Le transfert du territoire de la Louisiane à la Nouvelle-Orléans, 1803. [ GETTY IMAGES, WIKIMEDIA COMMONS]
220 ans depuis la plus grande opération immobilière au monde
« Tous les yeux—tous les espoirs—sont maintenant fixés sur vous. » C’est le dernier avertissement que le Président des États-Unis, Thomas Jefferson, adresse à James Monroe, envoyé spécial en France en 1803. L’avenir du territoire de la Louisiane était en jeu. L’empereur français Napoléon Bonaparte venait de reprendre le contrôle de la région à l’Espagne et nourrissait l’ambition d’étendre l’empire français au Nouveau Monde.
Ce qui s’est passé ensuite en 1803 est peut-être le moment le plus important de l’histoire américaine depuis la naissance de la république. Lorsque l’on étudie l’histoire de l’achat de la Louisiane, il est évident qu’aucun individu ou acte de génie n’est à l’origine de ce qui s’est passé il y a 220 ans. Une série d’événements indépendants de la volonté des hommes a ouvert la voie au destin de l’Amérique en tant que plus grande nation de tous les temps.
Le cadeau d’un tyran
Au début du 19e siècle, la plupart des gens auraient dit que la France allait être la puissance dominante pour les cent années à venir. Napoléon Bonaparte conquerrait l’Europe par des campagnes fulgurantes et contrôlait d’impressionnants territoires à l’étranger. En 1801, Napoléon a contraint le roi Charles IV d’Espagne à céder le territoire de la Louisiane à la France par le traité de San Ildefonso. Bonaparte avait l’intention de construire un empire dans le Nouveau Monde à partir d’Haïti.
Cette tournure des événements était très déconcertante pour le Président Jefferson. Il craignait que les Français ne bloquent l’accès de l’Amérique au fleuve Mississippi. Le traité précédent avec l’Espagne garantissait le libre droit d’utilisation à l’Amérique et à la Grande-Bretagne. « Il existe sur le globe un seul endroit dont le possesseur est notre ennemi naturel et habituel », a écrit Jefferson. « Il s’agit de la Nouvelle-Orléans, par laquelle les produits des trois huitièmes de notre territoire doivent passer pour être commercialisés. » Mais le point de vue de Jefferson sur le fleuve Mississippi allait au-delà du commerce.
« Il avait une vision de l’Amérique comme un empire de liberté. Et il considérait le fleuve Mississippi non pas comme la limite occidentale du pays, mais comme la grande colonne vertébrale qui tiendrait le continent ensemble », a déclaré Douglas Brinkley, directeur du Centre Eisenhower d’études américaines à la Nouvelle-Orléans.
Jefferson chargea le ministre américain à Paris, Robert R. Livingston, d’essayer d’empêcher la conclusion de l’accord ou, en cas d’échec, de négocier l’achat de la Nouvelle-Orléans. Pendant près d’un an, Livingston a mené des pourparlers infructueux avec l’astucieux ministre des Affaires étrangères de Napoléon, Charles Maurice de Talleyrand.
Tandis que Talleyrand s’employait à retarder les efforts américains, les plans militaires de la France pour le territoire de la Louisiane tombaient à l’eau pour des raisons indépendantes de la volonté des hommes. Le joyau de la stratégie de Napoléon était de garder le contrôle de Saint Domingue (l’actuelle Haïti). Or, la garnison de l’île a soudainement été décimée par la fièvre jaune, et une révolte sur l’île a compromis le contrôle français. Napoléon considérait le territoire de la Louisiane comme accessoire par rapport à Saint Domingue, mais prévoyait d’envoyer une importante présence militaire à la Nouvelle-Orléans. Cependant, avant que l’expédition ne puisse partir en janvier 1803, le port a été bloqué par les glaces.
