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Démocratie en échec : l'Allemagne est-elle ingouvernable ?
Le monde reste largement inconscient de la gravité de la crise gouvernementale que traverse l'Allemagne. Ces dernières semaines, il est devenu évident que ni les alliances de gauche, ni les alliances centristes, ni les alliances de droite ne sont capables de gouverner efficacement la nation ou de répondre à ses besoins les plus fondamentaux. Ce chaos a le potentiel de provoquer une transformation profonde qui se répercutera bien au-delà des frontières de l'Allemagne.
La coalition de gauche entre les Sociaux-démocrates, le Parti libéral-démocrate et les Verts a éclaté à la suite d'un débat sur le financement qui impliquait une augmentation des dépenses militaires le 6 novembre 2024. Les désaccords entre les partis étaient si insurmontables que le chancelier allemand a renvoyé son ministre des Finances, brisant ainsi la coalition déjà fragilisée. Cependant, il est illusoire d'espérer que les élections prévues pour le 23 février apporteront une stabilité quelconque. En fait, les événements de la semaine dernière ont montré qu'un chaos bien plus grand risque d'éclater.
Au cours de l'année écoulée, des citoyens allemands, dont des enfants en bas âge, ont été sauvagement assassinés par des migrants criminels qui ont profité de la culture accueillante de l'Allemagne. Après qu'un enfant de deux ans a été poignardé à mort le 22 janvier, l'Union chrétienne-démocrate (CDU) a voulu démontrer qu'elle avait la volonté de s'attaquer directement à la crise. Mais ce qui a suivi a prouvé que les politiciens sont incapables de se mettre d'accord.
Le 29 janvier, Friedrich Merz, leader de la CDU et candidat populaire à la chancellerie, a proposé au Bundestag une motion non contraignante visant à renforcer les lois sur l'immigration et l'asile. Sachant que les partis au gouvernement (Verts et Sociaux-démocrates) s'y opposeraient, Merz s'est appuyé sur les voix du Parti libéral-démocrate et de l'Alternative für Deutschland (AfD). Puisque L'AfD est considéré comme un parti d'extrême droite composé de sympathisants nazis, il a ajouté un paragraphe condamnant l'extrémisme et distançant la proposition de toute idéologie associée à l'AfD.
L'AfD, qui prétend faire primer les mesures politiques sur les factions internes, a voté en faveur de la motion anti-migration, marquant ainsi la première fois que la CDU et l'AfD ont ouvertement travaillé ensemble. Cela a provoqué une réaction négative de la part des partis adverses, et même dans les rangs du parti de M. Merz. La proposition a peu de chances de devenir une loi car elle ne bénéficie pas du soutien nécessaire au-delà du vote initial.
Le 31 janvier, M. Merz a présenté un projet de loi pour limiter l'afflux des migrants, visant à circonscrire les possibilités dont disposent les migrants pour faire venir leurs proches en Allemagne. Bien que l'AfD ait également soutenu cette législation, le projet de loi a finalement échoué, le parlement l'ayant rejeté par une faible marge de 350 voix contre 338. Les répercussions du vote précédent et d'un débat houleux ont fait des ravages, poussant certains à retirer leur soutien au dernier moment.
La CDU n'a pas été en mesure de tenir ses promesses de réduire l'immigration en travaillant avec d'autres partis traditionnels, mais de nouvelles majorités parlementaires et un parti d'extrême droite renforcé pourraient permettre de concrétiser ces promesses. Merz continue toutefois d'exclure une coalition avec l'AfD, et la plupart des Allemands sont d'accord avec lui sur ce point. En fait, des milliers de personnes ont manifesté lorsque son parti s'est mis d'accord sur ce projet de loi avec l'AfD.
Or, l'impasse politique renforce l'extrême droite, sape la confiance dans la démocratie et augmente la probabilité que les agitateurs prennent les choses en main. L'Allemagne est en train de devenir ingouvernable et indisciplinée.
Plus ces problèmes perdurent, plus la frustration et la polarisation augmentent au sein de la population allemande. Nous tirons notre avertissement de l'histoire.
Rolf Mützenich, membre éminent du Parti social-démocrate, a accusé Merz d'ouvrir « les portes de l'enfer ». Il a fait remarquer que la République de Weimar des années 1920, qui a conduit à l'ascension d'Adolf Hitler, a échoué en raison d'un « manque d'unité de la part des démocrates » et « parce que la pensée autoritaire n'avait jamais complètement disparu ».
Cela pourrait-il se produire à nouveau ?
L'histoire a prouvé à maintes reprises que l'humanité n'est pas à l'abri de répéter les atrocités de ses ancêtres. L'instabilité a entraîné la montée de dirigeants autoritaires et transformé le peuple allemand en guerriers sauvages et brutaux. La Bible nous avertit que les conditions actuelles conduiront à l'ascension d'un autre leader trompeur et destructeur.
Comme nous l'expliquons dans L'Allemagne et Saint Empire romain, le 17e chapitre de l'Apocalypse prophétise l'avènement de sept dictateurs successifs (verset 10). Le sixième était Adolf Hitler. Le septième est sur le point de régner sur dix rois subordonnés juste avant le retour de Jésus-Christ (versets 13 à 14). Ce chapitre révèle que le dernier souverain s'élèvera à peu près de la même manière que le sixième.
Nous voyons cela dans une autre prophétie du temps de la fin, dans le 11e chapitre de Daniel. « Un homme méprisé prendra sa place, sans être revêtu de la dignité royale ; il paraîtra au milieu de la paix, et s'emparera du royaume par l'intrigue » (verset 21). Le rédacteur en chef de la Trompette, Gerald Flurry, a écrit ce qui suit dans notre numéro de juin 2000 :
Cette personne ignoble, méprisable et détestable arrivera au pouvoir de la même manière que Hitler. Ce dernier était caporal dans l'armée pendant la Première Guerre mondiale. Il n'avait pas d'antécédents royaux ou nobles. Mais il gagna de plus en plus d'influence auprès du peuple et accéda au pouvoir par la force brute.
Ce vil personnage obtient le royaume « par des flatteries » (traduction Darby française). Lorsque c'est possible, il se sert des flatteries pour accéder au pouvoir. Il profite également de la droitisation des Européens.
Tout comme Hitler, ce dirigeant du temps de la fin n'émergera pas sous des conditions ordinaires. La crise politique précaire en Allemagne et en Europe doit être surveillée de près.