LA TROMPETTE
Coudées salomoniques
Dans ses analyses détaillées des portes de Guézer, Megiddo et Hatsor (publiées en partie dans son article de 1986 intitulé « The Design of the Royal Gates at Megiddo, Hazor and Gezer » [La conception des portes royales à Megiddo, Hatsor et Guézer]), le géomètre David Milson a déduit qu’outre la nature parallèle de ces structures, les ingénieurs qui les ont construites ont utilisé comme norme la coudée royale égyptienne, ou « longue coudée » (environ 0,524 mètre).
Milson a déterminé cela en comparant la largeur des passages d’entrée des trois portes. Elles mesuraient toutes précisément 4,2 mètres. Il s’avère que cela correspond exactement à huit longueurs d’une coudée royale égyptienne, soit 0,525 mètre. Nous connaissons la longueur exacte d’une coudée royale grâce à plusieurs découvertes archéologiques. La « coudée de Maya », une coudée gravée découverte à Saqqarah, Memphis, au début des années 1800, est particulièrement remarquable. Cette règle à mesurer, qui date de la 18e dynastie égyptienne (le 14e siècle avant J.-C.), est actuellement archivée au Musée du Louvre à Paris (Louvre N1538). Le fait que cette mesure égyptienne date de la 18e dynastie est intéressant étant donné qu’il s’agit de la dynastie égyptienne de l’Exode.
On trouve de nombreuses références aux mesures de coudées dans la Bible. Il existe deux coudées principales : une « longue » et une « courte ». La « coudée courte » correspond généralement à la distance entre le coude et le bout du majeur, autrement dit à six « mains ». Comme le montrent les découvertes archéologiques, cette mesure standardisée est de 0,44/0,45 mètres. La « coudée longue », ou coudée royale égyptienne, est définie comme une coudée courte « plus une main », soit sept mains (standardisée à 0,524/0,525 mètres).
Il existe plusieurs références bibliques intéressantes à ces coudées « courtes » et « longues ». La coudée « courte » a manifestement été utilisée principalement au cours des périodes monarchiques ultérieures. Le tunnel d’Ézéchias (8e siècle avant J.-C.) en est un bon exemple : l’inscription de Siloé indique que la longueur du tunnel a été réduite à « 1 200 coudées ». En divisant la longueur connue du tunnel (533,31 mètres) par 1 200, on obtient 0,44—la mesure exacte de la coudée courte. De plus, même la taille du panneau d’inscription de Siloé (0,66 mètre) et d’autres inscriptions funéraires contemporaines (1,32 mètre) sont des multiples précis de cette coudée courte de 0,44 mètre.
2 Chroniques 3 : 3—un passage tardif traditionnellement attribué à Esdras au cours du cinquième siècle avant notre ère—décrit la construction du temple de Salomon avec des « coudées de l’ancienne mesure », traduites par « la première mesure » dans la version King James. Esdras fait manifestement référence à de longues coudées, par opposition à la mesure « courte » standard à l’époque de la rédaction. De même, le livre d’Ézéchiel, écrit au sixième siècle avant J.-C., indique clairement que le temple prophétisé serait construit selon la mesure de la coudée longue—« ayant chacune une coudée et une paume » version Darby, ou la coudée royale longue de sept mains, la même que celle utilisée pour le temple de Salomon (Ézéchiel 40 : 5 ; voir aussi 43 : 13—« la coudée est une coudée et une paume »).
Il est clair que les exemples de 2 Chroniques 3 et d’Ézéchiel montrent que ces mesures en coudées s’écartaient de la norme à l’époque de la rédaction, d’où la nécessité de les préciser. La même chose est vraie à l’autre bout du spectre temporel, dans l’Israël primitif. Deutéronome 3, par exemple, rapporte la taille énorme du lit du géant Og. Le verset 11 dit que « Sa longueur est de neuf coudées, et sa largeur de quatre coudées, en coudées d’homme. » Il devait s’agir de la coudée courte, la longueur du bras d’un homme du coude au bout du doigt—une mesure qui pouvait être utilisée plus facilement et plus rapidement pour mesurer des objets banals. Il est intéressant de noter, d’autre part, que dans les mesures détaillées données pour le tabernacle (Exode 25 à 31) et, plus tard, pour le temple de Salomon (dans 1 Rois 6 et 7), aucune spécification n’est donnée dans ces premiers récits pour la longueur de la coudée (contrairement aux textes ultérieurs mentionnés ci-dessus). Cela doit s’expliquer par le fait que la coudée longue était déjà la norme utilisée à l’époque.
La découverte de Milson, selon laquelle les portes de Salomon ont été construites en utilisant la coudée « longue », correspond donc remarquablement au récit biblique. Il est évident qu’il s’agit de la mesure même utilisée par Salomon pendant son règne—une « ancienne mesure » qui, à sa manière, atteste de l’ancienneté de ces structures.