La reine Elizabeth II et le duc d’Édimbourg, le 2 juin 1953. [KEYSTONE/HULTON ARCHIVE/GETTY IMAGES]
Ce que la reine signifiait pour un jeune homme à l’autre bout du monde
Le 8 septembre a commencé comme un jour mémorable pour moi. J’ai eu 25 ans. J’ai toujours pensé que l’âge de 25 ans était la dernière étape pour qu'un garçon devienne un homme, et ma tête nageait dans les pensées de ce que ce nouvel « insigne de maturité » signifierait pour moi. Puis j’ai reçu des nouvelles encore plus importantes en provenance de quelques heures au nord, en Écosse. Sa Majesté la reine Elizabeth II était décédée au château de Balmoral, son domaine dans les Hautes Terres d’Écosse.
Cela m’a fait penser à une citation d’un autre monarque célèbre de l’histoire. Le roi Salomon a écrit dans Ecclésiaste 7 : « Une bonne réputation vaut mieux que le bon parfum, et le jour de la mort que le jour de la naissance » (verset 1). Tout le monde change d’âge une fois par an. Il n’y a rien de remarquable à cela. Mais la mort d’une figure aussi emblématique que la reine Elizabeth est un jour à retenir.
La reine avait 96 ans et venait de fêter ses 70 ans sur le trône. Sa mort n’était pas quelque chose à laquelle les gens ne s’attendaient pas à un moment donné. Mais cela a quand même été un grand choc pour moi—et pour beaucoup d’autres personnes. Elizabeth II était reine lorsque je suis née en 1997. Elle était reine lorsque mon père est né en 1955. Elle a été une constante dans la société britannique—et dans mon cas, canadienne—pendant si longtemps que les choses ne semblent pas tout à fait normales sans elle.
Je vis au Royaume-Uni depuis environ deux ans, mais je suis né sur la côte Pacifique du Canada, à l’autre bout du monde, loin du palais de Buckingham. Ma province natale est peut-être l’ancienne colonie de la Colombie-Britannique, mais je n’ai aucun lien avec les premiers colons britanniques. Les racines de ma famille se trouvent en Europe de l’Est : ma mère est une citoyenne serbe qui a immigré il y a quelques décennies ; mon père est le fils de réfugiés yougoslaves de la Deuxième Guerre mondiale. J’ai grandi en parlant serbo-croate avec ma famille, en mangeant des plats traditionnels et en écoutant de la musique traditionnelle. Dans la ville multiculturelle de Vancouver, beaucoup de gens ont des histoires similaires. Comme tout le monde vient d’ailleurs, il n’y avait pas grand-chose à quoi se raccrocher comme patrimoine national collectif. En un sens, j’ai grandi sans racines—un peu détaché de ma terre natale.
Néanmoins, il y avait une chose à laquelle je pouvais me raccrocher. Il y avait une chose que je pouvais fièrement revendiquer comme mon héritage. Son nom était la reine Élizabeth.
La reine Elizabeth (et maintenant le roi Charles) était souvent appelée la tête de la monarchie britannique. Mais elle n’était pas seulement un monarque britannique. Elle était la reine de 14 autres pays, les royaumes du Commonwealth. Le Canada était l’un de ces pays. Elle était ma reine.
Beaucoup de gens pourraient être surpris de l’importance de la présence de la monarchie au Canada. La reine Élizabeth apparaît sur toutes les pièces de monnaie. Elle apparaît sur notre billet de 20 dollars. Nos autres billets représentent les Premiers ministres qui ont fondé notre pays et nous ont conduits à travers les guerres mondiales. Sa contribution à la société canadienne est considérée comme importante et emblématique.
En Colombie-Britannique, les monuments commémoratifs de la monarchie sont partout. Notre ancienne capitale s’appelait New Westminster, du nom de l’arrondissement londonien où se trouve le palais de Buckingham. Notre capitale actuelle porte le nom du prédécesseur de la reine Elizabeth sur le trône, Victoria. Les noms de certains points d’intérêt à Vancouver—le Parc de la reine Elizabeth, le Théâtre de la reine Elizabeth—montrent à quel point la reine elle-même était populaire.
