Des pompiers et des plongeurs sous-marins effectuent des opérations de récupération du bateau le 29 mai 2023 à Sesto Calende, en Italie. [MATTIA OZBOT/GETTY IMAGES]
À quel point le Mossad est-il impliqué dans la guerre en Ukraine ?
Le 28 mai, une tempête inattendue sur le lac Majeur a surpris 23 personnes en train de faire la fête dans un petit bateau. Toutes les personnes, à l’exception du capitaine et de sa femme, faisaient partie ou étaient liées aux services de renseignement italiens et israéliens. Quatre personnes ont été tuées, dont deux italiens et un israélien. La quatrième victime était l’épouse russe du capitaine du bateau, Claudio Carminati. M. Carminati fait l’objet d’une enquête pour homicide par négligence ; son bateau ne pouvait légalement porter que 15 personnes. Apparemment, l’excursion était pour célébrer le succès d’une opération.
Les détails de ce que faisaient les agents restent obscurs. Mais les médias suggèrent que le groupe se mêlait d’une sorte de complot russo-iranien. Iran International a affirmé le 6 juin que « l’opération [était] dirigée contre des accords entre des responsables iraniens et russes visant à fournir des drones pour l’invasion de l’Ukraine par le Président [russe] Vladimir Poutine. » D’autres ont suggéré que les agents espionnaient les oligarques russes qui siphonnaient de l’argent en Suisse ou qu’ils surveillaient les relations commerciales entre l’Iran et l’Italie. Compte tenu de l’implication d’Israël, il est très probable que l’affaire concerne l’Iran d’une manière ou d’une autre.
Les médias italiens ont identifié la victime israélienne comme étant Erez Shimoni. Il pourrait s’agir d’un pseudonyme ; les autorités israéliennes n’ont pas encore confirmé son identité. Mais le bureau du Premier ministre israélien a publié la déclaration suivante le 31 mai :
Le cercueil du retraité du Mossad qui a trouvé la mort dans une tragédie nautique, due au mauvais temps, sur le lac Majeur, dans le nord de l’Italie, est arrivé en Israël ce matin. En raison de son service au sein de l’agence, aucun autre détail n’est disponible.
Le Mossad a perdu un collègue cher, dévoué et professionnel qui, pendant des décennies, a consacré sa vie à la sécurité de l’État d’Israël, même après sa retraite. Le Mossad déplore cette perte et partage le chagrin de la famille, qu’il continuera de soutenir et d’entourer d’affection.
Le Mossad, le service de renseignement extérieur d’Israël, rend ses comptes directement au premier ministre israélien.
Une grande partie de l’Occident a isolé la Russie par des sanctions et d’autres moyens. Israël fait toutefois figure d’exception. Il a aidé l’Ukraine en acceptant des réfugiés et en proposant des systèmes d’alerte précoce. Mais il s’est efforcé de ne pas trop contrarier la Russie. La Russie a soutenu les frappes israéliennes en Syrie et de nombreux Israéliens ont des origines russes.
Cet exercice d’équilibre n’a pas fonctionné. Les relations entre Israël et la Russie s’enveniment. Mais l’incident en Italie suggère qu’Israël est impliqué dans la guerre en Ukraine bien plus qu’on ne le pense. Il suggère que le Mossad collabore activement avec les services de renseignement européens dans la lutte contre la Russie.
L’Iran est l’élément crucial. L’État paria, bientôt doté de l’arme nucléaire, a juré de rayer Israël de la carte. Israël considère donc naturellement toute avancée militaire de l’Iran comme une menace existentielle. L’Iran, quant à lui, a également aidé la Russie dans la guerre en Ukraine. La Russie s’est notamment appuyée sur les drones kamikazes iraniens. Cela signifie que faire du mal à la Russie revient presque à en faire aussi à l’Iran. Une grande partie de l’Europe, quant à elle, considère la guerre menée par la Russie comme sa propre crise existentielle et cherche des alliés. Selon toute vraisemblance, Israël n’aiderait pas l’Europe de la sorte si ce n’était en raison de l’Iran.
L’accident sur le lac Majeur n’est qu’une seule tragédie. À première vue, il ne semble pas avoir une grande importance géopolitique. Mais le Mossad est l’une des agences de renseignement les plus compétentes et les plus secrètes au monde. L’Italie est une arène mineure dans la guerre d’Ukraine. Pourtant, les quelques détails que nous pouvons glaner suggèrent que la collaboration entre Israël et l’Italie était étendue.
L’équipe était assez considérable. Israël était sur le terrain pour quelque chose que l’Italie aurait probablement pu gérer seule. Et ce qui se passait était tellement secret que, dans la hâte de ramener les agents du Mossad à Tel Aviv, les Israéliens n’ont même pas pris la peine de rendre leurs voitures de location.
