr n’a pas nié que ces conversations aient eu lieu. Il a simplement dit que Hulme avait déformé ses commentaires. Mais notez ce que Tkach écrit d’autre :
J’essayais de vous faire remarquer des défis au sujet de la validité de certaines doctrines, des défis qui ont été soulevés par des principaux ministres de l’Église, dans les années 1970, qui m’ont fait prendre conscience qu’il y avait, en effet, des questions doctrinales auxquelles il n’avait jamais été répondu adéquatement.49
Prenez note ! De la propre main de Tkach (ou de quiconque a écrit la lettre pour lui) nous découvrons que c’était des questions soulevées dans les années 1970. Elles ont été soulevées par « des principaux ministres », à l’époque (beaucoup de ceux qui ont été exclus par M. Armstrong, a-t-il omis de mentionner). Et c’était des questions, du moins dans l’esprit de Tkach, auxquelles il n’avait jamais été répondu adéquatement. Cette « prise de conscience harcelante », a admis Tkach, « m’a troublé ». Qu’a-t-il donc fait ? « Ma réponse à l’époque », explique-t-il, faisant référence aux années 1970, « a été tout simplement de mettre le sujet dans un tiroir, et de ne lui accorder que peu de réflexion jusqu’à des années plus tard, quand je me suis retrouvé, en tant que Pasteur général, responsable de l’instruction spirituelle de l’Église, et ai été défié sur plusieurs de ces mêmes points. »50
Incroyable, n’est-ce pas ? Il a aisément reconnu avoir mis des sujets controversés dans un tiroir « jusqu’à des années plus tard »—quand M. Armstrong n’avait plus le contrôle ! Et l’idée que lui, ou quelqu’un d’autre, avait un programme ? « C’est absurde ! », dit-il. « C’était le programme du Christ ». C’est tout ce dont il s’agissait—une innocente histoire arrivant à point nommé, au sujet de Jésus-Christ, faisant passer une Église entêtée des ténèbres à la lumière glorieuse. Ils n’ont jamais eu cela à l’esprit. Aucun d’entre eux !
N’est-ce pas étonnant ?
À suivre …