Ces revers ont fait changer d’avis Napoléon au moment même où il essayait de lever des fonds pour sa prochaine guerre contre la Grande-Bretagne. Ignorant ces revers, le Président Jefferson a demandé à James Monroe de se rendre en France en tant que ministre plénipotentiaire afin de négocier l’achat de la Nouvelle-Orléans pour un montant pouvant atteindre 9 375 000 dollars. Cependant, lorsque Monroe est arrivé en avril 1803, Napoléon avait décidé de vendre l’ensemble du territoire de la Louisiane aux États-Unis. En quelques semaines, les détails de la vente ont été réglés.
Les négociations ont été un événement curieux : ni Monroe ni Livingston n’étaient habilités à conclure un tel accord avec une puissance étrangère, le traité qui en résulta était si vague que l’on ne savait pas exactement ce que la France offrait, et les États-Unis n’avaient pas assez d’argent pour le prix convenu. Pourtant, tous ces détails ont été résolus.
La France avait initialement demandé 22,5 millions de dollars. L’Amérique a fait une contre-offre à 8 millions de dollars. Pourtant 15 millions de dollars était le montant le plus bas que la France accepterait. Ce montant a été le prix final de l’accord. Le traité a été signé le 2 mai. L’achat a été annoncé le 3 juillet, un jour avant le Jour de l’Indépendance.
Le Président Jefferson fût stupéfait par la tournure des événements et doutait de la légalité de l’accord en raison de contraintes constitutionnelles. Le Sénat approuva cependant le traité. Le département du Trésor américain n’avait pas les moyens de payer les 15 millions de dollars. « Mais l’ingénieux Barbé-Marbois avait une solution pour cela aussi », a écrit Joseph Harriss dans le Smithsonian Magazine [magazine Smithsonian]. « Il avait des contacts à la banque britannique Baring & Co. qui accepta, avec plusieurs autres banques, d’effectuer l’achat et de payer Napoléon en liquide. La banque a ensuite cédé la propriété du territoire de la Louisiane aux États-Unis en échange d’obligations, remboursées sur 15 ans à un taux d’intérêt de 6 pour cent, ce qui a fait que le prix d’achat final s’éleva à environ 27 millions de dollars. »
Bien que l’accord initial ait été conclu rapidement, il a fallu plus d’un an pour obtenir l’approbation du Congrès et mener à bien les négociations financières. Il en est résulté la plus grande opération immobilière de l’histoire.
« Nous avons vécu longtemps, mais c’est l’œuvre la plus noble de toute notre vie », a écrit Livingston. « À partir de ce jour, les États-Unis prennent place parmi les puissances de premier rang. »
Un accord qui change le monde
Qu’est-ce que les États-Unis ont acquis avec l’achat de la Louisiane ?
Le territoire s’étendait sur 2,1 millions de kilomètres carrés, soit 21,4 millions d’hectares, doublant ainsi la superficie de l’Amérique. Le puissant fleuve Mississippi, qui relie 31 États, fait partie de ce territoire gigantesque. Au fil du temps, ce fleuve est devenu la clé de la puissance industrielle de l’Amérique. Le territoire contient également certaines des meilleures terres agricoles au monde et est riche en minerais.
Quelle était donc la qualité de l’opération ? David Howden, du Mises Institute, a analysé l’achat de la Louisiane dans le contexte de la valeur monétaire actuelle en 2014 : les 15 millions de dollars de 1803 sont comparables à 729 millions de dollars. Aujourd’hui, environ un demi-hectare de terre dans le Nebraska coûte 7 000 dollars. « Le gouvernement des États-Unis a acheté environ 53 millions d’acres [21,4 millions d’hectares] en 1803 pour le même prix que 100 000 acres [40 468 d’hectares] de terres agricoles du Nebraska coûteraient aujourd’hui », a écrit M. Howden. La région de l’achat de la Louisiane contribue chaque année à hauteur de 1 700 milliards de dollars au produit intérieur brut du pays.