Si le Mossad effectue ce type de travail en Italie, que fait-il dans les pays européens qui sont beaucoup plus proches du point zéro du conflit ? Dans quelle mesure collabore-t-il avec des pays comme la Pologne et les États baltes, qui craignent beaucoup plus la Russie que les pays d’Europe occidentale et qui seraient incités à tendre la main à des pays comme Israël ? Ce type de travail conjoint en matière de renseignement a-t-il lieu au niveau européen ? Et à quel point Israël a-t-il dû dévoiler son dispositif de renseignement pour que cette coopération ait lieu ?
Il y a beaucoup de choses que nous ne pouvons pas voir. Le Mossad est très doué pour dissimuler ses activités aux yeux du public. Mais l’incident italien montre à quel point Israël prend au sérieux l’implication de l’Iran en Ukraine et à quel point il est prêt à coopérer avec l’Europe pour contrer l’Iran. On peut être certain qu’il ne s’agit pas de la seule opération d’envergure du Mossad contre l’Iran avec l’aide de l’Europe. Israël et l’Europe coopèrent en permanence en matière de sécurité. Mais la guerre en Ukraine—et l’implication de l’Iran dans cette guerre—est un prétexte pour porter cette coopération à de nouveaux niveaux.
Pour des raisons évidentes, les services de renseignement partagent très peu ce qu’ils savent. Une coopération étroite est le signe d’un certain degré de confiance, car l’autre côté sait désormais qui sont les agents de l’autre, où et comment ils opèrent, et ce qui les intéresse le plus. Collaborer avec d’autres agences signifie généralement montrer au moins quelques cartes.
L’accident du lac suggère que l’Europe est une entité en laquelle le Mossad a confiance pour montrer ses cartes. Personne ne sait combien de cartes ont déjà été vues.
Mais si l’on considère que l’Europe a été, il n’y a pas si longtemps, le théâtre de l’Holocauste, que l’Italie est actuellement dirigée par l’héritière de l’ancien parti fasciste de Mussolini, que l’Union européenne finance des groupes affiliés au terrorisme palestinien et que l’Europe est toujours en proie à un antisémitisme d’un niveau alarmant, on peut se demander si la confiance d’Israël dans l’Europe n’est pas, au mieux, un peu naïve.
Une prophétie d’Ézéchiel 23 décrit l’État d’Israël sous le nom féminin poétique de « Oholiba » (verset 4). La prophétie dépeint Israël comme une femme adultère qui trahit son mari (Dieu) et cherche des « amants » étrangers. Les versets 11 à 21 précisent qu’elle a courtisé « les enfants de l’Assyrie » et les « enfants de Babylone, de la Chaldée ». Cette « histoire d’amour » se manifeste par des relations intimes et de confiance. Comme de profondes relations militaires et de renseignement.
La prophétie n’a pas de sens si l’on ne connaît pas l’identité moderne de ces noms anciens. Dans son livre Les Anglo-Saxons selon la prophétie, le théologien Herbert W. Armstrong, aujourd’hui décédé, a écrit :
Les Assyriens—avant l’an 604—avaient quitté leur territoire au nord de Babylone et émigrèrent vers le nord-ouest—en passant par les pays connus aujourd’hui sous le nom d’Ukraine, de Pologne et de Géorgie, pour s’installer, tout compte fait, dans le pays connu de nos jours sous le nom d’Allemagne. Aujourd’hui, les descendants du peuple assyrien sont les Allemands. [...] Et où se trouvent à présent les descendants des anciens Babyloniens—les Chaldéens ? Les anciens Babyloniens émigrèrent vers l’ouest et s’installèrent en Italie.
Le rédacteur en chef de la Trompette, Gerald Flurry, a écrit pour notre numéro imprimé d’octobre 2014 :
Dieu a établi cette nation pour les Juifs en 1948 et l’a soutenue pendant de nombreuses années, mais ils s’attirent des problèmes de plus en plus graves. Dieu est très contrarié par cette situation. Il ordonne à Son peuple d’avertir Juda et Israël de leurs péchés et des conséquences qu’ils entraîneront.
Les versets 16 et 17 évoquent d’autres amants de ces deux sœurs—non seulement l’Assyrie, mais aussi la Chaldée et les Babyloniens. Bien que ces deux peuples aient été différents de l’Assyrie dans le passé, l’amant babylonien d’aujourd’hui est de mèche avec l’Assyrie.
La prophétie d’Ézéchiel en montre l’aboutissement : « C’est pourquoi, Oholiba, ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Voici, j’excite contre toi tes amants, ceux dont ton cœur s’est détaché, et je les amène de toutes parts contre toi ; les enfants de Babylone et tous les Chaldéens [...] et tous les enfants de l’Assyrie avec eux [...] Ils marchent contre toi avec des armes, des chars et des roues [« armes, chars et chariots », selon la Bible Amplifiée], et une multitude de peuples ; avec le grand bouclier et le petit bouclier, avec les casques, ils s’avancent de toutes parts contre toi. Je leur remets le jugement, et ils te jugeront selon leurs lois » (Ézéchiel 23 : 22-24).
Israël dévoile son dispositif de renseignement aux yeux des Européens, à ses risques et périls.
Pour en savoir plus, veuillez lire notre brochure gratuite intitulée Jérusalem selon la prophétie.