Attention à notre culture du présent

Whitney Houston veut danser avec quelqu’un. J’ai sans doute entendu ses appels des centaines de fois au cours de ma vie, bien que je n'aie jamais possédé un album de Whitney Houston ou assisté à un concert de Whitney Houston. Il existe de nombreux artistes dont les chansons me sont très familières, bien que je fasse plus d'efforts pour ne pas les entendre que pour les entendre.

Nous vivons dans une société avec une « culture du présent » agressive. C’est le terme créé par Mark Steyn pour décrire plus exactement la « culture populaire » aujourd’hui. Au fil des années, l’histoire et la culture significatives de notre passé s’effacent dans l’oubli.

« Une éducation classique considère la société comme une sorte d'iceberg, et vous enseigne les sept huitièmes sous la surface », a écrit Steyn dans une rétrospective de 30 ans sur The Closing of the American Mind [La fermeture de l'esprit américain] d'Allan Bloom. « Aujourd'hui, nous vivons sur le huitième de la surface et nous nous baladons dans le flottement de l'ici et du maintenant. Et sans les sept huitièmes sous l'eau, ce qui reste sur la surface devient de plus en plus mince. »

C'est une métaphore étonnante de l'état de notre culture : se laisser porter par le flottement de l'ici et du maintenant, incapable de voir son héritage gelé sous les eaux glacées.

Bloom a écrit : « La musique classique est désormais un goût particulier comme la langue grecque ou l'archéologie précolombienne, et non une culture commune de communication réciproque et de sténographie psychologique. »

Dans un article de fond publié le 9 janvier 2020 sur theTrumpet.com, l'auteur Joel Hilliker a expliqué l'intrigue de base d'Othello. Au lieu de présumer que son audience était déjà familière avec l'intrigue de l'une des pièces les plus célèbres de Shakespeare, il a été obligé de dévoiler ses tournures au lecteur comme des surprises. Pourquoi s'attendrait-on à reconnaître instantanément l'histoire d'Othello ?

Imaginez maintenant qu'il ait comparé la politique américaine actuelle à Star Wars [La guerre des étoiles]. Nous pourrions certainement nous attendre à une reconnaissance immédiate de cette histoire et de ses personnages. Lorsque tout le monde connaît l'histoire, la communication réciproque et la sténographie psychologique se font naturellement.

Les gens n'ont pas d'opinion tranchée sur Richard III, mais il existe des sites web entiers consacrés à l'opinion des gens sur la trilogie Back to the Future [Retour vers le futur]. Une citation de Shakespeare dans une conversation de tous les jours ne fonctionne plus comme sténographie conversationnelle. Mais citer Princess Bride [La Princesse Bouton d’or] fonctionne. Je trouve cela... inconcevable.

Que pouvez-vous faire ? Ne faites pas de la culture de la société votre culture.

Attention à notre culture du présent. Elle ne se soucie pas de l'histoire, de la littérature, de l'art ou des chefs-d'œuvre collectifs de la musique occidentale. Elle s'oppose activement aux statues historiques et à la fondation des États-Unis d'Amérique. Elle n'a aucun intérêt pour la moralité ou la religion.

Voyez comment cette tendance a profondément influencé la musique d'aujourd'hui. « La musique rock est aussi incontestée et irréprochable que l'air que respirent les étudiants, et très peu d'entre eux connaissent la musique classique. ... Rien n'est plus singulier dans cette génération que sa dépendance à la musique », a écrit Bloom à propos des personnes qui, au début des années 1980, avaient moins d'un dixième de l'accès à la musique dont nous disposons aujourd'hui. Malgré notre formidable accès à la musique aujourd'hui, la musique classique représente moins d'un pour cent du nombre total d'écoutes aux États-Unis, selon le service de suivi Alpha Data.

Et si nous rembobinions l'horloge, disons en 1964 ? C'est l'année où les Beatles sont entrés en scène, et la réaction a été épique : « Visuellement, c'est un cauchemar : des costumes dandy edwardiens-beatniks serrés et des cheveux en boudin. Musicalement, ils sont un quasi-désastre... » (Newsweek, 24 février 1964). « La qualité vocale des Beatles peut être décrite comme rauquement incohérente, avec l'énonciation minimale nécessaire pour communiquer les textes schématiques » (New York Times, 10 février 1964). « Le simple fait de penser aux Beatles semble induire une perturbation mentale. Ils ont un numéro banal, plutôt ennuyeux, qui semble à peine mériter d'être mentionné, et pourtant les gens d'ici n'ont pratiquement rien mentionné d'autre depuis deux jours » (Washington Post, 13 février 1964).

Les adultes des médias de l'époque étaient consternés par ces jeunes de 20 ans qui, comme le déclarait John Lennon, pensaient être plus populaires que Jésus-Christ.

En 1980, Herbert W. Armstrong a écrit que les Beatles « ont repris ce qui avait été commencé par Frank Sinatra, lorsque des adolescentes couraient en hurlant, à moitié folles, pour obtenir son autographe. Ce phénomène a été relancé et intensifié par Elvis Presley. Puis les Beatles ont porté le coup fatal de Satan à tout sens public des valeurs sociales dans le monde » (Worldwide News, 22 décembre 1980).

La moralité de la société ne s'est jamais réveillée ! Toute notre culture actuelle s'est développée dans ce climat—au sein d'une société dont le centre moral a été assommé.

Alors, que pouvez-vous faire ? Ne faites pas de la culture de la société votre culture. Lisez la grande littérature qui est si facilement accessible. Étudiez l'histoire. Découvrez la tapisserie de la musique orchestrale occidentale au lieu d'un régime constant d'instruments électroniques amplifiés qui n'existaient pas il y a 100 ans et qui accompagnent des voix rauques et incohérentes chantant des paroles insipides. Ce soir, assis dans vos maisons, ne répondez pas aux appels de Whitney Houston et n'allumez pas une brigade héroïque moderne en spandex sur Netflix. Au lieu de flotter sur les minuscules débris de l'ici et maintenant, envisagez d'exploiter les profondeurs du riche héritage qui est facilement accessible pour vous—et faites-en votre culture du présent.