Les lecteurs de longue date de la Trompette seraient familiers avec le livre du regretté théologien Herbert W. Armstrong, Les Anglo-Saxons selon la prophétie (demandez votre copie gratuite si vous ne l’avez pas fait). En comparant l’histoire biblique et séculaire, M. Armstrong a prouvé que les peuples anglophones descendent des tribus perdues de l’ancien Israël. L’Angleterre descend spécifiquement d’Éphraïm—une tribu à laquelle Dieu fit de grandes promesses. Dieu promit au patriarche Abraham qu’Il ferait de ses descendants, le peuple d’Israël, « une grande nation » (Genèse 12 : 2). Éphraïm allait devenir un peuple « plus grand » que les autres tribus. Son destin était de devenir « une multitude [ou un Commonwealth] de nations » (Genèse 48 : 19). Cette destinée s’accomplit lors de l’essor de l’Empire britannique au 19e siècle. L’Empire était le plus grand que l’homme ait jamais vu—et le Canada était l’une de ses plus importantes colonies. Il fut le premier à obtenir le statut de dominion—de l’autonomie sous la couronne.
La monarchie trouve ses racines dans David, le plus grand roi d’Israël. Dieu promit à David que son trône règnerait sur Israël sans fin (2 Samuel 7 : 12-16). La monarchie britannique et canadienne est l’accomplissement de cette promesse. L’héritage de la monarchie est l’héritage de Dieu. L’héritage du Canada est l’héritage de Dieu.
La mort de la reine Élizabeth a signifié quelque chose de personnel pour moi. Lorsque j’étais très jeune, la reine m’a fait un cadeau. C’est un cadeau auquel je me suis accroché et que j’ai chéri toutes ces années plus tard. Et c’est un cadeau que je refuse d’abandonner.
Ma naissance sur le sol canadien a automatiquement fait de moi un citoyen canadien. Elle a fait de moi un sujet de Sa Majesté, qui règne également sur les autres pays éphraïmites que sont la Grande-Bretagne, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Mon passeport indique : « Le ministre des Affaires étrangères du Canada demande, au nom de Sa Majesté la Reine, à tous ceux qu’il peut concerner, de laisser passer librement le porteur. […] Le titulaire de ce passeport est un citoyen canadien. » La photo de mon passeport se trouve à côté de nos armoiries royales.
Le fait d’être né sujet de la Reine a fait de moi un Éphraïmite honoraire. Cela m’a donné un lien avec le grand héritage que représentent l’Empire britannique et la monarchie. Cet héritage, je le chéris. Et je remercie Sa Majesté de m’avoir donné cet héritage.
« En un temps record, l’Empire britannique se répandit sur tout le globe, à tel point que l’on disait : ‘Le soleil ne se couche jamais sur l’Empire britannique’ », a écrit M. Armstrong dans Les Anglo-Saxons selon la prophétie. « Le Canada, l’Australie et l’Afrique du Sud reçurent des statuts coloniaux—ce qui leur permit de se gouverner librement, comme des nations indépendantes avec des gouvernements indépendants de l’Angleterre—une multitude de nations unies, pas par un gouvernement légal, mais uniquement par le trône de David ! »
Que vous soyez à Melbourne ou à Montréal, à Gibraltar ou en Jamaïque, en Irlande du Nord ou en Nouvelle-Zélande, vous pouviez revendiquer la Reine et son trône comme votre patrimoine. Et vous pouviez faire partie d’une fraternité spéciale avec tous ses sujets du monde entier. Je suis né dans cette fraternité spéciale et je ne l’ai jamais, jamais regretté.
La Reine a rendu l’amour que ses sujets canadiens avaient pour elle. En 2010, lors de sa dernière visite au Canada, elle déclara à l’ancien Premier ministre Stephen Harper que sa mère « a dit un jour que ce pays était comme un deuxième chez-soi pour la Reine du Canada. Monsieur le Premier ministre, j’ai le plaisir de vous annoncer que c’est toujours le cas. » À l’annonce de son décès, M. Harper a déclaré que la Reine « aimait le Canada de tout son cœur et était vraiment l’une des nôtres ».
L’actuel Premier ministre, Justin Trudeau, était à Vancouver lorsque la nouvelle de son décès a été annoncée. Dans son discours, un Trudeau visiblement ému a parlé de la façon dont la Reine « avait manifestement une affection et un amour profonds et constants pour les Canadiens ». Il a ajouté qu’elle « était l’une de mes personnes préférées au monde entier, et elle me manquera énormément ».
Il y a beaucoup de choses dans la politique de M. Trudeau avec lesquelles je ne suis pas d’accord. Mais s’il y avait un moment pour les Canadiens de toutes les affiliations d’oublier les problèmes politiques et de s’unir, ce serait maintenant. Je pleure moi aussi la mort de « l’une de mes personnes préférées au monde ». Pour des raisons bien différentes de celles de M. Trudeau, j’en suis sûr. Mais je mets néanmoins en berne le drapeau canadien de mon cœur. Je suis sûr que les Canadiens d’un océan à l’autre ressentent la même chose.
Votre Majesté, vous allez nous manquer.