Cependant, une grande partie de cette valeur ne peut être quantifiée par des chiffres. La valeur stratégique du fleuve Mississippi le rend inestimable pour les États-Unis, et le moment de l’achat était parfait pour stimuler l’expansion vers l’ouest de la jeune république.
L’achat de la Louisiane a été un événement capital dans l’histoire du monde. « Avec la Déclaration d’indépendance et la Constitution, c’est l’une des trois choses qui ont créé les États-Unis modernes », a écrit Douglas Brinkley.
L’auteur Charles A. Cerami a déclaré : « Si nous n’avions pas fait cet achat, nous aurions perdu la possibilité de devenir une puissance continentale. Cela aurait signifié que nos idées sur la liberté et la démocratie auraient eu moins de poids dans le reste du monde. C’était la clé de notre influence internationale. »
Pourtant, même les statistiques et l’histoire ne peuvent rendre compte de l’ampleur de l’événement. L’achat de la Louisiane était en fait l’accomplissement d’une étonnante prophétie biblique.
Auteur divin
Les véritables origines du rachat de la Louisiane remontent bien au-delà de Napoléon et de Jefferson, au-delà de l’ère de l’exploration, dans le monde antique, à l’époque où un homme nommé Abraham vivait sous des tentes dans le pays de Canaan. Le Dieu de la Bible a promis à cet homme que ses descendants connaîtraient une grande prospérité nationale (Genèse 12 : 1-4 ; 22 : 15-18). Dans Genèse 48 : 19, Dieu a donné cette promesse de droit d’aînesse de bénédictions nationales aux arrière-arrière-petits-fils d’Abraham, Éphraïm et Manassé.
Dans Lévitique 26 : 18, Dieu a averti l’ancien Israël que s’il n’obéissait pas à Ses lois, Il retiendrait cette bénédiction jusqu’à une date ultérieure. C’est exactement ce qui s’est passé. Dieu a retenu ces bénédictions pendant 2520 ans. (Tout ceci est expliqué en détail dans le 10e chapitre du livre de Herbert W. Armstrong, Les Anglo-Saxons selon la prophétie).
Cette période de rétention a commencé en 721 avant J.-C., lorsque Éphraïm, Manassé et d’autres tribus descendant d’Abraham ont été conquises par l’Empire assyrien. Ils se sont perdus dans les pages de l’histoire. Mais que s’est-il passé 2520 ans plus tard ? M. Armstrong a écrit :
En conséquence, à partir de 1800-1803, c’est-à-dire 2520 ans plus tard—Dieu accorda soudainement aux nations héritières du droit d’aînesse—et à elles seulement—une prospérité, une puissance et une grandeur nationale qu’aucune autre nation ou empire n’avaient jamais connues ! [...] En 1804, Londres devint le centre mondial des finances. Les États-Unis, composés au départ de treize États, se sont considérablement agrandis avec l’achat de la Louisiane. Ils se développèrent à une allure vertigineuse pour devenir la nation la plus puissante de tous les temps. Néanmoins, la Grande-Bretagne fut la première à atteindre la grandeur, et juste avant les deux dernières guerres mondiales, elle était le plus grand empire, ou le plus grand groupe de nations, de tous les temps.
Ce furent les bénédictions nationales promises à Éphraïm et à Manassé.
Toutes les forces indépendantes de la volonté de l’homme qui ont conduit Napoléon à vendre cette région ne sont pas le fruit du hasard ou de la chance. Il s’agit plutôt d’une preuve réelle et tangible de l’existence de Dieu et de l’autorité de la Bible.
Pourtant, l’Amérique n’est pas bénie aujourd’hui. Des malédictions la frappent de toutes parts. Seule la Bible peut expliquer une ascension et une chute aussi magnifiques. L’achat de la Louisiane s’est produit exactement au moment prévu par la Bible, et il en va de même pour le déclin de l’Amérique. Toutes ces prophéties bibliques sont clairement expliquées dans Les Anglo-Saxons selon la prophétie.